Michael Ondaatje, trad. de l'anglais,
ed. de l'Olivier, 280 pages, 22€50
A l'image de la belle couverture, le nouveau roman de Michael Ondaatje nous fait pénétrer dans une atmosphère brumeuse, mystérieuse et très intrigante. En 1945, dans le Londres de l'immédiat après-guerre, nous suivons le parcours de deux adolescents qui ont été confiés par leurs parents soi-disant partis en voyage en Asie, à un ami de la famille surnommé le "papillon de nuit". Ce qui semble assez étrange tant ce personnage apparait peu fiable. Bientôt Nathanel et Rachel voient leur maison envahie par des "amis" de plus en plus douteux et avec ces derniers, quittent assez vite leur univers familier pour entrer dans celui, incertain et bien plus palpitant, d'un monde clandestin de trafics, de livraisons de cargaisons mystérieuses sur les canaux la nuit, ...Des années plus tard, Nathanael tentera de comprendre son enfance, le rôle de sa mère dans la guerre, et celui de ses obscurs protecteurs. Michael Ondaatje, l'auteur du Patient anglais, excelle à rendre par son écriture elliptique toutes les ombres d'une époque troublée.
Niklas Natt och Dag, trad. du suédois
Sonatine, 442 pages, 23€85
Suède, 1793, la monarchie est inquiète de la possible contagion des idées révolutionnaires françaises et fait régner l'ordre par des méthodes brutales ou pernicieuses qui pourraient bien attiser l'atmosphère électrique et le mécontentement du peuple. La découverte d'un cadavre terriblement mutilé dans un lac de Stockholm, par Cardell, un vétéran de la guerre russo-suédoise, ne devrait pas plus émouvoir que cela une population et une société habituée aux pires brutalités. L'enquête est confiée à Cecil Winge, un homme de loi d'une grande droiture, mais dont on se demande s'il parviendra au bout de son enquête tant il est affaibli par la tuberculose. Avec l'aide de Cardell, il va descendre dans le trefonds des noirceurs de la société suédoise. Un thriller historique au souffle puissant, avec des personnages très bien campés, qu'il est difficile de lâcher.
Fiona Kidman. Trad. de l'anglais
Sabine Wespieser, 357 pages, 23€
Comme au cinéma nous raconte le destin de trois soeurs et de leur frère, entre 1952 et 2015, en Nouvelle-Zélande. A la fin de la Seconde Guerre, leur mère, Irene Sandle, se retrouve veuve avec une petite fille, Jessie. Elle doit abandonner sa vie de bibliothécaire à Wellington pour aller chercher du travail dans une plantation de tabac. La vie y est rude et la jeune citadine a du mal à trouver sa place parmi les ouvriers de la plantation. Elle peut pourtant compter sur l'aide d'un homme qui, malheureusement, disparait brutalement. Irene décide alors d'épouser Jock Pawson, le gérant de la plantation, un homme au caractère difficile. Trois enfants voient le jour au cours de ce second mariage, deux filles, Belinda et Janice, et un garçon, Grant. Mais en 1963, Irene meurt et Jock se remarie rapidement avec Charm, une femme alcoolique qui tyranise les enfants. Jessie, l'aînée, âgée de 18 ans au décès de sa mère, a quitté la maison, laissant derrière elle ses soeurs et son frère. Chaque membre de la fratrie connaîtra un destin bien différent, chacun trouvera ou non la force de se relever d'une enfance marquée par le deuil, la colère et la violence. Sur près de 60 ans, Fiona Kidman nous révèle le parcours chaotique de cette fratrie marquée par les secrets de famille, les non-dits et les blessures. Magnifique.
Sylain Matoré,
Le Mot et le Reste, 234 pages, 20€
Jennifer et Grégory sont des ados qui se trainent dans un petit village des Landes. Elle, belle jeune fille encore au lycée après avoir raté son bac, vit avec son père, Jean-Marc, qui peine à se remettre du décès de sa femme. Lui, élève intelligent mais mal dans sa peau, est tiraillé entre sa mère qui l'élève et son père, Michel, alcoolique, qu'il ne voit que rarement. Grégory aime secrètement Jennifer, mais jamais il n'osera l'aborder. Par contre, Kyllian, le beau gosse du village, ne se prive pas de l'inviter. Une nuit, après une soirée chez Kyllian, tout bascule. Dès les premières pages de ce roman on est happé par l'histoire tragique qui se trame dans ce lieu isolé où ados et adultes tentent de noyer leur mal-être dans des addictions parfois inavouables. Sylain Matoré nous tient en haleine jusqu'au dénouement final.