Daniel Lee est historien, spécialiste de la Seconde Guerre mondiale. En 2011, après sa thèse, il part s'installer à Florence pour y poursuivre ses recherches. Lors d'un dîner avec des collègues et des amis, il est approché par une jeune femme originaire d'Amsterdam. Cette dernière lui parle d'une étrange aventure arrivée à sa mère. L'historien en a l'habitude, chaque fois qu'il se rend à une réception et qu'il évoque son métier, il y a quelqu'un qui l'aborde et qui lui raconte l'histoire d'un de ses aïeux ou de ses connaissances durant la guerre. Cette fois encore, il écoute patiemment le récit et, très vite, sa curiosité est piquée au vif...
La jeune femme explique que sa mère, voulant faire réparer un vieux fauteuil dont l'assise commençait à s’affaisser, l'a confié à un tapissier d'Amsterdam. En allant le récupérer, elle s'est fait violemment prendre à partie par ce dernier mécontent d'avoir trouvé dans ce fauteuil un paquet de documents appartenant à un certain Robert Griesinger. La nature des documents ne laissait planer aucun doute : l'homme était un nazi actif. Le tapissier avait déduit de sa découverte que les papiers appartenaient à un aïeul de sa cliente. Or, la vieille dame, d'origine tchèque, avait acheté ce meuble dans une brocante, à Prague, dans les années 60, bien avant d'émigrer aux Pays-Bas et bien après que quelqu'un y ait caché les documents. Daniel Lee ne le sait pas encore, mais cette histoire va le passionner pendant plusieurs années. Il va partir sur les traces de Robert Griesinger, juriste allemand ayant officié dès les années 30, dans les bureaux de la Gestapo avant de gravir les échelons du parti et d'occuper un poste important à Prague en 1945. En retraçant la vie de Robert et de sa famille, l'auteur tente de comprendre comment un jeune homme de bonne famille, élevé à Stuttgart, devient l'un de ces "nazis ordinaires" exécutant, en col blanc, les ordres du Parti. Son enquête lui fera rencontrer des proches de Robert et le fera voyager de Stuttgart à Berlin mais aussi de la Suisse à la Nouvelle-Orléans, sans oublier Prague.
Ce second volet débute en septembre 1939, lors de l'entrée en guerre de la Grande Bretagne. Même si à Home Place, le manoir familial, on tente de garder les habitudes quotidiennes, adviennent pourtant bien des bouleversements. Les pères sont absents car partis à la guerre ou travaillant à Londres, et les mères, en apparence immuables, ne sont pas infaillibles. Les moeurs changent aussi, et les enfants, devenus jeunes adultes, tentent parfois de manière maladroite de conquérir leur liberté.
Elizabeth Jane Howard, dans cette suite d'Etés anglais, tisse avec la même finesse psychologique et encore plus de profondeur, les destins de ces personnages si attachants, dans un monde qui tremble sur ses bases.
Ludlow Washington, né noir et aveugle dans le Sud des Etats-Unis, est abandonné à l'âge de 5 ans dans une institution (qui se rapproche plutôt d'un milieu pénitencier). Il y aura la vie dure mais va malgré tout pouvoir y révéler son immense talent de musicien. Il va gravir les échelons jusqu'à devenir une grande figure du jazz. Mais la blessure initiale de l'abandon a créé un mur entre lui et les autres, le fait trébucher et perdre ses repères.
Un roman émouvant, paru en 1965 aux Etats-Unis par un auteur noir américain (également réédité Un autre tambour en 10/18).
C'est Mauthausen qui m'a défini comme homme, je suis encore un homme du camp.
Un récit concentrationnaire sobre, sincère, sans apitoiement et avec même une pointe d'humour. L'auteur est resté au camp de Mauthausen de 1943 à 1945, jusqu'à sa libération par les Américains, et même au-delà, car Kambanellis, désigné comme responsable du retour des déportés grecs, restera plusieurs mois au camp jusqu'au départ, clandestin, des juifs grecs vers la terre d'Israël. Il décrit les sentiments contrastés, entre joie, désir de vengeance, espoir et stupéfaction des survivants.
Simple, direct, paradoxalement "vivant". Un livre à ranger aux côtés de Primo Levi et Imre Kertesz.