Martin Provost
Phébus, 124 pages, 11 €
Chez les Plomeur, on est boucher de père en fils. André, le fils, est convoité par toutes les clientes. On est en pleine première Guerre Mondiale et André fait si bien danser la chair des dames en manque de leurs hommes. L'Armistice ramènant les maris du front, c'est pas moins de sept poupons qui sont tout à coup déposés, sitôt sevrés, au seuil de la boucherie. Fuyant un mari jaloux, André et sa progéniture embarquent sur un bateau pour les Amériques. Mais c'est une île déserte et féérique qu'ils découvrent après une longue errance, où André mène ses troupes d'un instinct paternel et câlin dans une ambiance douce remplie de merveilleux. Ça sent l'amour et ça fait du bien!
Joyce Carol Oates. Trad. de l’anglais.
Philippe Rey, 667 pages, 24 €
Bliss Rampike a beau n’avoir que 6 ans, elle est acclamée par la foule, suivie par les télévisions. Car Bliss est une petite championne de patinage comme l’Amérique en raffole. Sa mère a fait d’elle une poupée qu’elle coiffe, habille, fait travailler. Son père est exaspéré par ce sport devenu obsessionnel. Son frère Skyler est devenu transparent. Et puis le rêve s’effondre. Bliss est retrouvée morte dans la maison familiale. Victime d’une famille névrosée ou d’un pervers amateur de petites princesses surmaquillées ? Même morte Bliss continue à occuper les médias tandis que Skyler tente d’exorciser ses démons en écrivant sa version des faits. Joyce Carol Oates dénonce les excès d’une société où tous les enfants sont sous médicaments, où la réussite économique est le seul moteur, où les médias se jettent sur les histoires sordides.
Marie-Sabine Roger
Le Rouergue, 301 pages, 19 €
Dans une sinistre cité de province, les destinées de trois trentenaires paumés, pour qui l’horizon semble déjà bouché, vont se croiser. Ensemble ils vont s’occuper d’une personne handicapée redonnant ainsi un but à leur existence. Que les amateurs d’Anna Gavalda se réjouissent car voici un roman de la même veine, plein d'humour et d’optimisme, qui montre des êtres déjà abattus par la dureté de la vie reprendre espoir malgré tout. Après La tête en friche que nous avions déjà apprécié, M.-S. Roger signe à nouveau un récit au ton juste qui, tout en captant les désespérances de notre époque, parvient à nous redonner le sourire.
Philip Roth. Trad. de l’américain.
Gallimard, 195 pages, 17.50 €
A dix-neuf ans, Marcus Messner mène une vie harmonieuse et paisible dans le New Jersey jusqu’au jour où son père, soudain inquiet pour ce fils presque adulte, le persécute en le surveillant et en lui annonçant un avenir redoutable. Marcus fuit cette ambiance oppressante en s’inscrivant dans une nouvelle université à des kilomètres de sa ville natale. Indigné par ce père obsessionnel, par la vie de ses compères étudiants, par leur compromis, par le chantage que mène le proviseur ou sa mère, Marcus s’initie au monde, à l’amour, à la sexualité, sans faux-semblants, habité par un violent désir de liberté. Mais la paranoïa et les prévisions à priori irrationnelles de son père vont confirmer leur fatalité et l’enchaînement de décisions et d’actes même minimes vont le conduire à une fin précoce (annoncée dès la page 54!). Chronique à rebours de la vie d’un homme en avance sur son temps, Indignation est une tragédie à l’humour acide où l’on retrouve avec bonheur l’univers, les obsessions, l’écriture de Philip Roth.