Jean Echenoz
Editeur : Minuit Réserver ou commander
Un réalisateur distrait, Robert Bristol, part tourner un film d’action romanesque en Afrique. Evidemment les choses vont s’avérer plus retorses que prévu...
Hommage au cinéma, « Bristol » est un roman virtuose, avec ses phrases qui cabriolent et subjuguent. Empreint d’un humour constant, ce vrai-faux roman noir est singulièrement jubilatoire. La preuve avec les premières lignes du livre !
Un coup de coeur de Marie.
Philippe Manevy
Editeur : Le bruit du monde Réserver ou commander
La Colline qui travaille, c’est La Croix Rousse à Lyon, un quartier bouillonnant, populaire où s’affairaient les canuts dans les ateliers de tissage jusqu’à ce que la crise du textile des années 1980 entraîne leur inexorable déclin. C’est aussi le quartier où ont vécu les arrière-grands-parents, grands-parents et parents de Philippe Manevy. Là où il a de nombreux souvenirs d’enfance. Quatre générations ont donc arpenté les pentes de cette colline, y ont connu l’amour, la joie, la guerre, les crises, y ont usé leurs mains sur des métiers à tisser ou des presses de typographes, y ont élevé des enfants, enterrés des parents. Ce sont tous ces petits moments de la vie que Philippe Manevy fait revivre dans ce récit touchant qui rend hommage aux gens simples qui ont façonné ce quartier de Lyon.
Emilie Desvaux
Editeur : Rivages Réserver ou commander
La Gaijin House, minable pension de famille dans un vieux quartier de Tokyo n’héberge que des étrangers, la plupart étant des jeunes gens un peu flottants, entre deux vies, fuyant le réel et la vie trop crue. Ayant abandonné leur passé, cherchant leur voie (parfois au sens propre) dans ville, ces esseulés vont créer une communauté fragile. Empreint d’une douce étrangeté, un roman d’apprentissage inattendu,dans un Japon loin des clichés.
Coup de coeur de Sophie.
Sandra de Vivies
Editeur : Cambourakis Réserver ou commander
Une femme, la narratrice, trouve sur un marché à Berlin, une boîte de négatifs. Elle va les observer, les scruter, les fictionnaliser et à travers eux guetter les signes qui permettraient de les saisir. Celle qui a pris ces photos, cette femme du lac dont elle croit apercevoir la silhouette n’aurait-elle pas grandi sous le régime nazi ? Les clichés ne représenteraient-ils pas une idéologie de la normalité, questionnante et questionnable, et intrinsèquement tout refus de la différence ?
D’une voix qui perturbe et fascine, à la croisée entre récit, poésie, essai, Sandra de Vivies livre dans « La femme du lac » un texte unique, hybride, d’une rare exigence littéraire. C’est une plongée dans l’effervescence muette des apparences, dans les zones obscures de l’inconscient social et historique. Elle sonde les cryptes des images latentes, révèle ou imagine le non-dit ou l’envers de l’attendu. Surtout elle pose un regard poétique, historique, sensible et en cela rebelle dans le champ littéraire actuel. Elle s’attache à la face spectrale des codes mentaux légués par l’Histoire, qui nous gouvernent sans doute, tout en s’interrogeant sur sa propre identité. Celle de la peur, de ses carcans. Comment atteindre l’autre, comment parler, comment s’exposer ?
C’est un beau travail d’archives sensorielles que nous livre ici l’autrice. Composés de mouvements référentiels constants, « La femme de lac » est en même temps un grand poème ( la façon, par exemple, dont elle utilise la ponctuation - la non utilisation des virgules par exemple) qui casse les codes et passe par des montages à la fois savants et audacieux - presque transgressifs. Sur les spectres intimes et historiques, sur le danger et la beauté des cachettes, sur la psychiatrie, ses horreurs, « La femme de lac » interroge d’une manière tout à fait inédite l’invisible, les fractures, les trouées.
Un coup de coeur de Marie.