Meg Wolitzer, trad. de l'anglais
Rue Fromentin, 250 pages, 21€
Après Les Intéressants, que nous avions déjà beaucoup aimé, voici La doublure, un nouveau roman tout aussi réussi, signé Meg Wolitzer. Joan et Joe Castleman ont pris l'avion pour Helsinki où Joe doit recevoir un prix prestigieux, le couronnement de sa carrière d'écrivain. Alors que son mari se réjouit d'être l'objet des toutes les attentions, Joan, elle, profite du vol pour se remémorer leur vie de couple.
À leur rencontre, dans les années 50, elle était encore une toute jeune étudiante et lui un professeur débutant, marié et père d'un enfant. Brisant toutes les règles, les jeunes amants s'enfuient à New York où ils vivent quelques années de galère avant que Joe ne publie son premier succès littéraire. Depuis, il est considéré comme un auteur majeur de la littérature américaine, invité dans les universités, les librairies, les soirées mondaines. Sa femme l'accompagne dans tous ses déplacements où elle ne trouve guère sa place. Joan est devenue une femme au foyer, la mère de trois enfants, une épouse trompée, vivant dans l'ombre de son célèbre mari. Fatiguée de cette vie sans relief, de ce couple bâti sur un mensonge, Joan semble décidée à quitter Joe. Mais Joe survivrait-il au départ de son épouse ? Peut-elle balayer ainsi quarante ans de vie commune ?
Anna Hope, trad. de l'anglais.
Gallimard, 385 p., 23 €.
Londres, dans les premiers jours de novembre 1920, attend le rapatriement du soldat inconnu. Pendant les journées qui précèdent son arrivée, nous suivons les destins de trois femmes, qui vont s'entrecroiser sans jamais se rencontrer. Trois femmes qui, d'une manière différente, ont vu leur vie bouleversée par la guerre. Evelyn, dont le fiancé a été tué au front, ne parvient pas à surmonter sa peine, s'aigrit, devient rude. Ada, dont le fils est mort dans des circonstances inconnues, continue à le voir dans la rue. Hettie, quant à elle, se demande comment échapper à sa condition, comment vivre sa vie de jeune fille dans l'atmosphère si pesante de l'après-guerre. Qu'elles soient mère, amante, ou soeur de ces soldats morts ou brisés, ces femmes à la douleur pudique doivent composer avec Le chagrin des vivants.
Un roman juste et sensible, à l'intrigue subtilement menée.
OLivier Bourdeaut
Finitude, 159 p., 15,50 €
Dans cette famille, la banalité est proscrite. Une vie de fêtes et de plaisirs, sans contraintes, toujours à la recherche de l'inattendu. Papa et maman dansent au son de "Mr. Bojangles" de Nina Simone, sous le regard émerveillé de leur fils, en présence du quatrième membre de la famille, "Mlle Superfétatoire", une grue de Numibie. Ils s'aiment, les amis sont nombreux, la grâce et l'émerveillement toujours intacts et la réalité bien loin de chez eux. L'enfant , narrateur de cette histoire, adore cette vie extravagante, même s'il est conscient qu'un autre ordre existe. Mais jusqu'où peut-on préserver cette existence irréelle? Jusqu'à quand cette fantaisie se tiendra-t-elle éloignée de la folie?
Une magnifique histoire d'amour fou où le désespoir se cache sous un voile de pudeur et de poésie.
Elena Ferrante, trad. de l'italien.
Gallimard, 553 p., 23.50€
Énorme coup de coeur pour ce roman qui raconte l'amitié entre Lila et Elena, 16 ans, à Naples, dans les années 60. À la fois ample, vivante et vibrante, cette fresque nous plonge dans la vie d'un quartier populaire en plein boom économique mais toujours dans une société dominée par les hommes. Ce roman d'apprentissage fouille sans concession les ressorts d'une amitié essentielle, pourtant faite de rivalités, cette saga nous fait vivre au rythme de ses personnages, et ceci avec une extrême sensibilté.
À lire aussi : L'amie prodigieuse, le premier volume (déjà paru en Folio) sur l'enfance de ces deux héroïnes inoubliables .