Qu’est-ce que rêver ? Qu’est-ce qu’interpréter ?
Selon Freud, l’interprétation du rêve est véritablement la « voie royale » menant à la connaissance de l’inconscient : la méthode de l’association libre doit permettre d’y découvrir un sens caché. Mais en clinique transculturelle, le rêve apparaît déjà interprété de l’intérieur par la culture. Comment comprendre cela ? L’auteur retrace à cet égard les apports de Géza Roheim (Les portes du rêve) et surtout de Georges Devereux (Psychothérapie d’un Indien des Plaines. Réalité et rêve est le premier compte rendu complet d’une thérapie transculturelle). Elle propose ensuite de redécouvrir un concept freudien longtemps considéré comme mineur : celui de l’élaboration secondaire du rêve. Il s’agit du remaniement préconscient de sa façade qui le rend intelligible et communicable dans le registre de la pensée diurne. C’est lui qui ordonne les choses selon la logique culturelle du rêveur, selon sa « vision du monde ». À travers la thérapie ethnopsychanalytique d’une jeune femme marocaine à Bruxelles, le rêve apparaît bien comme un lieu privilégié de ce qui se noue entre l’individu et son univers culturel. Il reste toujours le paradigme du travail psychique dans la cure et dans le transfert.
Irvin Yalom. Trad. de l'américain.
Galaade, 642 pages, 24.40 €
Avez-vous déjà lu les livres du Dr Irvin Yalom ? Si ce n'est pas encore fait, voici un auteur à découvrir. Il vous enrichira, vous amusera, vous intéressera à des problèmes qui jusque là vous semblaient réservés à de lourds ouvrages scientifiques. Après les débuts de la psychanalyse dans "Et Nietzsche a pleuré", la philosophie de Schopenhauer, etc..., Yalom nous entraine dans ce dernier opus dans deux histoires, deux époques assez différentes qu'il fait entrer en résonance.
Chantal Creusot
Zulma, 390 pages, 22€
De la Grande Guerre jusqu'aux années cinquante en passant par l'Occupation, on suit le destin de quelques familles bourgeoises d'une petite ville du Cotentin, les Vuillard, les Lamaury, les Laribière, ...Ils sont juges, médecins ou encore avocats. Ils se fréquentent , se réunissent, se marient, se jugent, s'envient, se rebellent, se désirent, se trahissent. Toutes les passions, désillusions, hypocrisies humaines y sont disséquées, d'une écriture dont le cynisme le cède à la délicatesse.
Chantal Creusot brosse un magnifique portrait de la vie en province, dans une composition remarquable, désenchantée, nostalgique, vibrante.
Louis Wolfson
Ma mère musicienne, est morte de maladie maligne à minuit, mardi à mercredi, au milieu du mois de mai mill977 au mouroir Memorial à Manhattan.
(ed. Attila, 19 euro)
L'auteur du Schizo et les langues, ouvrage salué par Queneau, Deleuze, Le Clézio, ... raconte ici la chronique d’une mort maternelle. Il fait le récit d’un marginal qui doit simultanément faire face à la mort de sa mère et à la fin d’une tutelle d’un demi siècle. Ce qui ne pourrait être qu'un récit de vie, un témoignage, devient une oeuvre importante par l'utilisation que Louis Wolfson fait de la langue.
Une langue qu'il brise, casse, passe à la moulinette de ses obsessions. Le français est pour lui une langue d'émancipation qui lui permet d'échapper à la langue maternelle.
L'auteur, installé à Porto Rico est devenu millionnaire en 2003 en gagnant à une loterie électronique. Il est relativement riche, attend la fin du monde et écrit toujours.