Mitchell Zuckoff, Trad. de l'anglais
Champs Flammarion, 466 pages, 8€
Basé entièrement sur des rapports militaires, des lettres officielles, des journaux de bord, des courriers personnels ou des interviews des différents protagonistes, Les disparus de Shangri-La raconte une histoire digne des plus grands romans d'aventure. Nous sommes à Hollandia, en Nouvelle-Guinée, en mai 1945. La Guerre du Pacifique est à son apogée, pourtant, sur cette île coupée du reste du monde, les occupants d'une base américaine trouvent le temps long. Ils sont une centaine de militaires et de WACs, un corps de l'armée composé uniquement de femmes affectées essentiellement à des tâches de secrétariat et de logistique, à attendre de rentrer pleinement dans les opérations de combats. L'humidité, la chaleur, les moustiques, la promiscuité rendent les troupes nerveuses. Le 13 mai 1945, date de la fête des mères, le colonel Prossen décide d'organiser un divertissement pour une poignée d'hommes et de femmes, afin d'égayer un peu leur quotidien. Les chanceux se pressent sur la piste de décollage, ils seront 24 à embarquer dans un petit avion pour un survol d'agrément de l'île. Au progamme : la découverte des beautés de la nature et surtout un passage au-dessus des villages indigènes pour admirer les huttes et les sauvages, réputés être des géants cannibales. Mais pour atteindre cette vallée inconnue, sunommée Shangri-La, il faut d'abord franchir une montagne imposante. Problème technique, condition météorologique, inexpérience du co-pilote ou inattention du pilote ? L'avion s'écrase en pleine jungle. Commence alors pour les quelques survivants et pour l'équipe de secours chargée de les rapatrier, une histoire incroyable qui pourrait être un scénario hollywoodien, sauf qu'ici, tout est vrai.
Margherita Giacobino, Trad. de l'italien
Stock, 288 pages, 22.45€
Elles s'appellent Ninin, Michin, Maria et Margherita, elles sont soeurs, nées dans un petit village rural du nord de l'Italie, dans les dernières années du XIXème siècle, dans une contrée où les familles vivent ensemble. Réunis dans une seule pièce : grands-parents, parents, enfants, oncles, tantes, cousins, tous doivent suivre les règles de l'aïeule. C'est elle qui décide qui travaillera aux champs, qui mangera à sa faim, qui recevra des coups, qui devra partir. Ninin, l'aînée, prend soin de ses soeurs comme elle le fera jusqu'à sa mort. Devenues des jeunes filles, elles sont engagées comme ouvrières à la ville. Elles habitent ensemble, sans hommes. Ils sont partis à la guerre, morts au combat ou de maladie. Il y a bien Maria qui tentera l'aventure vers l'inconnu, en reviendra malade et infirme, mais avec une petite fille, Maria Grazia. C'est ensemble qu'elles élèveront l'enfant, leur fille à toutes. Grâce à elles, Maria Grazia deviendra une femme indépendante, forte, libre. C'est ensemble toujours qu'elles s'occuperont ensuite de Margherita, leur petite-fille. Cette dernière grandit dans l'Italie des années cinquante, une Italie vivante, qui tente de se remettre des années de guerre, qui connaîtra l'arrivée du réfrigirateur, de la télévision, des vacances à la mer.
A travers le portrait plein de tendresse de toutes ces femmes qui ont marqué sa vie, Margherita Giacobino nous parle des femmes en général, de leurs victoires, de leurs doutes, de leurs combats. C'est toute une galerie de personnages plus attachants les uns que les autres qui prend vie sous la plume magnifique de l'auteur.
Jesus Carrasco., Trad. de l'espagnol
Robert Laffont, 221 pp., 21€70
Dans une plaine déssechée par le soleil, écrasée de chaleur, (on ne sait à quelle époque ni en quel lieu) un enfant se terre dans un trou. Il a fui son village, sa famille et se cache de l'alguazil et des ses hommes de main. Quand il aperçoit un vieux berger, il se méfie d'abord mais finit par le suivre car c'est sa seule chance de survie. Ensemble, ils traversent cette plaine désolée, ils ne se parlent presque pas, ne se posent aucune question, cherchent seulement à trouver à boire et à manger. Petit à petit l'enfant prend confiance.
Un roman étonnant qui décrit magnifiquement une terre âpre et violente, déssechée, menançante, où fleurit pourtant un sentiment d'une grande pudeur. A découvrir.
Jessie Burton. Trad. de l'anglais
Gallimard, 499 pages, 22.90€
Amsterdam, octobre 1686, Nella se présente à la porte d'un des plus grands marchands de la ville, Johannes Brandt, qui occupe une grande demeure sur le canal. La jeune fille vient s'installer dans son nouveau foyer. En effet, quelques semaine plus tôt, elle a été unie par les liens du mariage à ce vieil homme qu'elle n'a vu qu'une fois. Mais Johannes n'est pas là pour accueillir sa jeune épouse. A la place, elle fait la connaissance des autres membres de la maisonnée. Marin, sa nouvelle belle-soeur, une femme froide et de caractère. Otto, l'intendant, un Noir, ramené des îles, qui vit caché chez le marchand. Et Cornelia, la bonne qui n'est encore qu'une toute jeune fille. Quand enfin son époux se présente, il se montre aussi froid que les trois autres, plus préoccupé par ses affaires au sein de la Compagnie des Indes que par l'arrivée de la jeune mariée. Désemparée, Nella n'a d'autres occupations que de décorer l'étrange cadeau de bienvenue qu'elle a reçu de Johannes, une maison de poupée, réplique à l'identique de sa nouvelle demeure. Mais bientôt de fâcheux événements viennent pertuber la tranquilité des Brandt. Des événements que semble anticiper l'artisan miniaturiste auprès de qui Nella commande de quoi meubler sa maison en modèle réduit.