En 1949, à quarante-six ans, Eva Fitzgerald prend une décision radicale qui changera le cours de sa vie mais aussi celui des autres membres de sa famille. Son fils et sa fille pouvant maintenant voler de leurs propres ailes, elle quitte son mari. Mais dans l'Irlande puritaine d'après-guerre, le divorce n'est pas permis. Eva restera donc toujours mariée à Freddie, dépendant même de lui pour ouvrir un compte bancaire ou voyager. Qu'importe, Eva étouffe dans sa vie. Après avoir vécu des années difficiles auprès d'un mari alcoolique et déprimé dans la maison ancestrale de la famille Fitzgerald, Glanmire House, Comté de Mayo, Eva veut enfin mettre en oeuvre le serment fait à sa mère le jour de son mariage : "Quoi que la vie te réserve, promets-moi de te battre bec et ongles pour le droit au bonheur". Mais le monde n'est pas fait pour une femme libre, indépendante et aspirant au bonheur ! Qu'importe, Eva se laissera porter par la vie, enchaînera les petits boulots pour pouvoir profiter de la douceur de vivre en Espagne ou au Maroc, installera sa caravane au milieu de nulle part, s'engagera dans des combats pour la paix, la tolérance, l'écologie ou la protection des animaux. Qu'importe si on la prend pour une bohême excentrique, son empathie et sa capacité à voir de la lumière même dans les moments les plus sombres, la rendent attachante et nombreux sont ceux à venir chercher un peu de sa sagesse dans son Arche de lumière. Pourtant la vie ne l'épargnera pas et souvent elle devra réintégrer le monde réel. C'est toujours pour sa famille qu'elle renoncera un temps à la vie qu'elle s'est rêvée. Elle veut sauver son fils, homosexuel, qui subit lui aussi l'ostracisme de la société irlandaise des années 50 et sa fille, perpétuellement en quête de reconnaissance et de pouvoir, qui se retrouve elle aussi prisonnière d'un mauvais mariage, isolée dans la plantation de son mari au Kenya. Autant de drames qui la pousseront de plus en plus à retrouver l'isolement de son arche. A près de cent ans, sentant ses forces l'abandonner, Eva revient sur ses cinquante années de lutte pour son droit au bonheur.
Une arche de lumière
Dermot Bolger, trad. de l'anglais par Marie-Hélène Dumas
Joelle Losfeld, 458 pages, 23€