Akos Verboczy
Editeur : Le bruit du monde Réserver ou commander
Le narrateur de ce roman léger et fort à la fois nous entraine dans un road-trip de Budapest au Lac Balaton sur les traces de sa famille paternelle. Ce jeune quadragénaire décide sur un coup de tête de partir quelques jours en Hongrie, son pays natal. Il a besoin de retrouver les ambiances de son enfance, de flâner dans les rues qu'il arpentait avec ses copains en sortant de l'école, de revoir ses cousins, bref de se plonger dans un bain de nostalgie. Il avait une douzaine d'années lorsque sa mère a décidé de l'emmener lui et sa soeur vivre au Québec, à des milliers de kilomètres de son père. Dès lors, c'est au gré de quelques séjours passés en Hongrie que l'adolescent côtoiera ce père aimant mais tourmenté, aujourd'hui décédé. Arrivé à Budapest, le narrateur retrouve Petya, son ami d'enfance resté vivre dans le même quartier. Ensemble il décide de se rendre au lac Balaton où le père possédait une petite maison dans un ancien vignoble. Très vite le périple se transforme en un voyage intérieur au fil de l'arbre généalogique de notre narrateur, suivant les aléas de l'histoire de la Hongrie, les péripéties de la vie amoureuse de son père, les difficultés d'une relation à distance mais aussi une réflexion sur son intégration au Québec. On se prend d'amitié pour cet homme qui redevient un petit garçon en flânant sur les trottoirs de son enfance.
Fabián Martínez Siccardi
Traduit de l'espagnol (argentine) par Isabelle Gugnon
Editeur : Liana Levi Réserver ou commander
C'est bouleversé que l'on ressort de ce roman puissant, véritable ode à un peuple décimé dans l'indifférence générale. A travers le destin singulier de Manuel Palacios, l'auteur nous raconte la lutte menée par ce missionnaire métis pour sauvegarder la mémoire des Tehuelches, les premiers occupants de la Patagonie. Antonio Pigafetta, chroniqueur du voyage de Magellan, fut marqué par sa rencontre avec ces hommes du bout du monde et les surnomma "Les géants de Patagonie". Issu du peuple Tehuelche par sa mère et des occupants espagnols de ce coin d'Argentine par son père, Manuel Palacios né au début du XXe siècle, est placé très jeune dans une institution religieuse des Salésiens où il fera toutes ses classes avant de partir pour le Vieux Monde, en Italie, pour son noviciat. De retour dans son pays natal comme missionnaire, Manuel découvre les conditions misérables dans lesquelles vivent les familles de ce peuple de nomades contraintes de se sédentariser face à l'expansion des estancias et l'arrivée de nouveaux colons européens sur leur territoire. Le jeune prêtre qui, enfant, a partagé leurs humiliations,comprend leurs souffrances et se désole de la disparition de leur culture. Il consacrera toute sa vie à la sauvegarde de ses frères et tentera d'éveiller la conscience des Argentins à ce génocide lent et silencieux.
Claire Fuller
Traduit de l'anglais par Mathilde Bach
Editeur : Stock Réserver ou commander
Dans "Terre fragile", Claire Fuller décrit avec talent la brutale et difficile chute dans la précarité d'un frère et d'une soeur dans l'Angleterre rurale d'aujourd'hui. Julius et Jeanie sont jumeaux et depuis leur naissance il y a plus de cinquante ans, ils n'ont jamais été séparés. Tous deux vivent dans un petit cottage avec leur mère, Dot, inconsolable depuis la mort tragique de son mari alors que les enfants n'avaient que treize ans. Julius fait des petits boulots dans les fermes du voisinage et Jeanie aide sa mère à récolter quelques légumes qu'elles vendent dans un épicerie locale. Ensemble ils vivent une vie simple, rythmée par les saisons, repliés sur eux-mêmes, aimant se retrouver le soir pour chanter et jouer de la musique traditionnelle. Tout s'effondre lorsque Julius découvre un matin sa mère morte dans la cuisine. Celle qui était leur ciment et leur barrière face au monde extérieur n'est plus. Mais comment vivre quand on n'a pas de revenus, qu'on peine à lire et à écrire, qu'on ne comprend rien au dédale de l'administration ? Les jumeaux découvrent que Dot, sous couvert de les épargner, leur a caché bien des secrets.
Nicolas Richard
Editeur : Inculte Réserver ou commander
"Avec le temps, certains souvenirs se précisent, leurs contours deviennent plus nets et ils gagnent en vivacité, même s’il sont le reflet de choses qui ne sont jamais produites."
Au départ, il y a deux femmes, Emma et Marie, qui ne se connaissent pas, mais qui sont reliées à un homme. Il y aura une troisième femme, tout à tour enfant ou octagénaire selon l’entrelacs des chapitres. Jeanne est la narratrice, ambiguë et mystérieuse, de ce livre. Il y a aussi trois maris. Des morts, peut-être même des assassinats. Une mère qui n’arrive pas à être mère, une femme qui arrive seulement à être veuve. Un peu de drogue, un peu de psychanalyse. Un décor de cabaret. Des chevaux, l’Amérique du Sud, L’Afrique. La France. La guerre.
"La chanteuse aux trois maris" joue sur les faux semblant. Le roman, d’ailleurs, est-il ce qu’il semble être ? Une enquête ? Un roman familial ? Une livre basé sur le socle de l’illusion ? Ou un grand vertige de fiction ? Il enchevêtre les souvenirs aux hypothèses. Tout cela d’ailleurs n’est-il pas la même chose ? Le voyage, l’invention, le mensonge. Les souvenirs. Car au bout du compte, il y a une matière, un peu magique pour se composer une mémoire, résoudre un mystère ou écrire un roman.
Nicolas Richard a écrit ici un texte très jubilatoire. Il est à la fois très romanesque mais ne se prive pas de réflexions sur le pouvoir du récit, du mensonge, de l’illusion. Un vrai roman, en somme !