Doug Marlette, trad. de l'anglais
Cherche Midi, 670 pages, 24.95€
Le Magic Time est un club de blues à Troy, Mississippi, où Carter Ransom et ses amis venaient écouter les meilleurs groupes du Sud durant leurs années de lycée. Mais en 1965 ce n'est plus qu'un hangar désaffecté où quelques jeunes activistes du Mouvement des droits civiques ont basé leur quartier général. C'est là que Carter retrouve Elijah Knight son ami d'enfance. Cette année-là, plus que jamais, tout oppose les deux jeunes hommes. Carter est le fils de Mitchell Ransom le juge le plus en vue de Troy. Il est blanc, riche, promis à un bel avenir même s'il vient de laisser tomber ses études de droit - ce que ses parents ignorent encore. Elijah est noir, fils de la bonne des Ransom, il n'a aucun espoir dans ce sud profond où la ségrégation règne en maître. Il s'est donc engagé sur les traces de Martin Luther King dans la lutte pour les droits des Noirs. Les activistes multiplient les actions démonstratives à Troy ce qui irrite la population blanche et particulièrement les membres du Ku Klux Klan. Un soir, ces derniers mettent le feu à l'église de la communauté noire, quatre jeunes activistes y trouvent la mort, dont Sarah Salomon, la petite amie de Carter. Deux membres du Klan sont arrêtés. Le juge Mitchell préside leur procès et les deux incendiaires sont condamnés à la perpétuité.
Vingt-cinq ans plus tard Carter est éditorialiste pour un grand journal new-yorkais, de retour à Troy il assiste à la réouverture du procès. Un des deux accusés veut faire de nouvelles révélations et celles-ci mettraient en cause la manière dont le juge Ransom a mené les débats. Il renoue contact avec Elijah ainsi qu'avec d'autres acteurs des événements du passé, bien décidé à faire toute la vérité sur cette douloureuse affaire.
Vaste fresque retraçant le combat des Noirs dans les régions rurales du Mississippi, Magic Time est un roman qu'on ne lâche pas.
Michèle Forbes, trad. de l'anglais
Quai Volatire, 278 pages, 21€
En apparence Katherine et Georges forment un couple parfait. Elle s'occupe de leurs quatre enfants tandis que lui combine un emploi d'ingénieur avec un poste de pompier volontaire. Nous sommes à Belfast en 1969 et la ville connait de vives tensions entres les communautés catholiques et protestantes. Les heurts se multiplient et des incendies criminels éclatent un peu partout. Georges est de plus en plus souvent appelé en renfort et laisse Katherine gérer le quotidien de la maison. Pourtant, par une chaude journée d'été, la famille se retrouve pour une petite escapade à la mer. Tandis que George et les enfants profitent de la plage, Katherine part se baigner. Soudain elle est prise de vertiges, panique et est sauvée de la noyade par son mari. Traumatisée par cette expérience Katherine tente de reprendre le contrôle de sa vie mais elle est hantée par les images de sa noyade et ne cesse de penser à son passé, à ses années d'insousiance quand elle n'était encore qu'une jeune fille libre et indépendante.
En 1949 Katherine, déjà fiancée à George, fasait partie d'une petite troupe de théâtre amateur où elle laissait libre cours à sa passion pour le chant lyrique. Elle y rencontra Tom, le tailleur chargé de son costume. C'est le coup de foudre. Mais cette belle histoire vire à la tragédie. Vingt ans plus tard la jeune femme, obsédée par son passée, elle sombre peu à peu dans la dépression. Georges met l'état de fatigue de sa femme sur le compte du choc de son accident, de la chaleur de cet été sans fin, de la tension qui règne dans la ville. Dépassé lui-même par les événements il ne se rend pas compte que sa femme est en train de sombrer.
Un premier roman tout en délicatesse.
Ahmed Tiab
Aube noire, 244 pages, 18.90€
Kémal Fadil est commissaire de police à Oran. Il traque les trafiquants, les petits délinquants, les passeurs d'immigrés clandestins. Mais voilà que les autorités algériennes lui confie une affaire bien différente qui requiert tact et discrétion. Les cadavres d'un homme et d'un jeune garçon ont été découverts lors de travaux de rénovation dans le vieux centre historique d'Oran. Deux corps enterrés dans la cave d'un immeuble dont et au cou de l'enfant, un crucifix.
Leur mort remonterait aux années soixante durant les heures troubles de la guerre pour l'Indépendance. Kémal Fadil va devoir remonter le fil de l'Histoire et se pencher sur ce qu'on appelait alors les "évènements" d'Algérie. Ahmed Tiab nous plonge au coeur de l'Algérie française dans une enquête passionnante.
Meg Wolitzer, trad. de l'anglais
Rue Fromentin, 250 pages, 21€
Après Les Intéressants, que nous avions déjà beaucoup aimé, voici La doublure, un nouveau roman tout aussi réussi, signé Meg Wolitzer. Joan et Joe Castleman ont pris l'avion pour Helsinki où Joe doit recevoir un prix prestigieux, le couronnement de sa carrière d'écrivain. Alors que son mari se réjouit d'être l'objet des toutes les attentions, Joan, elle, profite du vol pour se remémorer leur vie de couple.
À leur rencontre, dans les années 50, elle était encore une toute jeune étudiante et lui un professeur débutant, marié et père d'un enfant. Brisant toutes les règles, les jeunes amants s'enfuient à New York où ils vivent quelques années de galère avant que Joe ne publie son premier succès littéraire. Depuis, il est considéré comme un auteur majeur de la littérature américaine, invité dans les universités, les librairies, les soirées mondaines. Sa femme l'accompagne dans tous ses déplacements où elle ne trouve guère sa place. Joan est devenue une femme au foyer, la mère de trois enfants, une épouse trompée, vivant dans l'ombre de son célèbre mari. Fatiguée de cette vie sans relief, de ce couple bâti sur un mensonge, Joan semble décidée à quitter Joe. Mais Joe survivrait-il au départ de son épouse ? Peut-elle balayer ainsi quarante ans de vie commune ?