Dany Laferrière
Grasset, 179 pages, 16.50 €
Le 12 janvier 2010 un tremblement de terre de force 7 secoue Haïti. Dany Laferrière se trouve à Port-au-Prince, dans un hôtel, puisqu'il réside maintenant à Montréal. Il écrit ce livre en tant que simple témoin de la tragédie mais aussi en tant qu'écrivain haïtien qui s'interroge sur le passé et l'avenir de son pays et de son peuple. Le livre est à l'image de cette double position : sorte de carnet de notes, de moments saisis au vol lors de ses déplacements dans Port-au-Prince mais aussi récit plus linéaire et réflexif. Il y raconte par bribes sa vie d'enfant à Haïti, sa vie d'aujourd'hui et celle de sa famille, entre autre celle de sa mère et de sa soeur qui y résident toujours, prisme pour comprendre les conséquences de cette catastrophe pour les habitants. Il prend des nouvelles de ses amis comme le peintre et poète Frankétienne, ce qui engendre des réflexions sur l'art haitien. Plus globalement il se demande en quoi ce tremblement de terre réduisant en miettes le palais présidentiel pourrait provoquer un séïsme politique bénéfique pour le pays. Un an après... un livre à lire.
Glenn Taylor. Trad. de l'anglais.
Grasset, 347 pages, 22.45 €
Entrez dans la légende de Gueule-Tranchée, paria magnifique, haut-en-couleurs, figure emblématique de l'âme américaine. Tout commence et tout finit par une confession : Early Taggart, dit "Gueule-Tranchée", va raconter à un journaliste les 108 années de son histoire qui survole aussi celle de l'Amérique : il va vivre 1001 vies différentes, depuis son enfance auprès d'une veuve experte en distillerie, sa jeunesse comme monstre chéri de ses dames, puis rebelle contre les exploitants de mine, ses années à vivre comme ermite dans les montagnes avant de devenir journaliste jusqu'à sa retraite dans une petite ville. Vous l'aurez compris, on entre ici dans un roman picaresque, rabelaisien presque, où le mensonge et l'illusion relève du grand art. Par un jeune auteur américain, dont on espère qu'il ne s'arrêtera pas là.
Tom Rachman. Trad. de l'anglais.
Grasset, 391 pages, 22.45 €
Dans ce grand journal international basé à Rome, les employés se croisent et se recroisent sans nécessairement se connaitre. A travers le destin de 11 d'entre eux, tous des bras-cassés de l'existence, "les imperfectionnistes", tout en nous faisant pénéter dans les coulisses d'un grand quotidien, l'auteur dresse un portrait très juste des faiblesses de l'être humain, à la fois drôle et pathétique. Il y a ce directeur de publication, petit-fils du fondateur du journal, totalement incapable de décision ; la redoutable rédactrice en chef qui croit contrôler son existence, le préposé aux nécrologies toujours parti le premier, et bien d'autres personnages imparfaits ou malchanceux, mais toujours émouvants.
Un roman polyphonique magistralement orchestré par un jeune auteur à l'étonnante maturité.
François Arango
Métaillé, 370 pages, 19 €
Mexico 1996. Le responsable d'une société pharmaceutique disparait en pleine rue. Quelques jours plus tard, sa femme reçoit un étrange paquet contenant le coeur encore battant de son mari ainsi qu'une tablette reprenant quelques vers d'un poème aztèque. Alexandre Gardel, journaliste français spécialisé dans les faits divers extraordinaires, s'envole pour le Mexique bien décidé à couvrir l'affaire. C'est le commissaire Suarez, un gros homme sans allure mais à l'instinct bien affuté, et Catarina Marin, jeune anthropologue au caractère trempé, qui mènent l'enquête. Gardel, Suarez et Marin se lancent sur la piste de celui qu'ils ont baptisé le Jaguar. Ce denier sème des indices de plus en plus mystérieux qui font référence aux pratiques les plus cruelles de la mythologie aztèque.