Jean-Baptiste Del Amo
Gallimard, 284 pages, 19.50 €
Ce soir, Louise réunit ses trois enfants et leur famille. A la perspective de ce dîner, le passé, marqué par la forte personnalité d'un père désormais mort, affleure comme des morceaux non résolus de la vie de chacun. Tous ont retenu désirs ou paroles, tous ont vécu des scènes, -un geste osé, une gifle trop forte, le trouble d'une pulsion-, banales pour certains, décisives pour d'autres. Mêlant mouvements d'écritures amples et moments percutants, nostalgie et rancoeur, dans un subtil questionnement de la vie, Del Amo réussit à élargir ces histoires particulières à une histoire, la nôtre, ni trop simple ni trop tragique, juste essentielle.
Michel Houellebecq
Flammarion, 428 pages, 22 €
Même si le personnage Houellebecq agace, force est de reconnaître le coup de plume de l'écrivain. Il sait manier la langue à des fins littéraires et narratives et même avec beaucoup de talent. Dans ce dernier roman, il met en scène un artiste photographe puis peintre du nom de Jed Martin extrêmement bien coté sur le marché de l'art. Houellebecq en profite d'ailleurs pour porter une critique acerbe du monde de l'art ainsi que du petit milieu littéraire parisien représenté par lui-même et Frédéric Beigbeder en personne dans le roman. Tout en restant dans l'intimité de son personnage, il dresse un portrait très critique de la société dans laquelle nous vivons. Avec humour, il imagine sa propre mort : découpé en petites bandes de chair par un serial killer.
Jérôme Ferrari
Actes Sud, 154 pages, 17 €
Le capitaine Degorce, homme attaché aux valeurs de dignité et de respect de l'autre, se retrouve à Alger au service des renseignements, donc chargé de faire parler les suspects. Il y retrouve le lieutenant Andreani, avec lequel il a partagé l'horreur des combats en Indochine et qui lui voue une grande admiration. Mais très vite la vision pessimiste et réaliste d'Andreani s'oppose à l'idéalisme de son supérieur. Ces deux héros se retrouvent ici en bourreaux et doivent faire face à leur propre trahison. J. Ferrari, de sa plume classique et élégante, touche ici à la violence humaine. Où j'ai laissé mon âme est la dissection implacable de la désintégration d'un homme.
Olivier Adam
L'Olivier, 232 pages, 18 €
Le suicide de son frère Nathan bouleverse profondément Sarah qui porte alors un regard critique sur sa vie d’adulte. Remettant en question ses choix, elle quitte son travail et part au Japon rencontrer un certain Natsume qui a connu son frère dans les derniers moments. Flic à la retraite, Natsume, qui a ramassé des cadavres toute sa vie, a décidé de passer ses nuits en haut de falaises proches de chez lui et d’essayer de décourager les candidats au suicide. Ce beau roman pose un certain nombre de questions : qu’est-ce qui nous pousse à continuer, qu’en est-il de ce fameux «goût de vivre» que certains perdent et comment s’accommode t-on de la disparition d’un être aimé ?