Christopher Clark. Trad. de l'anglais
Flammarion, 668 pages, 25 €
Le 28 juin 1914, dans Sarajevo écrasée de soleil, un certain Gavrilo Princip se réfugie à l'ombre d'un auvent pour guetter le cortège officiel de l'archiduc François-Ferdinand... Cinq semaines plus tard, le monde plonge dans une guerre qui entraînera la chute de trois empires, emportera des millions d'hommes et détruira une civilisation.
Pourquoi l'Europe, apparemment prospère et rationnelle, était-elle devenue si vulnérable à l'impact d'un unique attentat perpétré à sa périphérie ? Quels formidables jeux d'alliances géopolitiques toujours fluctuantes et d'intérêts nationaux contradictoires se mêlaient-ils ? Quelles craintes ancestrales, quelles mythologies nationales animaient les opinions publiques et influencèrent les décisions des diplomates ? C'est ce que raconte cette fresque magistrale. Multipliant les points de vue et faisant dialoguer avec brio études classiques et sources inédites (en anglais, allemand, français, bulgare, serbe et russe), Christopher Clark replace les Balkans au coeur de la crise la plus complexe de l'histoire moderne et en décrit minutieusement les rouages.
Plus clairement que jamais, il montre que rien n'était écrit d'avance : l'Europe portait en elle les germes d'autres avenirs, sans doute moins terribles. Mais de crise en crise, les personnages qui la gouvernaient, hantés par leurs songes et aveugles à la réalité des horreurs qu'ils allaient déchaîner, marchèrent vers le danger comme des somnambules.
Notice de l'éditeur
Jerry Brotton. Trad. de l'anglais
Flammarion, 543 pages, 27€
La carte n'est pas le territoire : malgré leurs visées scientifiques, les cartes sont toujours subjectives, et intimement liées au contexte dans lequel elles naissent. Les cartographes ne se contentent pas de représenter le monde : ils le construisent, à partir des idées de leur époque et de leur culture.
Telle est la thèse de Jerry Brotton, et le point de départ de cet extraordinaire voyage à travers le temps et l'espace. En observant à la loupe douze cartes du monde, il ouvre autant de fenêtres sur des civilisations aussi différentes que la Grèce antique et la Corée du XVe siècle, l'Europe des grandes découvertes et celle de la Révolution française, jusqu'au monde globalisé d'aujourd'hui, placé sous l'oeil de Google Earth...
À l'issue de ce périple aussi captivant qu'instructif, on aura appris une foule de choses : saviez-vous de quand date l'habitude de placer le Nord en haut d'une carte ? quel planisphère a donné son nom à l'Amérique ? et vous doutiez-vous que, malgré les apparences, les cartes d'aujourd'hui ne sont pas plus définitives ni plus objectives que celles d'autrefois ? Lecteurs de ce livre, vous ne regarderez plus jamais votre GPS de la même façon.
Notice de l'éditeur
Jean- Claude Simoën
Perrin, 321 pages, 25.40 €
Des montagnes du Pamir à l'enfer du Taklamakan, Paul Pelliot et Aurel Stein ont découvert en 1907 les origines du bouddhisme dans des grottes murées depuis des siècles. Au pied de la cordillère des Andes, des chercheurs continuent d'étudier l'énigmatique civilisation maya. Au Cambodge, les scientifiques ont
percé le secret d'Angkor : ce qui apparut durant des décennies comme un ensemble de temples épars forme en fait une seule et immense ville qui compta jusqu'à 700 000 habitants !
À Cnossos, en Crête, un grand labyrinthe de bâtiments nous mène tout simplement au palais du roi Minos et donc à la civilisation minoenne. Dans les montagnes du Pakistan, nous découvrons une civilisation agraire fondatrice installée sur les bords de l'Indus huit mille ans avant le passage d'Alexandre le Grand. À Qumrân, philologues et linguistes nous révèlent les origines de textes bibliques vieux de deux mille ans.
Autant d'histoires de fouilles, de mythes et d'aventures, dans une discipline mêlant travail de terrain, intuitions érudites et aussi, entre la brosse à dentset la truelle, ce qu'il faut bien appeler «coups de chance» ; autant de récits qui font de cet ouvrage un voyage fascinant à travers le temps.
Notice de l'éditeur
Patrice Gueniffey
Gallimard, 860 pages, 30 €
Napoléon n'a pas manqué de biographes. On s'en étonnerait à tort. Les hommes qui ont laissé une empreinte aussi profonde sur leur époque et sur les imaginations sont-ils si nombreux ? L'écho de son extraordinaire aventure a
retenti bien au-delà des frontières de la France et même de l'Europe. Depuis, la légende a un peu pâli, le monde a changé. Le mythe s'épuise à mesure que les passions qui l'ont entretenu s'éteignent : celles de la gloire, de l'héroïsme et de la guerre. Toute cette magie est morte avec les hécatombes du XXe siècle. Mais Napoléon n'a pas été seulement un conquérant. Stratège hors pair, il fut aussi le plus doué des élèves de Machiavel dans l'art de gouverner. Plus qu'au guerrier, c'est au Premier consul que vont aujourd'hui les hommages. Ce qui reste, c'est le souvenir d'une volonté éclairée s'appliquant à relever les ruines de la Révolution avec une intelligence, une énergie et une efficacité incomparables - avec brutalité aussi, car on ne saurait ignorer combien cet homme si positif était, pour le meilleur comme pour le pire, étranger à toute idée de bien et de mal. Ce qui, en lui, parle encore aux imaginations modernes, c'est autre chose : la croyance, qui était la sienne, et que nous voudrions être la nôtre, que notre sort ne résistera pas à notre volonté. Bonaparte est une figure de l'individu moderne : l'homme qui s'est créé à force de volonté, de travail et de talent, qui a fait de sa vie un destin en repoussant toutes les limites connues.
Un quart de siècle seulement sépare son entrée sur la scène de l'Histoire de sa disparition. Histoire si brève et si riche - énigmatique aussi par bien des côtés - qu'elle ne peut être traversée trop vite. L'historien ne peut marcher au pas des armées de l'Empereur. Un Napoléon suivra ce Bonaparte.
Celui-ci retrace l'histoire du jeune Napoléon, de la Corse aux Tuileries, des années obscures de l'enfance jusqu'à la proclamation du Consulat à vie en 1802 où, sans encore porter le titre d'empereur, il rétablit à son profit la monarchie héréditaire. S'il est dans la vie de chaque homme, comme dit Jorge Luis Borges, un moment où il sait « à jamais qui il est », ce livre s'attache à le découvrir pour comprendre comment Napoléon est devenu Napoléon.