Jaume Cabré. Trad. du catalan.
Actes Sud, 772 pages, 26 €
Un chef d'oeuvre monumental, labyrinthique qui emporte le lecteur à différentes époques, passant d'un lieu à l'autre, questionnant aussi bien l'amour, l'amitié, le poids des fautes familiales que l'art, la musique, le mal, la beauté, la connaissance.
Pour tenter de le résumer, on pourrait dire que c'est une longue adresse à Sara, l'amour de sa vie, par Adrià Ardevol, qui extirpe jusqu'à ses plus anciens souvenirs, avant que tout ne s'efface de sa conscience malade, depuis son enfance entre un père autoritaire, qui tient un magasin d'antiquités, exigeant de son fils qu'il apprenne une dizaine de langues, et une mère qui veut à tout prix faire de son fils un prodige de violon; jusqu'au soir de sa vie. Le roman est bien plus que l'histoire d'Adrià car au fur et à mesure que se déroule l'histoire de sa vie, ce sont aussi cinq siècles de l'histoire de l'Europe qui surgissent, du Moyen Age à l'Inquisition, du nazisme au franquisme, en nous faisant passer d'un monastère dans les Pyrénées à Anvers ou au Vatican, ...
Bien sûr ce livre requiert une lecture attentive car Jaume Cabré peut, à l'intérieur d'une même phrase, changer d'époque, de narrateur, de lieu. Et pourtant, pour peu qu'on se laisse porter, c'est un livre très fluide, véritablement passionnant et pétri d'intelligence. Eblouissant!
Liad Shoham, trad. de l'hébreu.
Les Escales, 372 pages, 25.40 €
Après le viol d'une jeune fille dans un quartier résidentiel de Tel Aviv , les médias sont en émoi, et la police, sous pression, est sommée de trouver un coupable rapidement. Le commissaire Nahoum est de la vieille école : il préfère prendre son temps et ne pas avoir affaire aux journalistes. Mais de jeunes policiers sont là, cherchant à provoquer son faux pas pour prendre sa place. Et le père de la victime se met en tête de cherche lui-même le coupable et trouve justement le suspect idéal, lequel ne semble pas vouloir se défendre de manière cohérente.
Un suspense extrêment bien construit qui, de fausses pistes en rebondissements, entraine le lecteur au coeur du monde de la justice, la police et des médias.
Peter Longerich. Trad. de l'allemand
Héloïse d'Ormesson, 874 pages, 33.70€
Premier biographe à avoir puisé méthodiquement dans les carnets de Joseph Goebbels, Peter Longerich pénètre, par ce biais inédit, dans l'intimité du pouvoir national-socialiste. Il révèle ainsi, de l'intérieur, la pathologie narcissique de l'architecte de la propagande nazie, et dévoile les relations complexes qui l'unissaient à sa femme et à Hitler - évoquant même un triangle amoureux. Simultanément, il souligne le rôle endossé par Goebbels d'inconditionnel du Führer jusque dans le suicide. Enfin, s'appuyant sur les enregistrements de ses discours, l'historien explore les rouages de la «méthode Goebbels», manipulation des masses et démagogie, qui a façonné l'opinion publique allemande, entièrement contrôlée par le parti.
Somme monumentale, la biographie de Joseph Goebbels démonte pièce par pièce la machine du concepteur de la «guerre totale», à l'origine de ce régime camisole, et met à nu la sidérante personnalité de l'un des hommes les plus influents du IIIe Reich.
Notice de l'éditeur
Bruno Colson
Perrin, 497 pages, 28.40€
Durant quatre jours, du 16 au 19 octobre 1813, plus de 500 000 hommes combattent autour de Leipzig, faisant de cette bataille la plus grande jamais livrée jusqu'alors. Géante par ses proportions, Leipzig l'est aussi par son enjeu puisque son issue va décider du sort du Grand Empire, édifié par Napoléon à coups de victoires depuis Austerlitz. Face aux 200 000 combattants de la Grande Armée, les Alliés russes, autrichiens, prussiens et suédois parviennent à mobiliser plus de 300 000 hommes et, à l'issue d'une première journée indécise, à infléchir le cours des événements en leur faveur. La défaite se transforme en déroute, condamnant les Français à refluer sur le Rhin.
Pour raconter cette «bataille des Nations», Bruno Colson a fait le choix d'enrichir la vision stratégique et tactique par un récit au plus près des combattants, tant alliés que français. Il nous fait plonger directement dans l'enfer des affrontements, racontés heure par heure, avec des détails rarement donnés, puisés à des sources inédites ou méconnues. Par sa durée et son étendue, Leipzig offre une grande variété de types de combat et permet de mieux comprendre ce qui se passait vraiment dans une bataille napoléonienne. En découle une lecture d'une rare intensité qui renouvelle en profondeur l'histoire de la guerre.
Un livre novateur qui fera date.
Notice de l'éditeur