Tout au long de notre histoire, des hommes et des femmes, individuellement ou en groupe, ont fait preuve de courage, d'engagement, de créativité, de curiosité mais aussi de convoitise, de cruauté, de désir de supériorité ou de vengeance, façonnant peu à peu le monde dans lequel nous vivons. Les historiens se sont penchés sur les destins d'exceptions de ces peuples, nations, groupements, hommes et femmes qui ont marqué de leur empreinte notre histoire.
À nous maintenant, lecteurs, d'être curieux, étonnés, critiques, enthousiastes ou révoltés en nous plongeant dans ces passionnants ouvrages que nous vous proposons cet hiver!
Europa, notre histoire : l'héritage européen depuis Homère (Collectif, Les Arènes, 1385 pages, 39€): "109 historiens venus du monde entier racontent vingt-cinq siècles d'histoire de l'Europe, son imaginaire, ses utopies, ses démons, ses trous noirs, tout ce qui, dans le passé, irrigue le présent et constitue la mémoire du continent."
La transformation du monde : une histoire globale du XIXe siècle (Jürgen Osterhammel, Nouveau Monde, 1483 pages, 34€): "Synthèse magistrale d'une époque en plein bouleversement, La transformation du monde revisite les classiques de l'histoire, de l'économie et de la sociologie qui ont alimenté notre vision du XIXe siècle. L'urbanisme, les moyens de transport et de production, la circulation des hommes et des marchandises, les influences culturelles, scientifiques, environnementales sont autant de thématiques étudiées."
Les routes de la soie : l'histoire du coeur du monde (Peter Frankopan, Nevicata, 731 pages, 27€): "Peter Frankopan, historien et professeur à l'Université d'Oxford, nous propose une nouvelle lecture de l'histoire, d'Alexandre le Grand aux luttes géopolitiques du XXe siècle, en optant pour un changement de point de vue radical. Il ne la considère pas à partir de la Grèce ou de la Rome antiques, mais en choisissant comme référence une région située à mi-chemin entre Orient et Occident, qui va des rives orientales de la Méditerranée jusqu'à la Mer Noire et à l'Himalaya".
Nouvelles histoires extraordinaires des matières premières (Alessandro Giraudo, François Bourin, 250 pages, 19€) : "Dès l'aube de la civilisation, les matières premières, sources de richesse et de bien-être, ont été un ressort essentiel du développement de nos sociétés. Elles ont aussi alimenté des guerres féroces, des actions d'espionnage et une contrebande sans merci, marchands et banquiers, espions et scientifiques, explorateurs et marins, tous se battent depuis toujours pour acquérir le secret de fabrication et contrôler l'offre. Dans ce deuxième volume, l'auteur nous conte une quarantaine de nouvelles histoires pleines d'aventures sur les traces du curcuma, du corail, de l'ambre, du jade, etc."
Histoire du monde ( J.M.Roberts et O.A. Westad, Perrin, 1500 pages, 54,70€) : "C'est à une formidable narration de l'histoire humaine que nous convient les auteurs, des débuts de la civilisation, avec la naissance de l'agriculture dans le croissant fertile, jusqu'à la montée en puissance de l'espace asiatique, emmené par la Chine."
Urbs : histoire de la ville de Rome, des origines à la mot d'Auguste (Alexandre Grandazzi, Perrin, 768 pages, 33,70€): "L'auteur revient sur l'extraordinaire destin de cette ville et de ses habitants. Aujourd'hui encore de nouvelles fouilles archéologiques permettent de mieux comprendre l'évolution de la ville. Voici donc "une histoire où les événements se traduisent en monuments, et où les monuments sont autant d'événements."
Visiteurs de Versailles : voyageurs, princes, ambassadeurs, 1682-1789 (Collectif, Gallimard, 335 pages, 45€): "Dès 1682, lorsque le Roi Soleil officialisa le transfert de la cour et du gouvernement, le château de Versailles devint un lieu à voir mais aussi où il fallait être vu. Certains viennent simplement dans l'espoir d'apercevoir sa majesté, d'autres d'obtenir une audience, certains viennent pour l'architecture du palais ou de ses jardins, pour ses fêtes extravagantes et les trésors qu'il renferme. Et puis il y a les visiteurs étrangers : ambassadeurs, princes, espions, artistes... À travers des extraits de journaux de voyage, des dessins, des croquis pris sur le vif, mais aussi des peintures représentant les visiteurs dans leurs somptueux costumes, des objets reçus comme cadeaux par le Roi ou donner en souvenir à ses convives, nous revivons les heures fastes de la cour de Versailles."
