Kaouther Adimi
Editeur : Stock Réserver ou commander
Dans un récit vaporeux et grave, Kaouther Adimi investit durant une nuit l’Institut du Monde arabe pour raconter la vie de Baya, peintre algérienne prodige, célébrée par Matisse et Picasso. L'artiste va très vite devenir la colonne vertébrale d’un autre texte, celui que l'autrice doit exhumer avec douleur de sa propre mémoire hantée et défaillante : le retour de sa famille dans l’Algérie violente et sanglante de 1994, moment de sa vie qu’elle a toujours soigneusement contourné. Styx impossible à franchir, mots et images lui faisant défaut. Comment dire, adulte, la terreur, le sang, le terrorisme, les faux barrages, les explosions, les mitraillettes, les maux de ventre, la menace tout le temps, la menace partout alors qu’elle avait huit ans ? Et ces images floues dont elle peine à se souvenir et donc à s’en remettre ? « La joie ennemie » sans cesse, dialogue avec les doutes, les questions, la déformation, inévitables. Kaouther Adimi est saisie par l’horreur et l’impossibilité de s’en défaire, parfois même à la formuler, réduite à douter ou faire douter de leur propre existence. Le réel et la fiction (car se souvenir ou imaginer une réalité, n’est-ce pas déjà le tissu d’une fiction?) se superposent dans la narration, offre des lectures palimpsestes. Paradoxalement, l’écriture au fil des pages, s’écoule, claire, descriptive, introspective, très musicale. L’écriture chemine, s’ouvre, comme les fleurs peintes par Baya, et on accède alors à une sorte de lyrisme poignant.
Dans ce texte, il y a de superbes motifs, celui de la verticalité : elle plonge symboliquement dans un puits pour excaver les traumatismes mais monte au grenier (un vrai) pour se trouver elle-même (lieu des archives). Il y a les couleurs : le rouge du sang, la mémoire blanche, les rêves gris, mais aussi le bleu d’une robe ou d’une peinture, la lumière d’une amitié. Il y a le mouvement : Kaouther Adimi court pour fuir, ne tient pas en place, bouge pour écrire, est ailleurs et en cela ses phrases, infiniment se déplient.
Ce qui touche particulièrement dans ce texte, c’est sans doute son honnêteté qui se meut presque parfois en douce fermeté, en autorité cristalline « je voulais écrire un texte sur elle [Baya] et pourtant je n’écrivais que sur moi ». Elle affirme que quelque chose en elle bouge et tremble, elle affirme qu’une archive mémorielle peut à la fois être réelle et déformée, que les dimensions d’un souvenir sont multiples, que sa lecture de la vie de Baya peut-être différente et vraie.
Et autre bouleversement, un passage précieux : lorsque le père de Kaouther Adimi, face aux reproches de sa fille (de les avoir ramenés dans la guerre) lui répond : « je t’ai offert tout un pays ». Quand on sait à quel point Kaouther Adimi, dans l’ensemble de ses livres, chante l’Algérie, ses douleurs et ses beautés, c’est inoubliable et magnifique.
Marie Charrel
Editeur : Les Léonides Réserver ou commander
C’est en Islande où Sarah a grandi et mène aujourd’hui une carrière universitaire. Elle est arrivée enfant sur l’île, aux côtés de sa mère qui s’y est installée pour fuir son pays d’origine, l’Albanie. Ester n’a jamais parlé à Sarah de sa vie d’avant, du village de montage isolé où vivait sa famille, des raisons de son exil, des difficultés de vivre dans une dictature communiste, dans un pays marqué par les traditions et où l’honneur de la famille prime sur toutes les lois. A la mort d’Ester, Sarah découvre qu’elle hérite d’une petite maison dans cette contrée inconnue, et que sa mère lui a laissé une requête : « Trouve Elora. » Sarah part donc à la découverte de ses racines, à la recherche de cette Elora dont elle ne sait rien, bien décidée à percer les mystères du passé familial. Mais dans ce pays rude et sauvage, marqué par des décennies de dictature, les langues ne se délient pas facilement et Sarah devra faire preuve de courage et de ténacité pour remplir la mission que lui a confiée Ester.
Valentine Goby
Editeur : Actes Sud Réserver ou commander
L'autrice de nombreux romans dont le bouleversant « Kinderzimmer », le très beau « L’île haute »et le résilient « Murène » revient en cette rentrée littéraire chez Actes Sud avec « Le palmier », un roman tendre et sensible.
Valentine Goby nous y raconte le quotidien de Vive, une enfant secrète et aventureuse, fille d’un parfumeur grâce auquel chaque essence exotique devient une histoire. Elle s’épanouit dans le jardin familial qu’elle perçoit comme un univers fabuleux et une source de savoir. Mais l’enfance n’est pas toujours si simple et les mots incompris ou mal dits, comme les ombres, peuvent être la source de grands effrois.
Par l’évocation des odeurs autant que la poésie de ses mots, Valentine Goby décrit la vie avec toute l’intensité de l’enfance. Elle promène les lecteurs sous les feuilles des grands arbres et convoque tous les sens pour une expérience de lecture totale.
Il est l'heure de vous dévoiler notre sélection estivale en format poche !
Nous espérons que vous y trouverez le compagnon idéal pour vos vacances.



