Hanne Ørstavik. Trad. du norvégien
Les Allusifs, 144 pages, 14 €
Une mère et son fils de 9 ans, la même nuit, dans la même ville du Grand Nord. Il pense qu'elle fait un gâteau pour son anniversaire à la maison alors qu'elle est sortie à la fête foraine. Elle pense qu'il dort, alors qu'il erre lui aussi dehors. Ils sont tout proches l'un de l'autre. Cette nuit-là pourtant, ils la vivent en parallèle mais de manière tellement différente, éloignée. C'est la nuit des malentendus, des chassés-croisés, de l'incapacité à comprendre les signes que les autres nous envoient. Servi par une écriture sèche et implacable, un roman sous tension qui décrit de façon glaçante l'éloignement des êtres.
Patrick Ben Soussan
Erès, 78 pages, 5 €
Coup de Gueule! Malgré le développement d'une réflexion importante sur l'accueil, l'éducation et le soin des tout-petits, les politiques actuelles, de rentabilité, de peur et de culpabilité (privatisation, déqualification du personnel, dépistage précoce de troubles divers) sont appliquées à la petite enfance et apparaissent régressives. Patrick Ben Soussan qui déjà nous donnait à penser et à agir avec Le livre noir de l'accueil de la petite enfance souhaite, avec ce manifeste, alerter bien sûr, mais aussi stimuler une mobilisation générale des parents et des professionnels de l 'enfance. « Il faut laisser aux enfants leur temps d'enfance, un temps hasardeux, riche d'improbables fortunes et d'ahurissantes métamorphoses. »
Gustav, chef de gare d'une petite ville de province, et sa femme Ruth attendent leur premier enfant. Mais ce qui devait être un grand bonheur tourne au drame. La nuit du 13 décembre 1912, Ruth meurt en donnant naissance à une étrange petite fille. L'enfant est entièrement recouverte de poils. La pharmacienne et le médecin du village se veulent rassurants, d'ici quelques jours cette fourrure aura disparu. Mais les mois passent et rien ne change. Eva est victime d'une maladie extrêmement rare et incurable. Comment vivre avec cette différence ? Comment échapper aux moqueries, aux injures ? A l'école, dans les journaux, auprès des médecins qui viennent l'étudier, Eva n'est rien d'autre qu'un phénomène qu'on cache ou qu'on expose. Erik Fosnes Hansen évoque la différence avec pudeur et sensibilité, dressant le portrait d'une jeune fille qui ne cherche qu'une chose, un peu d'humanité.
Claude Quétel
Gallimard, 185 pages, 49 €
L'historien Claude Quétel, auteur d'Histoire de la folie de l'Antiquité à nos jours (Tallandier, 2009), nous propose cette année un très bel ouvrage sur les représentations de la folie à travers le regard d'artistes européens à diverses époques. Jouant sur l'ambivalence du mot folie - qui peut signifier à la fois absence de sagesse et perte de la raison au sens médical du terme -, les artistes ont de tous temps trouvé dans la folie une source d'inspiration à de pures allégories comme dans La Nef des fous. A la naissance de la psychiatrie, ils ont multiplié les images de la folie en peintures édifiantes. De la représentation de maladies «vedettes» comme l'hystérie, en passant par les figurations de l'antipsychiatrie et en s'achevant par des oeuvres d'art brut, Claude Quétel nous promène à travers une magnifique et terrible histoire des images de la folie, cette maladie toujours aussi mystérieuse et encombrante pour la société.