Dans Le roi qui voulait voir la mer, Gérard de Cortanze évoque quelques journées particulières du mois de juin 1786 durant lesquelles Louis XVI entreprit un voyage inédit : une escapade en Normandie, loin des fastes de Versailles, accompagné seulement d'une poignée de conseillers et d'une garde armée réduite. Passionné par la géographie, la cartographie et les voyages d'exploration, Louis XVI pouvait citer toutes les parties d'un bateau de même que tous les membres de l'équipage, connaissait les voies maritimes, les légendes sur les monstres peuplant les mers du monde, lisait avec passion les récits des explorateurs partis naviguer en terres inconnues. Pourtant, à 32 ans, il n'avait jamais vu la mer. Prétextant la nécessité de surveiller l'avancement de travaux en cours à Cherbourg afin de sécuriser le port face à une éventuelle attaque anglaise, le roi décide de se rendre sur la côte. Ce voyage est une vraie parenthèse pour Louis XVI qui ne supporte pas les flagorneries des courtisans, les intrigues du palais, le décorum accompagnant chacun de ses mouvements. Pendant quelques jours, il part à la rencontre du peuple, dort dans des auberges, sillonne des routes de campagne et contemple enfin cette mer dont il a tant rêvé ! Lui que l'on dit inculte et mou, dont les proches se moquent en coulisses et le flattent en public, si peu à l'aise dans son palais, apparaît ici comme un homme drôle, curieux, à l'écoute de son peuple, conscient de la nécessité d'entreprendre des réformes. Un voyage réjouissant en compagnie d'une homme attachant !
521 romans sont attendus en librairie d'ici fin octobre. Déjà nos tables sont couvertes de nouveautés. Et bien que nous nous plaignions comme chaque année de cette abondance, c'est en fait avec beaucoup de fébrilité et d'impatience que nous ouvrons les colis à la recherche de pépites. Voici les 21 premiers coups de coeur de l'équipe d'A Livre ouvert, d'auteurs connus ou à découvrir, styles et thèmes confondus. Bonne lecture!
Lire la suite : rentrée littéraire 2021 : nos 21 coups de coeur
Kawai Strong Washburn pour son premier roman, nous propose un récit tout simplement beau. Un auteur qui sera certainement à suivre...
Emmett est mort et la scène terrible de son agonie tourne en boucle sur les chaînes d'informations et les réseaux sociaux. L'homme d'une quarantaine d'années meurt étouffé sous le genou d'un policier venu l'interpeller dans une petite épicerie pakistanaise du quartier de Franklin Heights à Milwaukee. C'est le gérant qui a appelé la police, méfiant devant un billet de 10 dollars qui lui semblait faux. Appeler le 911, c'est la procédure. Pourtant le commerçant ne se doutait pas que cet appel allait engendrer un drame qui bouleverserait l'Amérique mais aussi le monde. Le visage d'Emmett est partout et ceux qui l'ont connu sont atterrés devant les images insoutenables de son supplice. Ils se souviennent du petit garçon qui faisait la fierté de sa mère, du jeune sportif rêvant d'une carrière dans le football américain, de l'homme brisé par un accident mettant fin à ses illusions, d'un père se tuant au travail pour élever ses trois filles. Tour à tour des témoins prennent la parole pour évoquer la vie d'Emmett dont la condition d'homme noir dans un quartier défavorisé d'une des villes les plus pauvres des Etats-Unis semblait vouée au drame. Librement inspiré par le meurtre de George Floyd en mai 2020, Milwaukee Blues est un magnifique roman choral où l'espoir d'un monde meilleur semble pouvoir naître d'une tragédie.