Tom Rachman. Trad. de l'anglais.
Grasset, 391 pages, 22.45 €
Dans ce grand journal international basé à Rome, les employés se croisent et se recroisent sans nécessairement se connaitre. A travers le destin de 11 d'entre eux, tous des bras-cassés de l'existence, "les imperfectionnistes", tout en nous faisant pénéter dans les coulisses d'un grand quotidien, l'auteur dresse un portrait très juste des faiblesses de l'être humain, à la fois drôle et pathétique. Il y a ce directeur de publication, petit-fils du fondateur du journal, totalement incapable de décision ; la redoutable rédactrice en chef qui croit contrôler son existence, le préposé aux nécrologies toujours parti le premier, et bien d'autres personnages imparfaits ou malchanceux, mais toujours émouvants.
Un roman polyphonique magistralement orchestré par un jeune auteur à l'étonnante maturité.
François Arango
Métaillé, 370 pages, 19 €
Mexico 1996. Le responsable d'une société pharmaceutique disparait en pleine rue. Quelques jours plus tard, sa femme reçoit un étrange paquet contenant le coeur encore battant de son mari ainsi qu'une tablette reprenant quelques vers d'un poème aztèque. Alexandre Gardel, journaliste français spécialisé dans les faits divers extraordinaires, s'envole pour le Mexique bien décidé à couvrir l'affaire. C'est le commissaire Suarez, un gros homme sans allure mais à l'instinct bien affuté, et Catarina Marin, jeune anthropologue au caractère trempé, qui mènent l'enquête. Gardel, Suarez et Marin se lancent sur la piste de celui qu'ils ont baptisé le Jaguar. Ce denier sème des indices de plus en plus mystérieux qui font référence aux pratiques les plus cruelles de la mythologie aztèque.
Hanne Ørstavik. Trad. du norvégien
Les Allusifs, 144 pages, 14 €
Une mère et son fils de 9 ans, la même nuit, dans la même ville du Grand Nord. Il pense qu'elle fait un gâteau pour son anniversaire à la maison alors qu'elle est sortie à la fête foraine. Elle pense qu'il dort, alors qu'il erre lui aussi dehors. Ils sont tout proches l'un de l'autre. Cette nuit-là pourtant, ils la vivent en parallèle mais de manière tellement différente, éloignée. C'est la nuit des malentendus, des chassés-croisés, de l'incapacité à comprendre les signes que les autres nous envoient. Servi par une écriture sèche et implacable, un roman sous tension qui décrit de façon glaçante l'éloignement des êtres.
Gustav, chef de gare d'une petite ville de province, et sa femme Ruth attendent leur premier enfant. Mais ce qui devait être un grand bonheur tourne au drame. La nuit du 13 décembre 1912, Ruth meurt en donnant naissance à une étrange petite fille. L'enfant est entièrement recouverte de poils. La pharmacienne et le médecin du village se veulent rassurants, d'ici quelques jours cette fourrure aura disparu. Mais les mois passent et rien ne change. Eva est victime d'une maladie extrêmement rare et incurable. Comment vivre avec cette différence ? Comment échapper aux moqueries, aux injures ? A l'école, dans les journaux, auprès des médecins qui viennent l'étudier, Eva n'est rien d'autre qu'un phénomène qu'on cache ou qu'on expose. Erik Fosnes Hansen évoque la différence avec pudeur et sensibilité, dressant le portrait d'une jeune fille qui ne cherche qu'une chose, un peu d'humanité.