Cette année fêtons le nouvel an chinois et les 30 ans des éditions Philippe Picquier!
Créée en 1986, la maison d'édition spécialisée dans la publication de livres venant d'extrême Orient est mise en avant dans notre librairie! Venez découvrir une sélection de titres dont Bronze et tournesol du Chinois Cao Wenxuan, Romanee-Conti 1935 du Japonais Kaiko Takeshi et Neige du Tibétain Pema Tseden.
À l'achat de deux livres de la maison d'édition, une très belle estampe d'Hiroshige vous est offerte.
Claudio Giunta, trad. de l'italien
Editions du Masque, 308 pages, 23.45€
Trois amis, Italiens, trentenaires, célibataires, un rien adolescents attardés passent le mois d'août sur les îles Solovki. Que viennent-ils faire sur ce petit archipel isolé du nord de la Russie au climat plus qu'hostile ? Les îles Solovki n'ont rien de la destination rêvée pour des vacances entre potes ! Cet ancien goulag soviétique est marqué par la douleur et la mort qui ont façonné son paysage. Désolation, froid, bâtiments abandonnés, population rare et désoeuvrée forment une bien étrange carte postale de voyage. Mais au milieu de tout cela se dresse un monastère orthodoxe qui abrite une collection unique d'icônes dont certaines remontent au Moyen Age. Le monastère fait l'objet d'un projet de restauration financé par l'Unesco et mené sur place par des bénévoles venus de toute l'Europe. Deux de nos Italiens sont architectes et participent à la réalisation du futur musée installé dans le monastère, le troisième, qui connait un peu le russe est venu les aider à gérer les maçons, des ouvriers locaux, plus portés sur la boisson que sur le travail. Un beau projet en apparence. Mais tout ne se passe pas comme prévu. Les trois amis se sentent un peu vieux au milieu des étudiants étrangers, ils ont du mal à partager leur dortoir avec les ouvriers, des anciens militaires au tempérament sanguin. Le mois d'août s'achève, c'est l'heure de rentrer à Florence. Pourtant, les trois amis ne prennent pas leur avion, ne téléphonent pas à leurs proches. Ils ne donnent plus signe de vie ! La police russe enquête sommairement et conclut à un malheureux accident, sans doute dû à une imprudence. Alessandro Capace, un jeune journaliste pigiste, sent le bon coup ! Une histoire de disparitions sur fond d'amitié et de bénévolat. Il part aux Solovki, désireux d'écrire un article d'ambiance pour tenir en haleine les lecteurs italiens. Il ne sait pas que ce voyage va le hanter longtemps et qu'il sera bien décidé à percer le mystère de cette volatilisation. Un polar tendu comme on les aime.
Emmanuel Dongala
Actes Sud, 333 pages, 22.50€
Dans ce très beau roman, Emmanuel Dongala se penche sur le destin hors du commun d'un violoniste de grand talent oublié de l'histoire, George Bridgetower. Le jeune George est le fils de "Frederik de Augustus Bridgetower de Bridgetown Prince d'Abyssinie" comme se fait appeler son père. En réalité Frederik n'est pas un noble, encore moins un prince, c'est le descendant d'une famille d'esclaves de la Barbade. Un mulâtre arrivé jeune et libre en Europe et qui a su, grâce à ses talents d'interprète, se hisser au rang de serviteur du prince Esterhazy à Vienne. À la cour, il a côtoyé les intellectuels et les artistes qui gravitent autour du prince. C'est ainsi que Haydn, le compositeur de renom, a initié le petit George au violon. Très vite l'enfant se révèle particulièrement doué et Frederik rêve de conduire son fils sur le chemin de la gloire et de la richesse, à l'image du jeune Mozart qui, sous la houlette de son père, éblouit les cours européennes. En 1789, alors que le jeune George n'a que 9 ans, Frederik décide de l'emmener à Paris pour conquérir les salles de concert et pour obtenir les faveurs du Roi de France. Mais à Paris, les troubles de la Révolution se préparent et la peau noire des Bridgewoter ne plait pas à tout le monde dans une Europe en plein débat sur l'esclavage dans les colonies. Après Paris, il y aura Londres puis le retour à Vienne, des concerts sous les vivats, des rencontres avec les plus grands musiciens et compositeurs de son temps, une amitié, même, avec Beethoven qui lui dédiera une sonate, la Sonata Mulattica, avant de la rebaptiser Sonate à Kreutzer. Pourquoi ce revirement ? Comment ce jeune noir, descendant d'esclave, est-il devenu la coqueluche des cours européennes avant de tomber de l'oubli ? Voilà ce que vous découvrirez en vous plongeant dans le nouveau roman de l'auteur de Photo de groupe au bord de fleuve.
Hannah Kohler, trad. de l'anglais
Plon, 410 pages, 24.70€
Jeannie et Kip ne sont que des adolescents lorsque leur mère meurt brutalement. D'abord soutenus par leur famille et leurs amis, les deux jeunes gens et leur père se retrouvent très vite seuls à porter le deuil. L'Amérique toute entière a d'autres préoccupations : Kennedy vient d'être assassiné et le drame familial qui se joue a peu de poids face au drame national. Dès lors la famille se replie sur elle-même. Le père s'enferme dans le silence, le travail et l'alcool. Jeannie se marie avec un jeune médecin, plus par confort que par amour et fonde sa propre famille. Kip traîne avec des voyous du quartier et se retrouve mêlé à un cambriolage avec violence. Arrêté, il est présenté devant un juge qui lui laisse le choix entre la prison et l'armée. Il décide de s'engager et se retrouve envoyé au Vietnam. Là, il découvre le quotidien d'une guerre absurde, fait de violences, de drogues, d'abus d'autorité. Jeannie, elle, est malheureuse dans son couple et se sent humiliée par sa belle-mère, elle n'a qu'une seule amie, Lee, un jeune fille étrange qui fréquente des milieux rebelles et antimilitaristes aux méthodes douteuses. Lorsque Kip commet un acte impardonnable qui lui vaut la cour martiale, Jeannie pense que ses nouveaux amis pourront peut-être le sauver. Un premier roman puissant et bouleversant sur l'Amérique des années 60.