Hamit Bozarslan
Tallandier, 590 pages, 26.90€
Né en Anatolie au XIIIe siècle, l'Empire ottoman s'étend trois siècles plus tard des portes de Vienne au Yémen, de l'Algérie à l'Irak. Qualifié d'«homme malade de l'Europe» à l'aube de la Grande Guerre, il s'effondre en 1923 et cède la place à la république kémaliste. Aujourd'hui, la Turquie contemporaine, dotée d'un système politique pluraliste, est candidate à l'Union européenne - candidature à laquelle la question kurde, la reconnaissance de Chypre et du génocide arménien font encore obstacle.
Fondé sur les ruines de l'Empire byzantin et du sultanat seldjoukide, l'Empire ottoman connaît plusieurs siècles de victoires et de conquêtes territoriales, avec en point d'orgue celle de Constantinople en 1453 par le sultan Mehmed II, dit le Conquérant. Le règne de Suleyman le Magnifique, sorte d'âge d'or ottoman, vient parachever cet empire universel et véritable puissance musulmane. C'est aussi la mise en place d'un État sacralisé qui explique sa longévité : plus de 600 ans, une exception dans le monde musulman. Au début du XIXe siècle, l'empire, en crise, tente de se réformer : un nouvel ordre, les Tanzimat («réorganisations»), instaure un absolutisme éclairé, qui est suivi du règne autocratique d'Abdülhamid II et de la révolution jeune-turque de 1908. Après une décennie de guerre, un régime autoritaire, s'identifiant à Mustafa Kemal, voit le jour.
À la lumière de ces sept siècles d'histoire et à travers une approche originale, Hamit Bozarslan donne à comprendre la Turquie d'aujourd'hui, celle de Recep Tayyip Erdogan, considérée comme une puissance émergente.
Notice de l'éditeur
Thierry Lentz
Perrin, 385 pages, 26.95 €
De novembre 1814 à juin 1815, entre Restauration et Empire, se tient dans la capitale autrichienne la plus grande réunion diplomatique de l'histoire, destinée à réorganiser une Europe bouleversée par vingt-deux années de guerres. Elle fut bien plus qu'un tourbillon de fêtes, de bals et de spectacles. Dans cette ample machinerie de 300 délégations, le Français Talleyrand, représentant des vaincus, sut manoeuvrer avec maestria. Mais l'épisode des Cent-Jours vint tout compromettre, et le congrès reste, pour les Français, un mauvais souvenir. Ont-ils raison ? «Mon but, explique l'auteur, a certes été de raconter l'événement - ce qui vaut la peine -, mais aussi (...) d'évaluer l'importance de ses rebondissements, d'analyser ses décisions et leurs conséquences, sans me priver d'aller me promener dans ses coulisses.» Détaché du point de vue gallocentrique, cet ouvrage est en vérité le premier qui embrasse le congrès de Vienne dans toutes ses dimensions, en le rendant pleinement à son temps.
Notice de l'éditeur
Michel Pernot
De Fallois, 475 pages, 28.05 €
Henri III fut de son vivant un souverain très impopulaire parce qu'il ne correspondait pas à l'idée du roi de France telle que ses sujets la concevaient. Il ne combattait pas en personne à la tête de ses troupes ; on l'imaginait donc comme un prince pusillanime. Il donnait la préférence aux activités intellectuelles sur les exercices physiques ; on en concluait qu'il voulait mener une existence molle et efféminée, d'autant que son extrême propreté corporelle étonnait et scandalisait. Il entretenait à grands frais une cour brillante et faisait peser une fiscalité écrasante sur les contribuables ; pour ses contemporains le produit des impôts était tout simplement destiné à remplir les poches de ses favoris, les mignons. Enfin, plus dévot que le plus austère des capucins, il multipliait pèlerinages et pratiques pénitentielles pour obtenir un fils et le salut du royaume ; ce n'était là, croyait-on, que pure hypocrisie.
Pour l'historien, Henri III fut un prince épris de paix, soucieux d'épargner à son peuple les horreurs de la guerre civile. Les fêtes de cour, ballets et mascarades, devaient réconcilier catholiques et protestants et, dans une optique néoplatonicienne, rétablir l'harmonie détruite par les troubles. Il fut aussi un souverain réformateur, désireux de remédier aux abus et aux dysfonctionnements de l'État et de l'Église ; malheureusement la grande ordonnance réformatrice de Blois (1579) n'a jamais pu être appliquée. Enfin, doté d'une réelle intelligence politique, Henri III définit très clairement les conditions nécessaires à l'extinction des guerres de Religion : donner un statut aux huguenots (l'édit de Poitiers, modèle de l'édit de Nantes, y pourvut dès 1577), reconnaître comme héritier légitime le protestant Henri de Navarre, son cousin au 22e degré, et convaincre celui-ci de rejoindre le catholicisme pour pouvoir régner légitimement sur la France (il ne le fera qu'en 1593).
Notice de l'éditeur
Charles C.Mann. Trad. de l'anglais
Albin Michel, 530 pages, 26.95 €
Christophe Colomb n'a pas seulement découvert le Nouveau Monde, il a aussi été, sans le vouloir, à l'origine de la création d'un monde nouveau.
Charles C. Mann nous offre ici une relecture passionnante de ce moment clé de l'histoire de l'humanité. Après 1491, formidable état des lieux des cultures précolombiennes avant la découverte de l'Amérique, ce nouveau livre aborde l'« Échange colombien » : l'incroyable circulation de matières premières, de plantes et d'animaux qui s'est développée dès 1492 entre le Nouveau Monde et le reste de la planète. Archéologues, scientifiques, botanistes, entomologistes, anthropologues, géographes, biologistes et historiens soulignent à quel point cet échange a été déterminant.
Ses conséquences ont été aussi importantes sur le plan politique et humain (légalisation de l'esclavage, commerce triangulaire) que sur le plan biologique (le transfert de certains animaux, de végétaux et de micro-organismes d'un continent à l'autre ayant littéralement bouleversé les systèmes écologiques). Pour Charles C. Mann, c'est la naissance de ce monde globalisé qui est aujourd'hui le nôtre.
Notice de l'éditeur