Victor Cohen Hadria
Albin Michel, 458 pages, 24.70 €
Ce livre qui nous plonge dans la Normandie du XIXème siècle est le journal intime du Docteur Le Coeur, médecin de campagne qui observe de son regard lucide mais compatissant, les affres et turpitudes de la condition humaine. Tout au long de ses observations, c'est une formidable galerie de portraits qui se dessine et une abondance d'intrigues qui se croisent. L'auteur réussit la gageure de créer un personnage inoubliable, profondément humain, tout en ménageant adroitement les rebondissements dans un récit magnifiquement écrit, foisonnant et passionnant.
Jean-Baptiste Del Amo
Gallimard, 284 pages, 19.50 €
Ce soir, Louise réunit ses trois enfants et leur famille. A la perspective de ce dîner, le passé, marqué par la forte personnalité d'un père désormais mort, affleure comme des morceaux non résolus de la vie de chacun. Tous ont retenu désirs ou paroles, tous ont vécu des scènes, -un geste osé, une gifle trop forte, le trouble d'une pulsion-, banales pour certains, décisives pour d'autres. Mêlant mouvements d'écritures amples et moments percutants, nostalgie et rancoeur, dans un subtil questionnement de la vie, Del Amo réussit à élargir ces histoires particulières à une histoire, la nôtre, ni trop simple ni trop tragique, juste essentielle.
Michel Houellebecq
Flammarion, 428 pages, 22 €
Même si le personnage Houellebecq agace, force est de reconnaître le coup de plume de l'écrivain. Il sait manier la langue à des fins littéraires et narratives et même avec beaucoup de talent. Dans ce dernier roman, il met en scène un artiste photographe puis peintre du nom de Jed Martin extrêmement bien coté sur le marché de l'art. Houellebecq en profite d'ailleurs pour porter une critique acerbe du monde de l'art ainsi que du petit milieu littéraire parisien représenté par lui-même et Frédéric Beigbeder en personne dans le roman. Tout en restant dans l'intimité de son personnage, il dresse un portrait très critique de la société dans laquelle nous vivons. Avec humour, il imagine sa propre mort : découpé en petites bandes de chair par un serial killer.
Jérôme Ferrari
Actes Sud, 154 pages, 17 €
Le capitaine Degorce, homme attaché aux valeurs de dignité et de respect de l'autre, se retrouve à Alger au service des renseignements, donc chargé de faire parler les suspects. Il y retrouve le lieutenant Andreani, avec lequel il a partagé l'horreur des combats en Indochine et qui lui voue une grande admiration. Mais très vite la vision pessimiste et réaliste d'Andreani s'oppose à l'idéalisme de son supérieur. Ces deux héros se retrouvent ici en bourreaux et doivent faire face à leur propre trahison. J. Ferrari, de sa plume classique et élégante, touche ici à la violence humaine. Où j'ai laissé mon âme est la dissection implacable de la désintégration d'un homme.