Marjorie Celone. Trad. de l'anglais
Gallimard, 371 pages, 22.90 €
L'histoire de Shannon commence de très bonne heure, un matin d'hiver. C'est devant les portes encore closes d'un YMCA que sa mère dépose ce petit bébé tremblotant, enveloppé dans un pull crasseux. Heureusement un homme attend déjà devant le centre et prend en charge cette petite vie vacillante. Emmenée à l'hôpital, Shannon se bat et reprend des forces, mais elle restera toujours une "enfant qui a des antécédents et pourrait présenter des besoins particuliers" dans son dossier des services sociaux. Ballotée entre plusieurs familles d'accueil où elle découvre l'amour, la haine, la violence, elle atterrit finalement chez Miranda où elle passera la majeure partie de sa vie.
Nell Freudenberger. Trad. de l'anglais
Quai Voltaire, 430 pages, 23
Après Le dissident chinois (Quai Voltaire, 2010), la très prometteuse Nell Freudenberger revient avec un roman tout en subtilité sur les différences de culture. Dans Les jeunes mariés, elle nous raconte la vie de deux personnages que, de prime abord, tout oppose. Amina, la vingtaine, vit au Bangladesh. Fille unique de parents ruinés par les déboires professionnels du père, elle doit assumer seule le rôle normalement joué par le fils de la famille : assurer le bien-être de ses parents pour leurs vieux jours. Dans un Bangladesh en pleine mutation économique, culturelle et religieuse, elle peine à trouver sa place. George, la quarantaine, habite une banlieue calme de l'Amérique rurale.
Gwendolin Gross. Trad. de l'anglais
Liana Levi, 271 pages, 20 €
Tout semble sourire à la jeune Linsey Hart. Elle habite une belle maison dans une banlieue résidentielle américaine avec sa mère, son beau-père et ses demi-frères. Elle vient de finir le lycée et attend la rentrée avec impatience pour intégrer l'université. Elle passe l'été en alternant un petit boulot d'étudiante et des babysittings pour les voisins qui s'arrachent cette belle adolescente, gentille, ponctuelle et responsable. Elle file le parfait amour avec un jeune garçon de son âge. Pourtant, un matin d'été, Linsey disparaît. Accident, fugue, enlèvement, crime crapuleux ? L'émoi gagne rapidement la petite communauté.
Pour la première fois est proposée, en édition bilingue (latin-français), la totalité des Adages d'Erasme. Ce sont 4151 adages expliqués, commentés, accompagnés des citations latines et grecques ; de « Entre amis, tout est commun. » à « Plus ancien que Japet », Erasme partage ses enthousiasmes, ses découvertes, ses étonnements, en un style léger, proche de la discussion, et bien loin des traités dogmatiques.
C'est à un traité de littérature gréco-romaine que nous convie aussi Erasme, puisque lire les adages, c'est aussi parcourir les auteurs grecs et latins. Entre l'Anatomie de la Mélancolie, de Burton, et les Essais de Montaigne, il y a Les Adages d'Erasme ; un de ces livres sommes qui tentent, ont tenté, de cerner le monde.
« Adage 1019. Mener par le bout du nez
Être mené par le bout du nez signifie être transporté dans une direction qu'on ne choisit pas mais que veut quelqu'un d'autre. L'image est empruntée aux boeufs à qui l'on met un anneau au bout du nez, comme un mors à un cheval, pour les mener où l'on veut. Les chevaux aussi ont une pièce en bois ou en fer enfoncée dans leur nez, ou même dans leur bouche, pour retenir leur fougue. Cet instrument, dit Nonius, est appelé prostomis.
Lucien, dans le Dialogue entre Junon et Jupiter : « Il se montre ton maître dans tous les domaines. Il te fait avancer, te tourne dans tous les sens, en te menant, comme on dit, par le bout du nez ».Le même dans Les Sectes : « Rien n'empêchera le premier venu de te mener par le bout du nez ». « Être mené par la peau du cou » se dit de ceux qui sont forcés de faire quelque chose, qu'ils le veuillent ou non.
Philostrate, dans la Vie d'Héliodore, semble avoir utilisé l'expression « être mené par le menton » avec le même sens : « Mais il l'a conduit au tribunal contre sa volonté, en le menant par le menton ». C'est une image empruntée aux chevaux que les écuyers mènent par la lèvre inférieure, en attendant de mettre la bride. »
Erasme, Les Adages, Belles Lettres, 5 volumes sous coffret, 199 euros.