Jaume Cabré. Trad. du catalan.
Actes Sud, 772 pages, 26 €
Un chef d'oeuvre monumental, labyrinthique qui emporte le lecteur à différentes époques, passant d'un lieu à l'autre, questionnant aussi bien l'amour, l'amitié, le poids des fautes familiales que l'art, la musique, le mal, la beauté, la connaissance.
Pour tenter de le résumer, on pourrait dire que c'est une longue adresse à Sara, l'amour de sa vie, par Adrià Ardevol, qui extirpe jusqu'à ses plus anciens souvenirs, avant que tout ne s'efface de sa conscience malade, depuis son enfance entre un père autoritaire, qui tient un magasin d'antiquités, exigeant de son fils qu'il apprenne une dizaine de langues, et une mère qui veut à tout prix faire de son fils un prodige de violon; jusqu'au soir de sa vie. Le roman est bien plus que l'histoire d'Adrià car au fur et à mesure que se déroule l'histoire de sa vie, ce sont aussi cinq siècles de l'histoire de l'Europe qui surgissent, du Moyen Age à l'Inquisition, du nazisme au franquisme, en nous faisant passer d'un monastère dans les Pyrénées à Anvers ou au Vatican, ...
Bien sûr ce livre requiert une lecture attentive car Jaume Cabré peut, à l'intérieur d'une même phrase, changer d'époque, de narrateur, de lieu. Et pourtant, pour peu qu'on se laisse porter, c'est un livre très fluide, véritablement passionnant et pétri d'intelligence. Eblouissant!