Joao Tordo. Trad. du portugais.
Actes Sud, 330 p., 22.80 €
Un écrivain raté, misanthrope et hypocondriaque, rencontre lors d'un colloque à Budapest un jeune Italien fougueux qui l'entraîne un peu malgré lui à venir séjourner dans le domaine du célèbre et mystérieux producteur Don Metzger. Cette demeure, nichée au milieu des bois, hors de portée des antennes GSM, est occupée par une faune d'artistes, d'écrivains et d'acteurs, tous plus ou moins parasites et s'adonnant à la boisson. Le mécène et propriétaire des lieux n'est attendu que plus tard. Mais le lendemain de l'arrivée de notre narrateur, on retrouve dans le lac le cadavre de Don Metzger. Son fidèle serviteur, qui partageait la même passion que son protecteur pour les montgolfières, pris d'une folie vengeresse, séquestre tous les invités pour trouver le coupable. L'ambiance, jusqu'alors festive, tourne au vinaigre, d'autant que d'autres morts violentes se succèdent.
Un huis clos asphyxiant, une intrique labyrinthique, des personnages complexes...ajoutez à cela un style brillant et vous obtenez un polar hors norme, à la fois littéraire et trépidant.
William Trevor. Trad. de l'anglais.
Phébus, 252 p., 21 €
Cet été-là, c'est l'histoire d'une rencontre, d'un amour bref et déchirant.
Années 50, dans une petite ville irlandaise. Ellie, enfant trouvée élevée dans un orphelinat, a été placée chez un fermier taciturne, marqué par la mort accidentelle de sa femme. Plus tard, ils se sont mariés, plus par raison que par passion, ce qui n'exclut pas la tendresse. Lors d'un enterrement, Ellie croise Florian Kilderry, jeune homme sorti de nulle part, qui photographie l'événement. Et c'est l'amour qui illumine soudain son existence terne, lui fait découvrir des sentiments jusqu'alors ignorés. Ellie se prend à rêver que Florian lui fasse quitter ce quotidien. Mais lui ne pense qu'à partir de ce pays auquel plus rien ne le rattache.
Le regard que l'écrivain porte sur ses personnages est plein d'empathie : d'une grande pudeur, il ne s'appesantit pas, suggère, décrit les gestes. Trevor, grand peintre des sentiments, approche par petites touches délicates toutes ces émotions retenues, cette passion insensée couvant sous la simplicité apparente d'une vie à la campagne.
Qu’est-ce que rêver ? Qu’est-ce qu’interpréter ?
Selon Freud, l’interprétation du rêve est véritablement la « voie royale » menant à la connaissance de l’inconscient : la méthode de l’association libre doit permettre d’y découvrir un sens caché. Mais en clinique transculturelle, le rêve apparaît déjà interprété de l’intérieur par la culture. Comment comprendre cela ? L’auteur retrace à cet égard les apports de Géza Roheim (Les portes du rêve) et surtout de Georges Devereux (Psychothérapie d’un Indien des Plaines. Réalité et rêve est le premier compte rendu complet d’une thérapie transculturelle). Elle propose ensuite de redécouvrir un concept freudien longtemps considéré comme mineur : celui de l’élaboration secondaire du rêve. Il s’agit du remaniement préconscient de sa façade qui le rend intelligible et communicable dans le registre de la pensée diurne. C’est lui qui ordonne les choses selon la logique culturelle du rêveur, selon sa « vision du monde ». À travers la thérapie ethnopsychanalytique d’une jeune femme marocaine à Bruxelles, le rêve apparaît bien comme un lieu privilégié de ce qui se noue entre l’individu et son univers culturel. Il reste toujours le paradigme du travail psychique dans la cure et dans le transfert.
Irvin Yalom. Trad. de l'américain.
Galaade, 642 pages, 24.40 €
Avez-vous déjà lu les livres du Dr Irvin Yalom ? Si ce n'est pas encore fait, voici un auteur à découvrir. Il vous enrichira, vous amusera, vous intéressera à des problèmes qui jusque là vous semblaient réservés à de lourds ouvrages scientifiques. Après les débuts de la psychanalyse dans "Et Nietzsche a pleuré", la philosophie de Schopenhauer, etc..., Yalom nous entraine dans ce dernier opus dans deux histoires, deux époques assez différentes qu'il fait entrer en résonance.