Craig Johnson. Trad. de l'anglais
Gallmeister, 322 pages, 23.60 €
Voici déjà le troisième volet des aventures de Walter Longmire, shérif du comté d'Absaroka dans le Wyoming. Nous l'avions découvert avec le passionnant Little Bird, puis dans Le camp des morts (tous deux disponibles en format de poche aux éditions Gallmeister). Le voici à nouveau confronté à une enquête bien mystérieuse. En effet, le corps d'une jeune Vietnamienne a été retrouvé au beau milieu d'un champ. La vue de cette femme ravive les souvenirs des années passées par Longmire au Vietnam durant la guerre. Il y avait rencontré une prostituée ressemblant de manière troublante à la victime. Et lorsqu'on découvre sur le cadavre la photo de Longmire en compagnie de cette entraineuse, les rumeurs quant à un possible lien de parenté ne tardent pas à circuler dans le petit comté.
Tash Aw. Trad. de l'anglais
Robert Laffont, 440 pages, 24.95 €
1960. L'Indonésie est en pleine crise. Soekarno, le président de la jeune république indépendante doit faire face à de nombreuses révoltes. Tous les jours la capitale, Jakarta, est le théâtre de manifestations d'étudiants ou de jeunes désoeuvrés. C'est dans ce climat de tension extrême qu'Adam, 16 ans, débarque dans cette grande ville qu'il ne connait pas. Depuis qu'il a été adopté par Karl de Willigen, ils vivent sur une île perdue de l'Indonésie où ils forment un drôle de tandem. Karl de Willigen est hollandais. Né dans la colonie du temps où les Pays-Bas règnaient encore en maître sur cette région de l'Océan Indien, Karl a grandi à Amsterdam, dans la grisaille et le froid. Devenu adulte, il a décidé de retourner dans sa terre natale alors que les anciens colons n'y sont plus les bienvenus.
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Gil Adamson. Trad. de l'anglais (Canada)
Christian Bourgois, 164 pages, 13 €
Hazel, de sa jeune enfance à l'âge adulte, adopte une position d'observatrice pour brosser le portrait de son attachante famille d'excentriques, dont les bizarreries lui inspirent continuellement un sentiment d'"inquiétante étrangeté". Il y a North, le père, avec sa lubie de refaire sans cesse les installations électriques familiales ; la mère, grande, forte, qui claque les portes par trop-plein d'énergie ; ses deux frères, l'un riche et sérieux, l'autre grand affabulateur devant l'éternel, ses grands-parents en dispute continuelle.
Avec un sens du détail inattendu, ce livre fin, drôle, grinçant et tendre, baigne le lecteur dans un fond de tristesse et d'étrangeté.
Marc Crépon
Cerf, collection Passages, 274 p., 34€
« Cet essai est remarquable à plusieurs titres. Son point de départ semble évident, mais il est peu mis en lumière, encore moins approfondi. On constate pourtant aisément une faille majeure dans notre rapport au monde. D'un côté, cette conviction unanime : la solidarité humaine ne souffre aucune exception - toute atrocité, toute douleur, toute offense, où qu'elles soient, exigent soin et secours. De l'autre côté, sans exception aussi, chacun introduit des lignes de partage dans cette universalité affichée, admettant que ce qui se passe ailleurs, au loin, chez les autres, n'ait pas la même gravité qu'ici, chez nous... De cette incohérence à la fois grave et banale, comment peut-on sortir ? Telle est la question que Marc Crépon s'emploie à creuser, en refusant le pacifisme à tous crins, qui n'est qu'un leurre dangereux, tout comme la résignation désabusée qui se borne à légitimer le consentement au meurtre. Les quatre pistes qu'il propose sont des contre-feux plutôt que de vraies issues de secours. Ce sont la révolte sans oeillères, telle qu'Albert Camus la met en lumière, la bonté 'folle' dont parle Vassili Grossman, la critique acerbe qu'incarne Karl Kraus, la honte de ce que l'humain fait à son semblable, telle que l'expriment Kenzaburô Ôé ou Gunther Anders. » écrit Roger Pol-Droit dans le monde du 23 février 2012.