Quoi de plus chouette que de voir nos coups de coeur continuer à vivre?
Deux d'entre eux sont passés en poche et nous ne nous lassons pas de vous les conseiller!
Le bruit du dégel, John Burnside, trad. de l'anglais, Métailié : Récit intimiste de la naissance d'une amitié entre deux femmes que tout oppose. Autour de thé chaud et de petits gâteaux, Jean, vieille dame coriace, raconte sa vie à Kate, jeune femme en perdition, et, au fil de leurs conversations, lui apprendra qu'on peut surmonter ses blessures. Tendre et délicat.
Denali, Patrice Gain, Le livre de poche : En quelques semaines l'univers du jeune Matt Weldon s'est effondré. L'adolescent qui vivait à Chicago avec ses parents et son frère, perd son père dans un accident de montagne et voit sa mère sombrer dans la folie. Matt est envoyé chez sa grand-mère, dans le Montana. Il y découvre les grands espaces et la vie dans une ferme isolée. Pourtant là encore le malheur le rattrape, sa grand-mère meurt subitement et Matt se retrouve seul. Il ne peut plus compter que sur son aîné, Jack. Ce dernier est en proie à une violence incontrôlée et, sous l'emprise de la drogue, commet un acte irréparable. Matt trouve du réconfort dans les paysages apaisants de cette nature grandiose, dans la force des cours d'eau et dans l'observation des animaux. Mais cet univers-là aussi est marqué par la violence, celle des braconniers et des prédateurs. Pris dans ce tourbillon sans fin, le jeune Weldon tente de retrouver une vie apaisée. Il cherche aussi à comprendre ce qui a poussé son père à se lancer dans l'expédition qui lui a couté la vie et devra, pour cela, creuser dans le passé familial. L'on est emporté par le souffle de ce roman mené tambour battant et c'est avec angoisse que nous suivons le jeune Matt dans sa quête. Mêlant avec talent la sauvagerie des paysages et celle des hommes. Un vrai coup de cœur !
Au coeur de ce roman, une absence, celle d'Albane, pianiste virtuose qui a quitté sa famille 15 auparavant, sans plus donner signe de vie. Par le biais d'une narratrice dont l'identité se dévoilera petit à petit, nous pénétrons dans l'intimité des membres de cette famille déchirée, levant progressivement le voile sur les blessures et les non-dits. Un premier roman d'une grande maitrise, tout en résonances et en sensations, fait de délicatesse de mystère et de puissance également.
Découvrez ici l'interview réalisée par Thierry Bellefroid dans l'émission "Sous couverture".
" Quand elle se souviendra de ce moment, plus tard, elle le trouvera d'une intensité insoutenable, elle en est consciente à ce moment précis. Elle n'a jamais cru pouvoir être aimée par quelqu'un. Mais désormais elle mène une nouvelle vie, inaugurée par l'instant présent, et même des années plus tard, elle se dira : Oui, c'était ça, le commencement de ma vie."
D'abord, il y a Marianne. Issue d'une très bonne famille, c'est une jeune-fille brillante, fragile, inquiète. Elle est à la fois le vilain petit canard et le cygne de cette histoire. Et puis, il y a Connell, jeune-homme intelligent et sensible. Lui, est populaire au sein de son équipe de foot. Marianne, elle, est la paria du lycée. Pourtant, ils vont tisser à leur façon un lien indescriptible. Le roman va les suivre durant quatre ans, du lycée jusqu'à leurs études universitaires à Dublin où les rôles s'inverseront. Connell va éprouver difficulté et anxiété à s'intégrer tandis que Marianne aura plus de facilité à s'épanouir. Tout au long de ce délicat roman, Marianne et Connell vont dessiner un pas de deux, une sorte de tango amoureux aussi beau que douloureux. Sally Rooney dépeint avec une belle délicatesse la fin de l'adolescence, l'incertitude, l'incommunicabilité, la détresse psychologique, le partage d'intimité et parvient en quelques phrases à nous vriller le coeur. En mettant à nu tout à la fois la fusion et les dissonances de ses personnages, l'auteure fait preuve d'un sens remarquable de la psychologie. Doté d'une écriture ultra-contemporaine (à la fois blanche et enrobante, presque cotonneuse) et d'une réflexion subtile sur les différences de classes sociales, Normal People est d'une justesse absolue.
Jung Chang, autrice des Cygnes Sauvages, s'est intéressé au destin extraordinaire des sœurs Song. Ailing, Quinling et Meiling Song ont toutes les trois joué un rôle majeur dans l'histoire politique de la Chine du XXe siècle. Nées à la toute fin du XIXe siècle, envoyées très jeunes étudier en Amérique, elles maitrisaient parfaitement l'anglais et étaient très cultivées. Elles affichaient une allure très occidentale, n'ayant pas eu les pieds bandés (comme cela était encore la tradition dans la Chine de leur enfance) elles avaient une démarche fière et assurée contrairement aux femmes de leur génération. Rentrées au pays, elles s'imposèrent rapidement dans la société locale et s'intéressèrent aux affaires politiques et commerciales. L'aînée, Ailing, était une redoutable femme d'affaires qui, grâce à l'influence qu'elle exerçait sur Chiang Kai-shek a contribué à l'enrichissement de sa famille, la plus riche de Chine. Quinling fut l'épouse de Sun Yat-sen, connu comme le père de la Chine moderne, qui fut le premier président du pays en 1912. Surnommée Sœur Rouge, elle s'allia aux communistes et fut vice-présidente de la Chine sous Mao. La benjamine, Meiling était l'épouse de Chiang Kai-shek, le Généralissime. A l'arrivée des communistes au pouvoir en 1949, Ailing et Meiling quittèrent leur pays, tandis que Qinling devenait l'une des figures marquantes de la Chine maoïste. Ce n'est qu'en 2003, à l'âge de 105 ans, que s'éteint Meiling, la dernière des sœurs Song, mettant ainsi fin à la saga d'une famille hors du commun. En retraçant la vie privée et publique de la famille Song, Jung Chang nous offre un portrait passionnant de la Chine tout au long du XXe siècle, une période faites de révolutions, d'intrigues et de guerres.