Ricardo Piglia (Trad. de l'espagnol)
Gallimard, 320 pages, 21€
Renzi est Argentin, romancier, professeur d'université, spécialiste d'Hudson mais c'est surtout un homme désabusé, épuisé et seul depuis son divorce. C'est donc dans l'espoir de rebondir qu'il accepte de passer un semestre à la Taylor University en tant que visiting professor à l'invitation d'Ida Brown, une consoeur rencontrée lors d'un séminaire. Renzi est fasciné par l'atmosphère particulière qui règne à l'Université et par le comportement des élèves et des professeurs. Il admire Ida pour sa force, son intelligence, sa beauté. Très vite ils entament une liaison secrète faite de rendez-vous clandestins dans un motel de banlieue. Mais un soir, c'est le drame. En rentrant d'une réunion académique, Ida Brown meurt dans des conditions pour le moins surprenantes. Accident, suicide, malaise, meurtre ou attentat ? La police piétine. Renzi décide donc de mener sa propre enquête. Il se plonge alors dans le quotidien d'Ida et explore la part secrète de la vie de la jeune femme. Il découvre aussi qu'Ida n'est pas la première universitaire à trouver la mort dans des circonstances étranges. En effet, un peu partout dans le pays des professeurs sont la cible d'attentat, pourtant leur discipline n'ont semble-t-il, rien en commun. Un roman passionnant qui mèle sentiments amoureux, voyage à travers la littérature sud et nord-américaine et intrigue policière et qui nous méne au coeur du mal qui ronge la société américaine.
Alaa El Aswany, trad. de l'arabe.
Actes Sud, 540 pages, 23.80 €
Bâtie autour de ce lieu très sélect du Caire, l'Automobile Club où se côtoient dignitaires égyptiens et occupants britanniques, cette formidable et passionnante fresque brosse un portrait de l'Egypte au temps du roi Farouk, un despote faible et vélléitaire à la tête d'un pays soumis à la domination anglaise mais où apparaissent les premiers signes d'un réveil politique.
A travers le destin d'Abdelaziz Haman, descendant d'une puissante famille ruinée, obligé de travailler à l'Autombile Club comme serviteur, et les chemins divergents qu'empruntent ses quatre enfants, El Aswany, avec son merveilleux talent de conteur, son sens de l'intrigue et des personnages, nous offre une lecture de grande qualité.
Anton Valens, trad. du néerlandais
Actes Sud, 144 pages, 17 €
Un étudiant désabusé, artiste peintre sans grande inspiration, s'embarque, à l'invitation d'un ami, sur un chalutier, propriété du père de ce dernier. C'est plein de curiosité qu'il se lance dans cette aventure : 8 jours en mer à se confronter à la dureté des éléments et des hommes. Le regard à contrepied de ce gentil garçon, candide (il s'interroge très sérieusement sur l'avis et les sentiments des poissons plats) et lucide (c'est avec précision qu'il perçoit les caractères parfois cruels de ses compagnons d'équipage) sur ce monde rude et violent apporte à ce récit un ton pince-sans-rire qui en fait tout le sel.
Christa Wolf, trad. de l'allemand.
Christian Bourgois, 64 pages, 8 €
Christa Wolf, grand écrivain de l'ex-RDA, construit un court récit, à partir d'un élément autobiographique : lorsqu'à 16 ans elle fut soignée dans un sanatorium de fortune juste après la guerre, elle rencontra August, orphelin de 8 ans, qui éprouva pour elle un amour d'enfant. Dans ce texte à la fois mélancolique et concis, August, aujourd'hui chauffeur de car proche de la retraite, sur la route de Prague à Berlin, se souvient de ce passé , et surtout de Lilo, adolescente seule au monde comme lui, à laquelle il voua un sentiment auquel il ne pouvait donner de nom. Poignant.