Hanna Rose Shell, trad. de l'anglais
Zones sensibles, 217 pp., 22€
Oscillant entre les sciences naturelles, l'anthropologie, l'histoire et l'esthétique, voici un nouvel OVNI des éditions Zones Sensibles, traitant de l'art du camouflage.
Un petit bijou de curiosité intellectuelle, aussi beau que passionnant !
Retrouvez la notice de l'éditeur ici .
Eric Chauvier
Allia, 122 pp., 6€20
Les discours scientifiques (économiques, sociologiques, psychiatriques, etc.) ont aujourd'hui largement pénétré notre langage ordinaire.
Mais si chacun semble désormais capable de jongler relativement facilement avec des mots savants, nous voilà dans le même temps incapables de décrire notre vécu, notre « vie ordinaire » sans y plaquer ces termes - parfois inadéquats, mal intégrés ou pire, mal « conceptualisés ». Or, à trop vouloir singer le discours spécialisé, la sensation de réalité de l'expérience vécue s'évanouit. Notre expérience individuelle se retrouve déconnectée de notre langage et notre langage lui-même en devient désaffecté, incapable de résonance.
Les responsables dans la ligne de mire d'Éric Chauvier ? Certainement les grands de la French Theory (Bourdieu, Foucault, Levy Strauss) même s'il concède que cela s'est parfois fait à rebours de l'intention initiale. Plus durement décriés encore, ceux des Care et Gender Studies...
S'appuyant sur une lecture approfondie de Wittgenstein et de Spinoza, Eric Chauvier, avec son humour habituel, nous propose un texte d'une apparente légèreté mais d'une solide assise intellectuelle.
Un essai terriblement drôle, (im)pertinent et rafraîchissant. Retrouvez la notice de l'éditeur ici.
Aimée F. et Nicole Anquetil
Payot, 297 pp., 20€
Curieux document que voici. En 2010, Nicole Anquetil, psychiatre et psychanalyste, reçoit dans son cabinet Aimée F., une femme de 70 ans portant une liasse de feuilles sous le bras : l'histoire de sa rencontre avec les « Voix »
Aimée F. est une femme agréable, mariée, retraitée depuis douze ans. Elle a une vie sociale satisfaisante et mène ses activités normalement. Pourtant, elle est quotidiennement harcelée par une série de voix qui la poursuivent chez elle comme à l'extérieur.
Bien décidée à ne pas se laisser intimider, Aimée F. développe des stratégies de défense et commence à compiler scrupuleusement les attaques dont elle fait l'objet. C'est ce témoignage, en construction permanente, qu'elle lira semaine après semaine, dans le cabinet de Nicole Anquetil.
À la manière de ses illustres prédécesseurs, Nicole Anquetil nous propose un essai de décryptage, à la suite de ce matériau brut. Retrouvez la notice de l'éditeur ici .
Judith Butler, trad de l'anglais
Payot (coll. Manuels), 109 pp., 13€50
Le 11 septembre 2012, Judith Butler est invitée à prononcer un discours lors de la remise du prix Adorno qui la consacre. Elle reprend à cette occasion une citation du philosophe allemand, tirée de son ouvrage Minima Moralia : « on ne peut mener une vie bonne dans une vie mauvaise».
Questionnant la formule, Judith Butler se penche sur les moyens et conditions de vie « bonne », autrement dit, de vie en accord avec nos aspirations éthiques et morales alors que nous baignons dans un environnement « plus vaste structuré par l'inégalité, l'exploitation et diverses formes d'effacement ».
A contrario des habituels courants individualistes propres au développement personnel, c'est dans la vie sociale et le collectif que J. Butler perçoit la possibilité de vivre en harmonie : « S'il me faut mener une vie bonne, il devra s'agir d'une vie vécue avec d'autres, d'une vie qui ne sera pas une vie sans ces autres ; je ne perdrai pas ce je que je suis, celui ou celle que je suis sera transformé par mes rapports avec les autres, puisque ma dépendance à autrui et ma fiabilité sont nécessaires afin que je vive et que je vive bien. »
D'une grande clarté, ce petit essai dénote de par sa remarquable justesse d'esprit et d'analyse. Retrouvez la notice de l'éditeur ici .