Les femmes qui s'engagent sont dangereuses (Catherine Valenti, Gründ, 165 pages, 33,70€): Après Les femmes qui lisent sont dangereuses (2006), Les femmes qui écrivent vivent dangereusement (2007) et Les femmes qui pensent sont dangereuses (2013), voici le quatrième volume de la collection qui se penche, cette fois, sur les femmes engagées. Catherine Valenti a sélectionné 27 femmes d'exception qui par leurs luttes, leurs écrits, leurs productions artistiques, leurs actes de résistance ont marqué l'engagement au féminin. Lucie Aubrac, Elisabeth Badinter, Asli Erdogan, Marie Curie ou encore Joan Baez pour n'en citer que quelques unes.
Mata Hari : les vies insolentes de l'agent H21 (Bruno Fuligni, Gallimard, 192 pages, 35€) : "Mata Hari ! Un nom qui évoque l'aventure, l'espionnage, le mystère mais aussi la sensualité, la fête. Qui était vraiment Mata Hari ? Qu'est ce qui est vrai et qu'est-ce qui relève du mythe dans la vie mouvementée de cette femme ? Bruno Fulgini nous révèle la vraie vie de l'espionne fusillée en 1917."
Moi, Winston Churchill (Béatrix de L'Aulnoit, Tallandier, 189 pages, 34€): "Peu d'hommes, dans l'histoire, ont suscité autant d'ouvrages que Winston Churchill ! On ne compte plus les biographies ou les essais qui lui sont consacrés, sans parler de ceux qu'il a lui-même écrit. Pourtant, Béatrice de l'Aulnoit arrive encore à nous surprendre avec son Moi, Winston Churchill. Ce qui fait l'originalité de ce livre, c'est l'abondance des illustrations. En effet, c'est à travers plus de 200 photographies que l'auteur nous parle de cet homme au style inimitable."
Révolutions : les soulèvements qui ont façonné le XXe siècle (Philip Parker, Gründ, 64 pages, 33,70€): "Révolutions passe en revue les principaux soulèvements du XXe siècle, de la révolution Xinhai de 1911 en Chine aux révolutions qui ont accompagné l'effondrement de l'Union soviétique dans les années 1990, en passant par les nombreuses explosions démocratiques qui ont renversé des dictatures au cours du siècle. 18 mouvements sont racontés précisément et évoqués par des images d'époque et par 15 documents historiques en fac-similés, en un guide indispensable pour comprendre la formation du monde d'aujourd'hui."
Notices d'éditeur
Parmi les nombreux prix littéraires décernés en ce mois de novembre nous avons beaucoup aimé...
- Tiens ferme ta couronne de Yannick Haenel (prix Médicis): Un livre introspectif et politique autour d'un vrai personnage de loser comme on les aime où l'on croise Michaël Cimino, Isabelle Huppert, un chien nomme Sabbat et le sosie de Macron en maître d'hôtel.
- Les huit montagnes de Paolo Cognetti (Prix Médicis étranger): Un hymne à la haute montagne et une écriture poétique.
- L'ordre du jour d'Éric Vuillard (prix Goncourt) : Récit puissant sur la compromission des industriels allemands dans la montée du parti nazi, et sur l'annexion de l'Autriche par Hitler. À travers des scènes vérdiques et méconnues, Éric Vuillard nous montre, de sa plume tranchante et ironique, comment les grandes catastrophes s'annoncent souvent à petits pas.
- La disparition de Joseph Mengele d'Olivier Guez (prix Renaudot) : De 1949 à sa mort mystérieuse en 1979, Mengele, « l’ange de la mort », a vécu en Argentine, au Paraguay et puis au Brésil. Comment a-t-il pu échapper si longtemps à ses poursuivants ? L’auteur mène l’enquête dans un récit sobre, précis, interpellant
- Auprès de moi toujours de Kazuo Ishiguro (prix Nobel): Une fiction décrivant les dérives d'un monde à deux vitesses où il est question d'immortalité et de clonage.
