Jane, le renard et moi, I. Arsenault et F. Britt, éd. La pastèque
En ce début de printemps, nous vous proposons un petit retour en arrière, en 2012 quand nous avions été charmés par une BD pas comme les autres. Jane, le renard et moi d’Isabelle Arsenault relève autant du roman graphique que de la bande dessinée classique. Le texte est signé par la poétesse Fanny Britt (que l’on retrouve à la traduction du très chouette Les affreux chandails de Lester). Diplômée en 2001 en design graphique à Montréal, Isabelle Arsenault a toujours travaillé dans l’illustration. Lors de la publication de Jane, elle explique qu’elle n’avait aucune attente quant à sa réception. Considérant que c’était une œuvre hybride, ni réellement enfantine, ni totalement adulte, elle fut agréablement surprise de constater le succès de l’album auprès des jeunes et des moins jeunes.
C’est sans doute là que réside toute la force de l’œuvre : deux niveaux de lecture. La première constitue une lecture littérale, facile d’accès pour les enfants dès 10-11 ans. Hélène, l’héroïne, est victime d’harcèlement à l’école. Dans le bus, pour éviter de croiser le regard des autres et se donner une contenance, elle se cache derrière Jane Eyre. Concentrée, elle admire la force de vivre de cette femme. C’est là qu’intervient le deuxième niveau de lecture. Une lecture poétique et sensible qui revisite le classique de Charlotte Brontë. Les dessins, en noir et blanc pour Hélène, se teintent d’orange vif ou de vert pomme lorsqu’intervient la courageuse institutrice. Elle alterne ainsi entre finesse et fausse naïveté. Une prochaine collaboration avec Fanny Britt est en cours de réalisation et devrait paraître d’ici deux ans. Nous restons convaincus qu’un aussi beau trait de crayon séduira un large public, quelle que soit sa lecture.
Dans les nouveautés de mars, Delcourt publie deux bande dessinées de Séverine Gauthier dont le scénario de L'enfant au coeur de pierre nous avait déjà tant charmés.
Haïda l'immortelle baleine met en scène l'espiègle Tâan qui nous emmenera au coeur des légendes du grand Nord. Il vit avec son peuple sur le dos de Kùn, l'immortelle baleine. Cet océan où flotait seul Corbeau, celui-là même qui ordonna à Kùn de se changer en terre et de grandir jusqu'à pouvoir la diviser. Depuis quelques jours la mer semble changer, une étrange dame scrute le rivage, autant de signes que l'immortelle baleine se meurt... Tâan et sa soeur plongeront dans les profondeurs de leur monde entre peine et allégresse. L'intrigue semble simpe mais est riche d'espoir et de force. Le tout souligné par les couleurs vives de Yann Dégruel pour mordre la poésie du Monde à pleines dents.
Dans L'homme montagne, ce sont les couleurs douces et le trait nostalgique d'Amélie Fléchais qui nous emmènent dans un voyage initiatique et poétique. Un enfant souhaite offrir à son grand-père un dernier voyage mais le vieil homme est écrasé par le poids de ses montagnes. L'enfant partira à la recherche du vent, celui qui fait bouger les montagnes. Celui surtout grâce auquel il découvrira ses racines et se lancera dans la grande aventure de la Vie.
Deux récits forts et touchants dépeints en justesse et en finesse qui raviront enfants et parents dès 8 ans.
A silent voice, Y. Oima, Ki-Oon
Shoya Ishida adore provoquer, repousser ses limites et amuser la galerie aux dépens de ses notes et de sa famille. En bon leader, rien ni personne ne l'inquiète mais, quand Shoko Nishimiya arrive dans sa classe, les règles vont changer. En effet, la jeune fille est sourde, ce qui intrigue mais perturbe l'ensemble des élèves qui progressivement lui tourneront le dos. Dès lors, la brèche est ouverte et Shoya mettra toute son énergie à taquiner, sous les yeux hilares des autres élèves, la jeune fille. De la taquinerie naitra la brimade et le comportement des ces jeunes deviendra odieux face à l'attitude digne de Shoko.
A silent voice est un manga fin et intelligent sur le harcèlement, l'adolescence et le handicap. Sans mélo et sans trop en faire, ce récit vous accompagnera longtemps. Une suite est d'ailleurs déjà prévue... De 12 ans à 112 ans!
Deux tomes sont parus, la série en comportera 7 (tome trois à paraitre mi-mai).
Des bulles, des bulles de bandes dessinées, of course:
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Miss Peregrine et les enfants particulier illustré par C. Jean d'après R. Riggs: adaptée du roman déjà culte, sombre mais passionnant dès 12 ans.
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Les carnets de Cerise t3. Le dernier des cinq trésors chez Soleil : Cerise est de retour et avec ses copines de toujours, elle résout un nouveau mystère, celui d'une jeune femme devenue amnésique. Une belle chasse au trésor dès 10 ans.
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Le Petit Poilu. Le blues du Yéti chez Dupuis: sans texte mais pas sans humour. Le Petit Poilu est le compagnon idéal de tous les apprentis lecteurs dès 4 ans.
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Le château des étoiles. La conquête des étoiles par A. Alice chez Rue de Sevres: un jeune garçon passionné de l'éther magique qui lui a ravi sa mère part avec son père pour travailler auprès d'un aristocrate esseulé. Aussi passionnant que beau, un vrai récit d'aventures de 9 à 109 ans.
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Sorcières, sorcières par J. Chamblain et illustré par L. Thibaudier chez Kennes éditions : on retrouve les deux soeurs sorcières et le balai amoureux. L'histoire est aussi passionnante en bd qu'en roman et les dessins sont à la hauteur, foi de Rat! Dès 8 ans.
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Esteban. Aventures polaires de M. Bonhomme chez Dupuis: une intégrale en noir et blanc pour une aventure sans précédent. A (re)dévorer sans limite dès 10 ans.