C'est Mauthausen qui m'a défini comme homme, je suis encore un homme du camp.
Un récit concentrationnaire sobre, sincère, sans apitoiement et avec même une pointe d'humour. L'auteur est resté au camp de Mauthausen de 1943 à 1945, jusqu'à sa libération par les Américains, et même au-delà, car Kambanellis, désigné comme responsable du retour des déportés grecs, restera plusieurs mois au camp jusqu'au départ, clandestin, des juifs grecs vers la terre d'Israël. Il décrit les sentiments contrastés, entre joie, désir de vengeance, espoir et stupéfaction des survivants.
Simple, direct, paradoxalement "vivant". Un livre à ranger aux côtés de Primo Levi et Imre Kertesz.
Quand rien ne va plus dans la vie que l'on mène, partir apparaît souvent comme une promesse. Mary décide d'emmener son fils, enfant surdoué en échec à l'école, dans une île légendaire de la mer Baltique, l'île de Ven. C'est là, en effet, qu'à la Renaissance, un astronome et savant, Tycho Brahe, a cartographié pour la première fois le ciel du 16ième siècle. Au contact du cosmos et de la nature, Mary et son fils reprennent goût à la vie. Un roman d'une douceur à toute épreuve.
Laurent Petitmangin
La manufacture du livre, 192 p., 16€90
Le narrateur élève seul ses deux fils. Il fait du mieux qu'il peut, tout n'est pas parfait, mais il agit selon son coeur et sa conscience et surtout beaucoup d'amour. Comment peut-on imaginer alors qu'un de ses fils emprunte une voie à ce point différente de la sienne? Et comment l'irrémédiable peut-il surgir si rapidement, dans une existence construite si patiemment et dignement?
Dans ce magnifique premier roman, d'une justesse exceptionelle, l'auteur interroge cette relation père-fils, leurs silences, leurs erreurs, leur acceptation, et c'est bouleversant.
Oscar Lalo
Belfond, 288 p., 18€80
"Je devais être la gloire de l'humanité, j'en suis la lie". C'est le constat que fait Hildegard Muller à la fin de sa vie. Mais avant de mourir, Hildegard voudrait mettre des mots sur ce qu' a été sa vie. Sachant à peine lire et écrire, elle engage un scribe pour consigner son histoire, une histoire que beaucoup ont préféré ignorer : car à quelle catégorie appartient-on quand on est née en 1943 dans un Lebensborn, ces "pouponnières" d'Hitler destinées à créer une race supérieure? Sans identité, sans famille, ces enfants, victimes eux aussi de la barbarie nazie, ont trop souvent été rangés du côté des coupables.
Dans une belle écriture, à la fois forte et poétique, Oscar Lalo parvient avec justesse et sans pathos, à se couler dans les pensées et les sentiments de cette femme au destin si troublé.