Véronique Ovaldé,
Flammarion, 345 pages, 20€
Dans la cité imaginaire d’Urubuk, au fin fond du pays basque, la jeune Anastasia Bartolome s’impatiente. Un jour, un professeur emmène sa classe voir une exposition et l’adolescente a une révélation devant un tableau de nu féminin peint par Roberto Diaz Uribe. Commence alors pour la jeune fille une quête effrénée sur les traces du peintre : de Paris où elle côtoie un vieux russe fou et alcoolique, fin connaisseur, à la côte espagnole où Dalia Stella, fille du peintre étudie les méduses.
Placé sous le signe du suicide, le roman de Véronique Ovaldé qui remonte à travers les siècles la dynastie des Bartolome n’en est pas moins un récit allègre et fantaisiste où encore une fois l’imagination est au pouvoir.
Audur Ava Olafdottir, trad. de l'islandais
Zulma, 160 pages, 17€50
Quand on est une adolescente aux jambes de coton, on apprend à aborder le monde d’une autre manière. On voit ce que les autres ne voient pas. Telle est Augustina, cet être à part dont Olafdottir excelle à nous peindre le paysage intérieur : le carré de rhubarbe propice à la rêverie, les lettres de sa mère partie au loin à la poursuite des oiseaux migrateurs, la photo de ce père inconnu, le regard de Salomon, le boudin de mouton de cette chère Nina, et le grand projet, l’ascension de la montagne…
Tout en finesse et en délicatesse, Le rouge vif de la rhubarbe amène le lecteur à s’émerveiller du miracle quotidien.
Jean-Baptiste Del Amo,
Gallimard, 432 pages, 21€
Au travers de l’histoire d’une petite exploitation familiale du midi de la France qui va se transformer en élevage porcin, Jean-Baptiste Del Amo nous fait traverser le XXe siècle, ses évolutions technologiques et ses guerres. Avec un sens de l’observation digne d’une autopsie avec une langue à la fois poétique, crue et brutale ainsi qu’un sens du lyrisme bien à lui, il subjugue le lecteur et l’entraîne indubitablement à suivre la folie des hommes et leur cruauté. Qu’il s’agisse d’élever des porcs ou de partir à la guerre, la sauvagerie et la monstruosité sont au bout du chemin. D’ailleurs dans Règne animal, quid de l’homme et de l’animal? Les comportements des uns équivalent à ceux des autres, ils finissent par se manger entre eux. Un grand roman!
Céline Minard
Édi. Rivages, 192 pages, 18€
Une femme décide de se retirer dans la montagne. Elle se fait construire un logement high-tech à flanc de paroi. Tout est prévu : les panneaux solaires, l’approvisionnement en eau, la nourriture en sachet, les nombreuses bouteilles d’alcool et la place du potager. Hors du monde des hommes, dans la plus pure solitude, elle explore jour après jour son territoire montagneux, fait face à l’hostilité des éléments. Mais un jour, elle rencontre l’Autre...
Réflexion sur la vie et ce qu’implique les relations humaines, Le grand jeu de Céline Minard est un livre exigeant par son épure qui déploie un vocabulaire précis et riche ainsi qu’un sens du rythme tout particulier. Une expérience!