Antonio Gramsci
La Fabrique, 272 p.
17€
Gramsci en France : une série de contresens. Non, Gramsci n’est pas le « classique » qu’ont instrumentalisé les héritiers italiens et français du marxisme de caserne. Il n’est pas non plus, sur le bord opposé, une pure icône du postmodernisme, limité au rôle de père des subaltern et autres cultural studies. On ne peut pas le réduire aux concepts « gramsciens » toujours cités, toujours les mêmes – hégémonie, intellectuel organique, bloc historique, etc. Il faut dire que Gramsci, si prestigieux qu’il soit, reste difficile à classer, et pas si facile à comprendre : les Cahiers de prison ne sont pas un livre, ce sont des notes rédigées dans les pires conditions, et il est remarquable que cet ensemble qui s’étale sur plus de cinq ans ait tant de cohérence dans sa circularité.
Dans le choix et la présentation des textes, ce livre a pour but de faire comprendre l’actualité de Gramsci, son importance dans la réflexion stratégique, dans la compréhension des crises du capitalisme, dans l’adaptation du marxisme à la crise du mouvement ouvrier et aux luttes anticoloniales, antiracistes, féministes et écologiques.
On y trouvera les raisons qui font aujourd’hui de l’œuvre de Gramsci un outil révolutionnaire essentiel, de l’Argentine à l’Allemagne en passant par l’Inde et l’Angleterre. Pour la France, il était grand temps." (4° de couverture)
Zhang Ling. Trad. du chinois
Belfond, 590 pages, 24.95 €
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Kate Colquhoun. Trad. de l'anglais
Bourgois, 460 pages, 25€
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Inspiré de personnages réels, ce roman retrace le parcours de deux frères issus d'une famile bourgeoise respectable, Homer et Langley Collyer. Cultivés, artistes et surtout excentriques, ils ont après la mort de leurs parents continué à occuper la grande demeure familiale en s'enfermant de plus en plus dans leurs lubies.
Langley, revenu traumatisé de la Grande Guerre, s'adonne à sa passion des collections en tous genres, lesquelles bientôt envahissent la maison jusqu'au plafond. Quant à Homer, pianiste de talent, passionné de musique classique, devenu aveugle à 20 ans, narrateur de cette histoire, il épouse les délires de son aîné. Leur refus du monde se fera de plus en plus virulent : tous volets fermés, ils réduisent peu à peu leur contact avec cette société si décevante jusqu'à ne plus vouloir se raccorder à l'eau et l'électricité.
Bien sûr, ils sont fous mais, en voyant le monde de leur point de vue, en pénétrant dans leur système de pensée, ils deviennent terriblement attachants.
Derrière leur loufoquerie, c'est une grande humanité qui se dévoile.
E.L. Doctorow. Trad. de l'anglais. Actes Sud, 229 pages, 22 €