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Karin Boye, Kallocaïne, traduit du suédois
Les moutons électriques, collection Hélios.

kallocaineDans un monde où l’état est omniprésent et pense chaque chose afin que les sujets soient obéissants et disciplinés, le chimiste Léo Kall vient de mettre au point la Kallocaïne, un sérum qui permet de dévoiler les pensées véritables, même les plus enfouies, du sujet auquel il est injecté. Outil de contrôle total qui manquait à « L’état Mondial » alors qu’il avait déjà asservi au plus haut point sa population en l’endoctrinant depuis l’enfance, en ne laissant que peu de place à autre chose qu’un dévouement de tous les instants, la Kallocaïne prive l’individu de tout jardin secret.

En effectuant des tests sur des sujets « volontaires », Léo va en effet s’apercevoir que malgré tout, les gens gardent leurs rêves et leurs convictions pour eux-mêmes, ce qui est considéré ici comme de la conspiration.

Écrit sous la forme du journal du chimiste que l’on découvre en détention dès le début du roman, l'auteur livre au lecteur dans une sorte de flash-back ses découvertes sur l’humanité grâce à ses expérimentations avec la Kallocaïne. De là découlera toute la réflexion du roman.

« Je viens de terminer, dans la sueur et l’angoisse, un roman d’anticipation bien plus qu’une utopie. (…) Il y est question de l’état du monde dans le prochain siècle, livré à de grands états totalitaires luttant pour l’hégémonie planétaire et exerçant un contrôle absolu sur leur population » confie Karin Boye à son ami Ebbe Linde dans une lettre datée du 6 septembre 1940.

Publié dans l’année en Suède, Kallocaïne est avec Nous autres d’Evguéni Zamiatine (1920), Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley (1932) et 1984 de George Orwell (1949) l’un des principaux romans dystopiques du XXe siècle. Moins connu que les trois autres, à tort, cette nouvelle traduction et édition française nous permet de découvrir ou de (re)découvrir ce texte fondamental inspiré par les totalitarismes du siècle; un texte sombre et noir mais non sans espoir qui souligne avec force que la liberté est une composante fondamentale de l’humanité et que quoi qu’il arrive, il y en aura toujours certains pour se battre et la retrouver.