Céline Curiol
Actes Sud, 218 pp., 20€
On connaît de Céline Curiol ses quatre romans publiés entre 2005 et 2012, unanimement salués par la critique française et internationale - Paul Auster dira de son premier roman qu'il est « l’un des textes de fiction les plus originaux et les plus brillamment exécutés par un écrivain contemporain ».
Avec « Un quinze août à Paris » elle nous livre un témoignage intime d'un tout autre genre : l'histoire de la dépression dans laquelle elle s'est profondément enlisée au cours de l'été 2009. Voulant écrire « le livre qu'[elle] aurait aimé lire lorsque [sa] vie en dépendait », Curiol a longuement gratté, analysé et étudié l'histoire de sa dépression, pour la transcender et en offrir une vision plus large. Il en ressort un ouvrage extrêmement bien documenté sur l'expérience de la dépression vue de l'intérieur.
À la lumière des discours scientifiques et psychanalytiques mais également de nombreux textes littéraires, elle ausculte les sinuosités de sa pensée tourmentée. Sont ainsi convoqués tour à tour : Freud, J.-C. Ameisen, Sylvia Plath, William James, Stieg Dagerman ou encore Julia Kristeva (entre autres).
Autant d'auteurs qui lui permettent de décrire en mots et en concepts ce mal qui l'a rongée de l'intérieur, l'empêchant de lire, d'écrire et plus simplement de vivre.
Un ouvrage majeur pour comprendre la dépression. Retrouvez la notice de l'éditeur ici
Mathias Menegoz
POL, 696 pp., 23€90
Dans les années 1830, le comte hongrois Alexander Korvanyi débarque, avec sa jeune épouse autrichienne, aux confins de l'empire austro-hongrois, afin de reprendre les rênes du domaine familial, longtemps négligé. Ils découvrent une terre arriérée, en proie aux haines ancestrales . Alexander parviendra-t-il à restaurer la grandeur familiale dans cet environnement hostile et violent?
A la fois grande fresque historique et roman d'aventures, puissant, complexe, servi par une très belle langue classique, voilà le Prix Interallié 2014.
Anne Percin
Rouergue, 392 pp., 22€
En 1888, Pont Aven est devenu le lieu de rencontre de très nombreux peintres. Hugo Boch, jeune artiste belge, en rupture avec sa famille d'industriels (des faïenciers associés aux Villeroy), y pose à son tour ses valises. Il y rencontre Paul Gauguin, Emile Bernard et bien d'autres . Dans sa correspondance avec sa cousine , étudiante en art à Paris, et son ami Tobias, resté à Ostende, c'est toute une époque d'efferverscence artistique qui est croquée avec beaucoup de vivacité, mêlant anecdotes et réflexions sur le sens de l'art. Un roman épistolaire fin, intelligent, attachant.
Hedwige Jeanmart
Gallimard, 261 pp., 18€50
Blanès est une petite station balnéaire de la Costa Brava qui n'a d'autre intérêt que d'avoir hébergé l'écrivain chilien Roberto Bolano. Eva et son compagnon, passionné par l'écrivain, s'y rendent pour une journée. Le lendemain, Samuel disparait. Il est mort, dit Eva à ses proches. Est-ce réellement une figure de style? Totalement perdue, Eva retourne à Blanès pour tenter decomprendre, en suivant les traces de Bolano. En menant cette quête obsessionnelle, monomaniaque, elle fait quelques rencontres assez étranges. Ou plutôt, ne serait-ce pas son regard décalé dû à sa fragilité mentale, qui nimbe sa vision des choses d'absurde et de burlesque, d'angoisse aussi.
C'est drôle, singulier, audacieux. Et c'est signé par une nouvelle auteure belge.