Frank Lanot
Le Passeur, 457 pages, 23.50€
Une liste de onze noms, un Colt 45 avec une balle, un petit carnet à spirales où les mots "Dai Dong" sont griffonés sur plusieurs pages, voilà ce que renferme le petit coffre-fort dont Antoine a hérité à la mort de son beau-père. Malgré les réticences de sa femme à explorer le passé de son père, Antoine se sent tenu de suivre les pistes cachées dans ces minces indices, en souvenir de celui que tout le monde appelait Bruneau. Antoine n'a connu que le chef d'industrie à la retraite, mais il sait que, avant de devenir le mari d'Isabelle et le père de Mido, Bruneau a été militaire et qu'il a combattu en Indochine et en Algérie.
Antoine commence par la liste, des pseudos que petit à petit il parvient à déchiffrer. En rencontrant les anciens compagnons d'armes de Bruneau, il découvre les horreurs d'une guerre trop souvent occultée, la guerre d'Indochine. Il découvre surtout un homme, Dai Dong ou de son vrai nom Georges Boudarel, un français devenu l'un des plus cruels gardiens de camp viêtminh. De cette plongée dans l'horreur des camps de redressement au coeur de la jungle vietnamienne, Antoine sortira différent, bouleversé par la cruauté humaine mais aussi par la beauté de la fraternité éternelle unissant ceux qui ont partagé les mêmes combats et les mêmes souffrances.
Mathias Menegoz
POL, 696 pp., 23€90
Dans les années 1830, le comte hongrois Alexander Korvanyi débarque, avec sa jeune épouse autrichienne, aux confins de l'empire austro-hongrois, afin de reprendre les rênes du domaine familial, longtemps négligé. Ils découvrent une terre arriérée, en proie aux haines ancestrales . Alexander parviendra-t-il à restaurer la grandeur familiale dans cet environnement hostile et violent?
A la fois grande fresque historique et roman d'aventures, puissant, complexe, servi par une très belle langue classique, voilà le Prix Interallié 2014.
Anne Percin
Rouergue, 392 pp., 22€
En 1888, Pont Aven est devenu le lieu de rencontre de très nombreux peintres. Hugo Boch, jeune artiste belge, en rupture avec sa famille d'industriels (des faïenciers associés aux Villeroy), y pose à son tour ses valises. Il y rencontre Paul Gauguin, Emile Bernard et bien d'autres . Dans sa correspondance avec sa cousine , étudiante en art à Paris, et son ami Tobias, resté à Ostende, c'est toute une époque d'efferverscence artistique qui est croquée avec beaucoup de vivacité, mêlant anecdotes et réflexions sur le sens de l'art. Un roman épistolaire fin, intelligent, attachant.
Hedwige Jeanmart
Gallimard, 261 pp., 18€50
Blanès est une petite station balnéaire de la Costa Brava qui n'a d'autre intérêt que d'avoir hébergé l'écrivain chilien Roberto Bolano. Eva et son compagnon, passionné par l'écrivain, s'y rendent pour une journée. Le lendemain, Samuel disparait. Il est mort, dit Eva à ses proches. Est-ce réellement une figure de style? Totalement perdue, Eva retourne à Blanès pour tenter decomprendre, en suivant les traces de Bolano. En menant cette quête obsessionnelle, monomaniaque, elle fait quelques rencontres assez étranges. Ou plutôt, ne serait-ce pas son regard décalé dû à sa fragilité mentale, qui nimbe sa vision des choses d'absurde et de burlesque, d'angoisse aussi.
C'est drôle, singulier, audacieux. Et c'est signé par une nouvelle auteure belge.