Audur Ava Olafdottir, trad. de l'islandais
Zulma, 160 pages, 17€50
Quand on est une adolescente aux jambes de coton, on apprend à aborder le monde d’une autre manière. On voit ce que les autres ne voient pas. Telle est Augustina, cet être à part dont Olafdottir excelle à nous peindre le paysage intérieur : le carré de rhubarbe propice à la rêverie, les lettres de sa mère partie au loin à la poursuite des oiseaux migrateurs, la photo de ce père inconnu, le regard de Salomon, le boudin de mouton de cette chère Nina, et le grand projet, l’ascension de la montagne…
Tout en finesse et en délicatesse, Le rouge vif de la rhubarbe amène le lecteur à s’émerveiller du miracle quotidien.
Jean-Baptiste Del Amo,
Gallimard, 432 pages, 21€
Au travers de l’histoire d’une petite exploitation familiale du midi de la France qui va se transformer en élevage porcin, Jean-Baptiste Del Amo nous fait traverser le XXe siècle, ses évolutions technologiques et ses guerres. Avec un sens de l’observation digne d’une autopsie avec une langue à la fois poétique, crue et brutale ainsi qu’un sens du lyrisme bien à lui, il subjugue le lecteur et l’entraîne indubitablement à suivre la folie des hommes et leur cruauté. Qu’il s’agisse d’élever des porcs ou de partir à la guerre, la sauvagerie et la monstruosité sont au bout du chemin. D’ailleurs dans Règne animal, quid de l’homme et de l’animal? Les comportements des uns équivalent à ceux des autres, ils finissent par se manger entre eux. Un grand roman!
Céline Minard
Édi. Rivages, 192 pages, 18€
Une femme décide de se retirer dans la montagne. Elle se fait construire un logement high-tech à flanc de paroi. Tout est prévu : les panneaux solaires, l’approvisionnement en eau, la nourriture en sachet, les nombreuses bouteilles d’alcool et la place du potager. Hors du monde des hommes, dans la plus pure solitude, elle explore jour après jour son territoire montagneux, fait face à l’hostilité des éléments. Mais un jour, elle rencontre l’Autre...
Réflexion sur la vie et ce qu’implique les relations humaines, Le grand jeu de Céline Minard est un livre exigeant par son épure qui déploie un vocabulaire précis et riche ainsi qu’un sens du rythme tout particulier. Une expérience!
David Treuer. Trad. de l'anglais
Albin Michel, 316 pages, 24.70€
Au mois d'août 1942, Emma Washburn s'active dans sa propriété d'été, Les Pins. Cette vaste demeure du Minnesota est la maison de vacances de la famille depuis plus de dix ans. Chaque printemps Emma quitte Chicago avec son fils Franckie pour la fraîcheur des Pins. Elle y retrouve Felix, le vieil indien qui veille sur le domaine quand la famille est absente, mais aussi Billy, le jeune métis qui lui prête main forte et les filles indiennes qui s'occupent de la cuisine et du linge. Franckie, garçon plutôt chétif et réservé, s'épanouit chaque année un peu plus au grand air et entretient avec le jeune Billy une amitié profonde.
Pourtant cette année est particulière, Franckie, jeune diplômé de Princeton, n'est plus le petit garçon qu'elle devait couver. C'est un jeune homme qui s'apprête à rejoindre l'armée de l'air et à combattre en Europe. Dans cette contrée sauvage, la guerre parait si lointaine mais aussi si proche depuis qu'un camp de prisonniers allemands a été installé de l'autre côté de la rivière. Emma veut que ces derniers jours passés tous ensemble soient inoubliables. Elle ouspille les jeunes indiennes et donne ses ordres à Felix tout en essayant de motiver son mari à se joindre aux préparatifs. Mais la journée est perturbée par l'évasion d'un prisonnier allemand. Franckie, ses amis Dave et Ernie, mais aussi Billy et le vieux Felix décident de se lancer à la poursuite du fugitif. Ils ne se doutent pas que cette chasse à l'homme se terminera de manière tragique et marquera à jamais leur existence.
Un roman puissant, maginfique, passionnant. À lire absolument !