Michel Houellebecq
Flammarion, 428 pages, 22 €
Même si le personnage Houellebecq agace, force est de reconnaître le coup de plume de l'écrivain. Il sait manier la langue à des fins littéraires et narratives et même avec beaucoup de talent. Dans ce dernier roman, il met en scène un artiste photographe puis peintre du nom de Jed Martin extrêmement bien coté sur le marché de l'art. Houellebecq en profite d'ailleurs pour porter une critique acerbe du monde de l'art ainsi que du petit milieu littéraire parisien représenté par lui-même et Frédéric Beigbeder en personne dans le roman. Tout en restant dans l'intimité de son personnage, il dresse un portrait très critique de la société dans laquelle nous vivons. Avec humour, il imagine sa propre mort : découpé en petites bandes de chair par un serial killer.
Jérôme Ferrari
Actes Sud, 154 pages, 17 €
Le capitaine Degorce, homme attaché aux valeurs de dignité et de respect de l'autre, se retrouve à Alger au service des renseignements, donc chargé de faire parler les suspects. Il y retrouve le lieutenant Andreani, avec lequel il a partagé l'horreur des combats en Indochine et qui lui voue une grande admiration. Mais très vite la vision pessimiste et réaliste d'Andreani s'oppose à l'idéalisme de son supérieur. Ces deux héros se retrouvent ici en bourreaux et doivent faire face à leur propre trahison. J. Ferrari, de sa plume classique et élégante, touche ici à la violence humaine. Où j'ai laissé mon âme est la dissection implacable de la désintégration d'un homme.
Olivier Adam
L'Olivier, 232 pages, 18 €
Le suicide de son frère Nathan bouleverse profondément Sarah qui porte alors un regard critique sur sa vie d’adulte. Remettant en question ses choix, elle quitte son travail et part au Japon rencontrer un certain Natsume qui a connu son frère dans les derniers moments. Flic à la retraite, Natsume, qui a ramassé des cadavres toute sa vie, a décidé de passer ses nuits en haut de falaises proches de chez lui et d’essayer de décourager les candidats au suicide. Ce beau roman pose un certain nombre de questions : qu’est-ce qui nous pousse à continuer, qu’en est-il de ce fameux «goût de vivre» que certains perdent et comment s’accommode t-on de la disparition d’un être aimé ?
Per Petterson. Trad du norvégien.
Gallimard, 234 pages, 18.50 €
Arvid apprend le départ précipité de sa mère pour son pays natal, le Danemark. Elle se sait atteinte d’un cancer et éprouve la nécessité de renouer avec des lieux qu’elle a quittés quarante ans plus tôt. Sa maladie et son départ impromptu suscitent chez Arvid des interrogations et le besoin impérieux de la rejoindre. Mais est-ce pour elle ou pour lui qu’il la suit ? En revisitant son enfance, ses années de militantisme, la découverte de l’amour, en évoquant ainsi le fleuve du temps, Arvid questionne sa vie et son rapport à cette mère qu’il souhaite tant atteindre. Des paysages, des émotions, des questions naïves et exigeantes, de la pudeur, de l’amour, de l’humour, par l’auteur de Pas facile de voler les chevaux.