Philip Roth. Trad. de l'américain.
Gallimard, 121 pages, 13.90 €
Le dernier roman de Philip Roth, Le rabaissement, se joue en trois actes, la chute, la renaissance, l'effondrement de Simon Axler, comédien de renom, arrivé à soixante ans passés au fait de son talent, de sa gloire et de sa vie. Quand l'inspiration le quitte, Simon sombre. De dépression en hôpital psychiatrique, il finit par s'isoler à la campagne, résigné et renonçant à tout engagement. Mais c'est sans compter sur la vie et ses sursauts dont, dans un dernier espoir, on se fait volontiers dupe. Débarque en effet chez Simon, Peggen, de vingt-cinq ans sa cadette, fille d'amis de jeunesse et surtout lesbienne. L'idylle aussi surprenante qu'inattendue réveille notre héros, l'encourage lui, l'acteur en fin de course, à endosser le rôle de Pygmalion de l'hétérosexualité, au point d'ouvrir un avenir là où Simon ne voyait plus d'horizon. Hélas, sans préambule, comme elle était arrivée, Peggen s'en va. Humilié, effondré, on voit alors Simon choisir sa dernière scène.
Un roman aussi drôle que tragique où dérison et désolation s'épousent dans un baiser au goût acide.
Mario Vargas LLosa. Trad. de l'espagnol
Gallimard, 520 pages, 22.90 €
Le "Celte", c'est le surnom donné par ses amis à Roger Casement (1864-1916), grande figure de l'histoire de l'Angleterre, porté aux nues pour ses travaux anticolonialistes puis tombé en disgrâce lorsqu'il prend la tête des Irlandais séparatistes. Le roman débute en 1916, alors que Casement est en prison. Condamné à mort pour trahison par un tribunal anglais, il attend son exécution, à l'isolement. Son crime, avoir pactisé avec l'ennemi allemand pour que celui-ci soutienne et arme une révolte en Irlande. Personne ne lui pardonne ce lien avec l'Allemagne alors que des milliers de soldats anglais meurent dans les tranchées. Abandonné par ses anciens amis, humilié par les gardiens de la prison, calomnié par les journaux, Casement n'est plus qu'un paria dont il ne faut plus évoquer le nom.
Louise Welsh. Trad. de l'anglais
Métailié, 391 pages, 21 €
Murray Watson est un jeune professeur de littérature à l'Université de Glasgow. Il entame une année sabbatique qu'il a décidé de consacrer à la rédaction d'une biographie d'Archie Lunan, poète ayant publié un seul recueil avant de mourir noyé au large de l'Ecosse dans les années 70. Ses confrères se moquent allègrement de ce choix. Qui connaît encore ce jeune hippie mort dans un accident aussi bête qu'évitable ? Mais Watson se sent lié à Lunan depuis qu'il a déniché son mince recueil chez un bouquiniste, alors qu'il n'avait que 16 ans. Le matériel de sa recherche est plus que mince, tout tient dans un petit carton. Watson décide alors d'interroger les anciens camarades de Lunan ainsi que le Dr James qui animait à l'époque une atelier de poésie.
Stephen Kelman. Trad. de l'anglais
Gallimard, 328 pages, 22 €
Ce n'est pas facile de vivre dans la banlieue londienne, au milieu des HLM, des bandes rivales, de l'incivilité et de la violence permanentes. Ca l'est encore moins quand on n'a que douze ans,qu'on vient de quitter le Ghana avec sa grande soeur et sa Maman mais qu'on attend encore le reste de la famille, Papa, bébé Agnès et Grand-Ma restés au pays. C'est pourtant ce que doit vivre Harrison Opoku. Il lui faut tout apprendre : les règles de l'école, la vie dans des tours de bétons délabrées, les guerres de bandes, les défis de vol, le racisme. La violence latente dans la cité atteint son paroxysme lorsqu'un jeune garçon est violemment poignardé devant un fastfood.