Alex Capus. Trad. de l'allemand.
Actes Sud, 313 pages, 22.50 €
Léon et Louise se rencontrent dans un petit village en France alors qu'ils ont 17 ans. A peine ont-ils le temps de s'aimer que la Première Guerre les sépare. Léon la croit morte, Louise cherchera Léon en vain. Léon se marie, déménage à Paris, a des enfants. Un jour, il reconnaît Louise dans le métro et retrouve sa trace avant qu'elle ne disparaisse à nouveau. Sans cesse, ils se retrouveront, se perdront, mais chacun continuera à construire son propre chemin, sans s'éloigner de sa ligne de vie.
Cette très belle histoire d'amour nous est racontée par le petit-fils de Léon, sans pathos ni tragique.
Bill James. Trad. de l'anglais.
Rivages, 219 pages, 20.45 €
Vince et Kate viennent d'emménager dans une banlieue cossue, qui pourrait s'avérer ennuyeuse, ne serait-ce la présence d'un couple de voisins qui semblent charmants, libres, fascinants. Et pourtant un drame semble sur le point de se jouer au sein de leur magnifique propriété, Carthage. En effet, Jill se sent persécutée, voire traquée, par son mari Dennis, dont l'activité principale, hormis son métier d'assureur, consiste à tailler des haies de façon artistique et obsédante.Tout ce que nous apprenons sur ce couple nous est livré par lettres interposéees, que Jill et Dennis envoient à leur famille et amis. Et ces petits bourgeois glissent perfidies, ou même grossièretés dans leurs missives, et ce, sans jamais se départir d'un ton mondain superficiel.
Bill James, dans ce roman épistolaire, nous entraine dans une intrique à l'anglaise complètement dévoyée. Surprenant, tant par le ton que par la construction, éblouissante jusqu'à la fin.
Jérôme Ferrari.
Actes Sud, 202 pages, 19€.
Matthieu et Libero, deux amis d'enfance, décident après des études de philosophie à Paris de retourner au pays pour y reprendre un bar. Ils espèrent ainsi s'inscrire dans la vraie vie, celle d'un petit village de Corse, loin de l'univers mondain et superficiel de la capitale. La chance semble leur sourire. Leur affaire marche bien et ils semblent heureux. Mais nul n'échappe à ses démons intérieurs. Malgré leurs efforts, les deux jeunes garçons tout comme les différents personnages qui les entourent seront emportés dans une inéluctable chute. Il n'y a aucun échappatoire : ni pour Marcel, le grand-père de Matthieu, parti dans les colonies, ni pour les jeunes générations comme Virginie sur le corps de qui tous les hommes passent sans qu'elle semble s'en émouvoir ou encore ces serveuses qui peinent à trouver leur place dans le monde, ni pour tous ces habitants oubliés de la Corse profonde qui noient leurs blessures dans l'alcool.
Dans Le sermon sur la chute de Rome qui vient d'être récompensé par le prix Goncourt, Jérome Ferrari distille avec brio son sens de la tragédie. Il construit de main de maître un roman sombre et développe sa vision pessimiste de la condition humaine : "Ce que l'homme fait, l'homme le détruit." A lire, tout comme son très beau roman, Où j'ai laissé mon âme, publié chez Actes Sud en 2010.
Marc Durin-Valois
Plon, 340 pages, 23.70 €
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