Et nous réjouissons de lire :
- Le dossier M de Grégoire Bouillier (prix Décembre) : Un livre ambitieux sur le fiasco amoureux écrit avec beaucoup d’humour.
- Mécanique du Chaos de Daniel Rondeau : Où de nombreux sujets d’actualité comme le terrorisme, l’immigration, l’argent sale se mêlent à la fiction.
- La serpe de Philippe Jaenada (prix Fémina) : Une enquête autour de l’affaire Henri Girard non résolue à ce jour.
- Écrire pour sauver une vie de John Edgar Wideman (Prix Fémina étranger): Une dénonciation du crime raciste.
Bien sûr, il ya toutes ces nouveautés, ces auteurs à découvrir, les derniers romans des talents confirmés. Mais sur nos tables se trouvent aussi des ouvrages que certains éditeurs se font fort de sortir des oubliettes où l'injustice de l'histoire les a poussés.
Et là aussi nous avons nos coups de coeur...
L'élève Gilles, d'André Lafon. L'éveilleur, 157 pages, 17 €.
Roman d'apprentissage, des duretés de l'enfance, du secret, de l'émerveillement devant les beautés fragiles de la nature, L'élève Gilles, paru en 1912, encensé par Mauriac, est un texte rare, à l'écriture superbe, limpide, nimbée de nostalgie et de mystère.
La peau dure de Raymond Guerin, Finitude, 126 pages, 14€50
Texte d'une étonnante modernité, texte dur, cruel dans sa lucidité, il donne la parole à trois soeurs : Clara, Jacquotte, Louison, trois soeurs très dissemblables mais que le monde régi par les hommes écrase chacune à sa façon : elles racontent d'un ton égal, sans grande révolte, comment la vie s'entend à les broyer sans qu'elles puissent y faire grand chose. Et le lecteur ne peut qu'être bouleversé par le destin de ces femmes simples. Le style direct, sans misérabilisme, confère à La peau dure, paru il y a plus de 70 ans, une force toujours intacte aujourd'hui.
Jours de famine et de détresse de Neel Doff, L'échappée, 189 pages, 16 €
Avec ce texte édité en 1911, Neel Doff, hollandaise exilée en Belgique, femme sans éducation, dont la langue maternelle est le flamand de rue, a frôlé le Goncourt à l'époque. Elle y raconte avec violence et simplicité ses années noires d'enfance et d'adolescence , à Amsterdam, puis à Bruxelles, à la fin du XIXe siècle, dans une famille de 9 enfants. Ces bribes d'histoire d'humiliation et de misère, elle les crache avec colère mais aussi avec courage et la volonté farouche de témoigner. Pourtant plus que d'être un roman social, ou un témoignage sur la misère de l'époque, c'est surtout une magnifique oeuvre littéraire. La sincérite, la puissance d'évocation de ces Jours de famine et de détresse, écrit dans un français brut, vigoureux, dans un mélange de férocité et de tendresse garde toute son acuité.
Audur Ava Olafsdottir, trad. de l’islandais
Zulma, 235 pages, 19€
Jonas Ebeneser a trois Gudrun dans sa vie : son ex-femme qui vient de le quitter, sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer et sa fille qui n’est sans doute pas de lui. Jonas qui n’a plus grand-chose à quoi se raccrocher décide de quitter l’Islande, de partir en voyage, le dernier en ce qui le concerne. Sa caisse à outils pour seul bagage, il débarque dans un pays ravagé par la guerre, bien décidé à en finir au plus vite.
Ör signifie « cicatrices » et s’applique aussi bien au corps humain qu’à un pays ou un paysage. Notre première cicatrice est notre nombril, nous rappelle Olafsdottir. La vie nous en rajoute un certain nombre au fil des années. Ör dit que nous avons regardé dans les yeux, affronté la bête sauvage et survécu.
Comme toujours Audur Ava Olafsdottir nous conte avec délicatesse et poésie le destin d’un homme sensible qui part pour l’ultime voyage et qui retrouve un sens à sa vie.