Décerné par les libraires du réseau Initiales, le Prix Mémorable couronne la réédition d'un auteur injustement oublié, ou la traduction d'un auteur étranger méconnu. Hors de l'actualité littéraire et du jeu des modes, ce prix met à l'honneur des chefs d'oeuvre ressortis des oubliettes.
Emmanuel Bove fait partie de cette confrérie d'auteurs connus par une poignée d'initiés, lesquels le tiennent pour un styliste hors pair et un merveilleux capteur des sensations infimes.
Découvrez l'ironique Mes amis d'Emmanuel Bove et son anti-héros, mélange de candeur, de misère, d'éclats de lucidité et de bêtise, dans sa quête d'amitié éperdue et magnifique d'inanité. Publié chez l'éditeur L'arbre vengeur.
Karin Boye, Kallocaïne, traduit du suédois
Les moutons électriques, collection Hélios.
Dans un monde où l’état est omniprésent et pense chaque chose afin que les sujets soient obéissants et disciplinés, le chimiste Léo Kall vient de mettre au point la Kallocaïne, un sérum qui permet de dévoiler les pensées véritables, même les plus enfouies, du sujet auquel il est injecté. Outil de contrôle total qui manquait à « L’état Mondial » alors qu’il avait déjà asservi au plus haut point sa population en l’endoctrinant depuis l’enfance, en ne laissant que peu de place à autre chose qu’un dévouement de tous les instants, la Kallocaïne prive l’individu de tout jardin secret.
En effectuant des tests sur des sujets « volontaires », Léo va en effet s’apercevoir que malgré tout, les gens gardent leurs rêves et leurs convictions pour eux-mêmes, ce qui est considéré ici comme de la conspiration.
Écrit sous la forme du journal du chimiste que l’on découvre en détention dès le début du roman, l'auteur livre au lecteur dans une sorte de flash-back ses découvertes sur l’humanité grâce à ses expérimentations avec la Kallocaïne. De là découlera toute la réflexion du roman.
« Je viens de terminer, dans la sueur et l’angoisse, un roman d’anticipation bien plus qu’une utopie. (…) Il y est question de l’état du monde dans le prochain siècle, livré à de grands états totalitaires luttant pour l’hégémonie planétaire et exerçant un contrôle absolu sur leur population » confie Karin Boye à son ami Ebbe Linde dans une lettre datée du 6 septembre 1940.
Publié dans l’année en Suède, Kallocaïne est avec Nous autres d’Evguéni Zamiatine (1920), Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley (1932) et 1984 de George Orwell (1949) l’un des principaux romans dystopiques du XXe siècle. Moins connu que les trois autres, à tort, cette nouvelle traduction et édition française nous permet de découvrir ou de (re)découvrir ce texte fondamental inspiré par les totalitarismes du siècle; un texte sombre et noir mais non sans espoir qui souligne avec force que la liberté est une composante fondamentale de l’humanité et que quoi qu’il arrive, il y en aura toujours certains pour se battre et la retrouver.
Cette année fêtons le nouvel an chinois et les 30 ans des éditions Philippe Picquier!
Créée en 1986, la maison d'édition spécialisée dans la publication de livres venant d'extrême Orient est mise en avant dans notre librairie! Venez découvrir une sélection de titres dont Bronze et tournesol du Chinois Cao Wenxuan, Romanee-Conti 1935 du Japonais Kaiko Takeshi et Neige du Tibétain Pema Tseden.
À l'achat de deux livres de la maison d'édition, une très belle estampe d'Hiroshige vous est offerte.
Claudio Giunta, trad. de l'italien
Editions du Masque, 308 pages, 23.45€
Trois amis, Italiens, trentenaires, célibataires, un rien adolescents attardés passent le mois d'août sur les îles Solovki. Que viennent-ils faire sur ce petit archipel isolé du nord de la Russie au climat plus qu'hostile ? Les îles Solovki n'ont rien de la destination rêvée pour des vacances entre potes ! Cet ancien goulag soviétique est marqué par la douleur et la mort qui ont façonné son paysage. Désolation, froid, bâtiments abandonnés, population rare et désoeuvrée forment une bien étrange carte postale de voyage. Mais au milieu de tout cela se dresse un monastère orthodoxe qui abrite une collection unique d'icônes dont certaines remontent au Moyen Age. Le monastère fait l'objet d'un projet de restauration financé par l'Unesco et mené sur place par des bénévoles venus de toute l'Europe. Deux de nos Italiens sont architectes et participent à la réalisation du futur musée installé dans le monastère, le troisième, qui connait un peu le russe est venu les aider à gérer les maçons, des ouvriers locaux, plus portés sur la boisson que sur le travail. Un beau projet en apparence. Mais tout ne se passe pas comme prévu. Les trois amis se sentent un peu vieux au milieu des étudiants étrangers, ils ont du mal à partager leur dortoir avec les ouvriers, des anciens militaires au tempérament sanguin. Le mois d'août s'achève, c'est l'heure de rentrer à Florence. Pourtant, les trois amis ne prennent pas leur avion, ne téléphonent pas à leurs proches. Ils ne donnent plus signe de vie ! La police russe enquête sommairement et conclut à un malheureux accident, sans doute dû à une imprudence. Alessandro Capace, un jeune journaliste pigiste, sent le bon coup ! Une histoire de disparitions sur fond d'amitié et de bénévolat. Il part aux Solovki, désireux d'écrire un article d'ambiance pour tenir en haleine les lecteurs italiens. Il ne sait pas que ce voyage va le hanter longtemps et qu'il sera bien décidé à percer le mystère de cette volatilisation. Un polar tendu comme on les aime.