Hannah Kohler, trad. de l'anglais
Plon, 410 pages, 24.70€
Jeannie et Kip ne sont que des adolescents lorsque leur mère meurt brutalement. D'abord soutenus par leur famille et leurs amis, les deux jeunes gens et leur père se retrouvent très vite seuls à porter le deuil. L'Amérique toute entière a d'autres préoccupations : Kennedy vient d'être assassiné et le drame familial qui se joue a peu de poids face au drame national. Dès lors la famille se replie sur elle-même. Le père s'enferme dans le silence, le travail et l'alcool. Jeannie se marie avec un jeune médecin, plus par confort que par amour et fonde sa propre famille. Kip traîne avec des voyous du quartier et se retrouve mêlé à un cambriolage avec violence. Arrêté, il est présenté devant un juge qui lui laisse le choix entre la prison et l'armée. Il décide de s'engager et se retrouve envoyé au Vietnam. Là, il découvre le quotidien d'une guerre absurde, fait de violences, de drogues, d'abus d'autorité. Jeannie, elle, est malheureuse dans son couple et se sent humiliée par sa belle-mère, elle n'a qu'une seule amie, Lee, un jeune fille étrange qui fréquente des milieux rebelles et antimilitaristes aux méthodes douteuses. Lorsque Kip commet un acte impardonnable qui lui vaut la cour martiale, Jeannie pense que ses nouveaux amis pourront peut-être le sauver. Un premier roman puissant et bouleversant sur l'Amérique des années 60.
Alice Hoffman. Trad. de l'anglais
Slatkine & Cie, 410 pages, 23€
Pour ce magnifique roman, Alice Hoffman s'est inspirée de la vie de la mère du peintre Camille Pissarro. Tout commence comme un conte de fée, Rachel nait à Saint-Thomas, une île des Caraïbes sous protectorat danois, en 1795. Elle grandit entre un père aimant qui la considère un peu comme le fils qu'il n'a pas eu en la laissant trainer dans sa bibliothèque et l'aider à tenir ses livres de comptes et une mère distante qui lui préfère son cousin Aaron. Rachel trouve une chaleur maternelle auprès de la bonne, Adelle, et considère sa fille Jestine comme sa soeur. Alors qu'elle n'est encore qu'une jeune fille, son père la marie à un commerçant de l'île, veuf et père de 3 jeunes enfants. Rachel n'a d'autre choix que d'accepter. Elle est femme, juive, membre d'une commnauté ilienne réduite où les hommes détiennent tout le pouvoir. Mais lorsqu'à 29 ans, elle se retrouve veuve et mère d'une famille nombreuse, Rachel décide de ne plus laisser les hommes guider son destin. Elle veut être libre de ses choix et n'entend pas laisser le neveu de feu son mari, dépêché tout droit de Paris pour reprendre les affaires de la famille, lui dicter sa conduite. Pourtant, l'arrivée à Saint-Thomas du tout jeune Frédéric Petit va bouleverser sa vie. Un grand roman d'amour baigné du soleil des îles où éclatent les couleurs et les parfums.
Ernst Lothar. Trad. de l'allemand
Liana Levi, 666 pages, 24€
Quel bonheur de se plonger dans l'épais volume de la Mélodie de Vienne. On voudrait ne jamais quitter la maison qui fait l'angle de la Seilerstätte et de l'Annagasse, au coeur de Vienne, où, depuis 1790, vit la famille Alt, descendants du célèbre facteur de piano. L'histoire commence en 1888, lorsqu'un des fils de la famille se fiance à la très belle Henriette Stein et souhaite ajouter un quatrième étage à la demeure familiale afin de s'y installer avec sa future épouse. L'arrivée de la jeune fille d'origine juive sème le trouble dans le petit monde très organisé des Alt. Cette première intrusion du monde extérieur n'est que le début d'une succession de bouleversements qui viendront bousculer la famille, prise dans le tourbillon de l'histoire après l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand.
Michel Bernard
La Table Ronde, 211 pages, 20€.
Trois prénoms pour les trois parties de ce livre. Frédéric, Camille, Claude. Frédéric Bazille, l'ami des débuts, mort à la guerre de 1870, il a toujours soutenu Monet et lui a acheté ses premiers tableaux; Camille Doncieux, la première épouse tant aimée, la seule que M onet supportait lorsqu'il était en train de créer ; et Claude Monet lui-même, quand il se retire à Giverny, peint les Nymphéas, reçoit Clémenceau . Trois prénoms pour l''amitié, l'amour et la passion jamais tarie de créer.
On est bien loin du roman biographique classique tant le style de l'auteur, d'une élégance sans fioriture, fait surgir la beauté et l'émotion au détour de ses lignes, tant il saisist avec subtilité l'entremêlement de la vie et de l'oeuvre du grand peintre, l'amour de Camille et sa passion de peindre.
Lumineux!