Andrei Makine
Grasset, 216 p., 18€
Le narrateur (double de l'auteur) replonge dans ses années d'adolescence quand, pensionnaire d'un orphelinat en Sibérie, il prit sous son aile Vardan, un garçon chétif, bouc émissaire parmi ses camarades de classe brutaux . Il est issu d'une petite communauté arménienne, persécutée dans cette URSS des années 70, installée dans cette contrée rude et inhospitalière, car certains de leurs proches sont emprisonnés dans la prison de la ville, en attente de leur jugement.
Makine évoque avec beaucoup de nostalgie et de retenue cet ami qui, bien que plus faible physiquement, lui a permis de regarder la vie d'une autre manière, plus libre, plus riche. Avec subtilité, il évoque en filigrane cette communauté qui, avec trois fois rien, recrée un bout d'Arménie dans leurs masures délabrées.
C'est à notre avis, un des plus beaux livres d'Andreï Makine, d'une langue d'un superbe classicisme, vibrante d'émotions et d'humanité.