Michael Bennett
Traduit de l'anglais (australie) par Antoine chainas
Editeur : Les Arènes Réserver ou commander
Une étrange série de meurtres secoue la ville d'Auckland en Nouvelle-Zélande. L'inspectrice Hana Westerman chargée de l'enquête sur le premier crime découvre rapidement qu'un lien relie ces morts suspectes même si les victimes et les scènes de crime n'ont a priori rien en commun. Pourtant, près de chacun des corps, Hana repère le dessin singulier d'une spirale. Ce symbole, la policière, elle même d'origine maori, le connaît bien. Elle comprend que le meurtrier a entrepris un utu, rituel maori qui vise à réparer les crimes du passé. Hana va devoir remonter dans l'histoire de son peuple et exorciser les démons d'un passé qui la hante. Un polar bien mené qui nous replonge dans les premiers temps de la colonisation anglaise en terre maori, une période sombre faite de violence et de spoliation des terres du peuple ancestral.
Pier Vittorio Tondelli
Traduit de l'italien par Vincent Raynaud
Editeur : Seuil Réserver ou commander
« Le deuil qui a suivi la mort de Thomas, une mort qui se poursuit heure après heure, combien de fois par jour Thomas meurt-il pour lui ? - le submerge. Tout en lui est en cours de destruction. Ou, plutôt, d’élimination. »
Chambres séparées, publié à l’origine en 1989 et qui reparaît aujourd’hui dans une nouvelle traduction de Vincent Raynaud, raconte l’histoire passionnée d’un amour entre Leo, écrivain de 30 ans, et Thomas, un jeune musicien de 25 ans. Ou pour être plus exact, le roman, construit comme une oeuvre musicale composée de trois mouvements qui glissent et s’entrecroisent, raconte l’Amour. Il dit la dimension oxymorique des sentiments et des émotions, la grandeur du désir, la peur qui étreint, le morcellement, les pleins et les vides. Le roman dit aussi, et surtout dès les premières pages, le deuil car Thomas se meurt. Durant plus de trois ans, Leo vivra tout entier dans ce deuil, douloureux et tragique parce que secret. Pier Vittorio Tondelli ne s’attarde pas sur la quotidienneté de cet amour et de sa finitude, mais il raconte superbement le flux des pensées, la traversée de la mélancolie entre les rives du tumulte et du vide, il dit le temps de l’amour dans le temps de la mort. Car la mort pulse et vit en Leo, qui fera ainsi l’expérience de la sacralité de l’humain. Il y a des pages superbes consacrées à la solitude, à l’expiation, au religieux, à l’abandon, à la dépossession parce qu’elles expriment une dimension, une matière. Même les quelques pages consacrées aux parents de Leo sont magnifiques. Leo, au fil des pages, se dévêt et décompose sa vie pour atteindre le corps nu de son identité. C’est très beau, très habité parce que tout est fin et noir, parce que chaque réflexion est étourdissante.
Jessica Au
Traduit de l'anglais (australie) par Claro
Editeur : Grasset Réserver ou commander
« Je me tournai vers ma mère, qui regardait toujours le tableau de Monet, un tableau qui se trouvait être une de ses oeuvres les plus célèbres. Elle se balançait généralement d’un pied sur l’autre, comme au son d’une musique, ou comme si elle était très fatiguée. Je lui dis qu’à moi aussi il m’arrivait de ne pas comprendre ce que je voyais dans les galeries, ou lisais dans les livres. Même quand je sentais qu’on attendait de moi que j’aie une opinion, surtout une qui se puisse exprimer clairement, et qui en général était indissociable d’une certaine éducation. Ça permettait de parler d’histoire et de contexte, ce qui ressemblait beaucoup à une langue étrangère. Pendant longtemps, j’avais cru à cette langue, et j’avais fait de mon mieux pour la parler couramment. Mais je lui dis que, parfois, de plus en plus souvent en fait, je commençais à sentir que ce genre de réaction était fausse elle aussi, une performance, et non celle que je recherchais. Parfois, je regardais un tableau et ne ressentais absolument rien. Ou si je ressentais quelque chose, c’était seulement intuitif, une réaction, rien qui puisse s’exprimer par des mots. Il était normal, dis-je, de reconnaître quand c’était le cas. »
Une jeune femme et sa mère partent à Tokyo pour quelques jours de vacances. Au gré de leurs promenades, des mélodies dissonantes vont apparaître entre elles et questionner à la fois leurs souvenirs et leur mémoire.
Ce livre est un étau de délicatesse, d’éther et de subtilité, beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît à priori. Un roman qui semble flotter pour mieux vous entourer. Magnifique.
Jeanine Cummins
Traduit de l'anglais (usa) par Christine Auché
Editeur : Philippe Rey Réserver ou commander
On les appelle Pavees, Travellers ou péjorativement Tinkers. Ils sont Irlandais et appartiennent à la communauté des gens du voyage. Ils sillonnent le pays, établissant des campements, dormant dans leurs roulottes, vivant de petits boulots et de mendicité. En cette fin des années 1950, ils ne sont pas les bienvenus dans les villages qu'ils traversent, accusés d'être des voleurs, jugés sales et grossiers. C'est dans cet univers à part que grandit Christopher, un gamin de 11 ans. A la mort du patriarche de la famille, le clan décide de faire une halte prolongée dans une petite ville de la campagne irlandaise afin de permettre aux enfants de fréquenter une école et de faire leur communion. Christopher qui n'a connu que la liberté, les feux de camp, le contact de la nature et des animaux, va devoir apprendre à vivre aux côtés d'autres enfants, des sédentaires, à suivre les règles de l'école, à rester enfermé. Ce changement de vie coïncide avec une période de doutes et de questionnements pour le jeune garçon. A la mort de son grand-père, il a découvert une coupure de journal avec une photo de sa mère. Morte à sa naissance, Christopher ne connaît rien d'elle, son père refusant de lui en parler. Bien décidé à en apprendre plus sur cette femme, l'enfant décide de mener son enquête. Jeanine Cummins nous fait découvrir un univers singulier et attachant et nous parle des rapports humains et de la quête de liberté avec un talent fou.