Maria Semple. Trad. de l'anglais
Plon, 370 pages, 23.70 €
Mais qui est donc Bernadette ? Epouse d'Elgin Branch, un gourou de l'informatique, qui ne vit que pour son travail et mère de Bee, adolescente fragilisée par une enfance marquée par la maladie, Bernadette vit quasi en ermite dans une grande maison délabrée et ne communique que par mail avec une assistante virtuelle dont la société est basée en Inde. Cette mère de famille originale ne cadre pas du tout avec les autres parents d'élèves de l'école de sa fille. Très loin du modèle calibré des petites bourgeoises bigotes de Seattlle, elle est la risée de ces mères actives dans tous les comités. Bernadette a peur de tout mais surtout des gens et a créé son propre petit monde dont Bee est le centre. Dès lors, lorsque Bee rappelle à ses parents une promesse faite des années plus tôt, avec sans doute un peu de désinvolture, l'univers de Bernadette est sur le point de s'écrouler. "Si tu n'as que des A pendant toute ta scolarité, nous sommes d'accord de t'emmener en voyage en famille en Antarctique", voilà une récompense que Bee n'a jamais oubliée et, à peine son dernier bulletin reçu, elle s'empresse de programmer ce voyage dont elle rêve depuis toujours. Comment Bernadette va-t-elle supporter la proximité des gens, le mal de mer, le froid, l'inconnu ? Impossible ! A quelques heures du départ Bernadette disparait ! Bee se plonge alors dans la vie de sa mère pour essayer de la retrouver et découvre des mails, des notes, des lettres provenant de son père, de cette mystérieuse assistante indienne, des mères coincées de ses copines de classe, de psychiatres mais aussi de personnes qui ont connu la Bernadette d'avant, la femme brillante qui impressionnait tout Los Angeles. Maria Semple nous raconte avec humour les aventures loufoques d'une femme névrosée et en profite pour égratigner ceux qui veulent à tout prix rester dans le rang.
Elliot Perlman. Trad. de l'anglais
Robert Laffont, 585 pages, 25.95 €
Lamont Williams, jeune noir issu des quartiers défavorisés du Bronx, sort de prison après six années de détention pour une bêtise de jeunesse. Six années durant lesquelles il a perdu tous ses repères et surtout sa fille, enlevée par sa mère et dont il est sans nouvelle. A trente ans, il partage un sordide appartement avec sa grand-mère sans aucune perspective d'avenir. Lamont se voit pourtant offrir un poste au service d'entretien d'un hôpital et reprend espoir de retrouver le droit chemin. Mais, dès la première semaine il enfreint le règlement en raccompagnant un malade à sa chambre. C'est ainsi qu'il fait la connaissance de monsieur Mandelbrot. Ce vieil homme atteint d'un cancer en phase terminale est aussi un rescapé des camps de la mort. Entre les deux hommes se noue une amitié improbable faite de longues heures de conversations durant lesquelles Mandelbrot raconte son histoire. Adam Zignelik, lui, est professeur d'histoire à Columbia.
Lire la suite : La mémoire est une chienne indocile / Littérature étrangère
Franck Maubert
Ecriture, 184 p., 21.25 €
Quand Franck Maubert, journaliste gastronomique privé de sa rubrique, revient à Richelieu où il a passé de beaux moments avec sa tante, , c'est pour faire le deuil de cette dernière. Jour après jour, il arpente les rues de cette ville close, désertée, enfermée dans des murs trop hauts et un passé trop lourd. Il fait la connaissance de quelques rares habitants, qui semblent englués dans l'atmosphère pesante de la cité. D'autant que les lettres d'un corbeau, puis des morts étranges minent encore un peu plus ce climat délétère.
Un roman envoûtant, à l'écriture mélancolique, proche d'un Modiano, qui plonge le lecteur dans l'atmosphère mystérieuse de cette ville, hantée par le fantôme du Cardinal. A découvrir.
Du même auteur : "Le dernier modèle", récit sur le dernier amour de Giacometti, prix Renaudot de l'essai.
Hubert Haddad
Zulma, 188 p., 17 €
Le peintre Matabei Reien, après avoir été impliqué dans un accident mortel, se retire de sa vie et va s'installer au fin fond de l'ile d'Honshu, à l'auberge de dame Hison, ancienne courtisane, lieu retiré où se retrouvent ceux qui veulent se tenir à l'écart du monde. Au fond du jardin vit discrètement le vieux Osaki, peintre d'éventail et maitre de cet eden, miroir de l'âme, créé dans la plus pure tradition zen. A la mort d'Osaki qui lui avait un peu enseigné son art, c'est tout naturellement que Matabei deviendra l'héritier de cet enclos parfait, et qu'il trouvera dans les éventails du maitre les clés pour perpétuer l'esprit de ce jardin.