Léa Carpenter, trad. de l'anglais
Gallmeister, 272 pages, 22€
Sara vit seule, en Pennsylvanie, dans la maison où elle a élevé son fils, Jason, aujourd'hui un jeune homme de 27 ans. C'est seule aussi qu'elle a toujours pris soin de lui. Une grossesse inattendue, elle trop jeune, le père bien plus vieux, pris par un boulot exigeant qui lui coûtera la vie alors que Jason n'a que 8 ans. C'est seule toujours qu'elle part courir sur les chemins pour évacuer l'angoisse et se vider la tête. Sara est donc seule, en ce jour de mai 2011 lorsque deux officiers de l'armée viennent se présentent à sa porte. Jason fait partie des SEAL, l'élite des forces spéciales américaines. Depuis qu'il s'est engagé, à 17 ans, après les terribles images des attentats du 11 septembre 2001, Sara a peur pour son fils. Aujourd'hui ce qu'elle redoutait le plus est arrivé. Jason a disparu. Est-il sain et sauf, réfugié quelque part, blessé, incapable de rejoindre son unité ou pire encore ? Pendant onze jours, Sara va attendre des nouvelles de son fils. Pendant onze jours, elle va relire les lettres et les mails que Jason lui a envoyés durant ses années de formation, elle va essayer de comprendre sa volonté de s'engager. Mais on va aussi entendre la voix de Jason, tout ce qu'il ne dit pas à sa mère, la difficulté de la formation, les camps d'entraînements, les opérations. L'on est bouleversé par l'amour de cette mère pour son fils et troublé par la force de l'engagement du jeune homme.
Hampton Sides. Trad. de l'anglais
Paulsen, 508 pages, 27€95
Au Royaume des Glaces n'est pas un roman, tout ce qu'on y lit est vrai et c'est cela qui fait toute la force de ce livre ! Hampton Sides nous raconte avec talent l'histoire incroyable mais vraie d'une poignée d'hommes partis vers l'inconnu. On s'y plonge comme dans un roman d'aventures, un thriller et même parfois une histoire d'amour. On y rencontre des êtres exceptionnels, des héros intrépides prêts à tout pour mener à bien la mission qui leur a été confiée mais aussi prêts à tout pour sauver leurs compagnons. Car si Au Royaume des Glaces est le récit d'une expéditon scientifique c'est avant tout une formidable aventure humaine. Nous sommes à la fin du XIXe siécle, l'homme s'est peu à peu approprié le monde. Les développements technologiques ont permis aux explorateurs de s'aventurer de plus en plus loin, de cartographier des régions isolées, et pourtant une zone reste encore totalement inexplorée : le pôle nord. Jamais personne n'a atteint le point le plus septentrionnal du globe. De nombreuses expéditions se sont lancées dans l'aventure mais toutes ont échoué se terminant bien souvent de façon dramatique. James Gordon Bennett, milliardaire américain et propriétaire excentrique du New York Herald - lui qui avait lancé Henry Morton Stanley sur les traces du Dr Livingstone en Afrique- décide de financer une expédition chargée d'atteindre, au nom des Etats-Unis, cette zone inaccessible. Le Capitaine George De Long est nommé à la tête de l'expédition. Il recrute un équipage formé de 33 hommes, prépare un bateau capable de résister aux glaces, La Jeannette, et se lance, le 8 juillet 1879, dans le voyage de sa vie. Mais rien ne se déroulera vraiment comme prévu et les hommes devront faire face à une nature imprévue, à des conditions de vie terrifiantes, seuls, au milieu des glaces...
John Burnside, trad. de l'anglais
Métailié,361 pages, 22€
Ce nouveau roman de John Burnside est le récit intimiste de la naissance d'une relation d'amitié entre deux femmes que tout, en apparence, oppose. Kate est une jeune étudiante en cinéma qui vit en colocation avec Laurits, lui aussi étudiant en réalisation, avec lequel elle entretient une relation toxique. Depuis quelques mois Kate se sent perdue, son univers a vacillé depuis la mort de son père. Incapable de surmonter ce deuil, elle s'est réfugiée dans l'alcool, l'oisivité et laisse Laurits développer peu à peu son emprise sur elle. Chargée par son compagnon de récolter des tranches de vies glanées dans la ville pour un projet de film, Kate se présente chez une vieille dame occupée à couper du bois dans son jardin. Elle ne sait pas, alors, que cette rencontre va bouleverser sa vie. Pourtant, Jean n'accueille pas Kate à bras ouverts, elle refuse de lui parler et lui conseille de revenir plus tard, et surtout sobre ! Troublée, Kate accepte le challenge et revient. Jean lui ouvre sa porte. Les deux femmes vont se revoir, souvent, autour d'un thé chaud et de petits gâteaux. Et Jean va raconter sa vie et montrer à Kate que l'on peut continuer à vivre malgré les fantômes du passé qui nous entourent.
Richard Powers, trad. de l'anglais
Cherche Midi, 484 pages
L'Arbre Monde est un roman incontournable, un livre exceptionnel tant par sa construction, par la maîtrise de Richard Powers de son sujet, que par la prise de conscience qu'il provoque. En le refermant on ne peut qu'être convaincu de la nécessité de prendre soin de notre environnement, de l'urgence d'une action collective pour protéger cette nature qui a mis des millions d'années à pousser et que l'homme détruit sans relâche depuis près de cent ans. Le roman commence par une première partie intitulée Racines qui se compose de huit chapitres formant presque chacun une nouvelle indépendante. On y fait la connaissance de huit personnages aux destins bien différents ; huit vies singulières aux quatre coins de l'Amérique, huit hommes et femmes qui ont cependant un élément en commun : un arbre a marqué leur vie. Un arbre planté par un ancêtre sur les terres familiales, un arbre que l'on croise tous les matins au coeur du béton et qui soudain disparaît, un arbre-refuge que l'on escalade gamin les jours où tout va mal, ...Et puis, petit à petit, ces huit protagonistes que la vie a mis un peu en marge de la société, vont décider de s'engager, de passer à l'action, de ne plus rester passifs face à une catastrophe qui se déroule sous leurs yeux : la destruction des forêts, l'abattage des grands arbres pour le seul profit des industries, au risque de voir disparaître tout un éco-système. Ils s'engagent, chacun à leur manière, leurs destins s'entremêlent, leurs luttes deviennent parfois des combats. Outre son côté romanesque véritablement passionnant, le roman de Richard Powers fourmille d'informations sur le fonctionnement des forêts, sur l'interaction entre les arbres et leurs milieux, sur la nécessité de protéger ces poumons de la terre.