Marcel Sel,
Onlit Editions, 301 pages, 19,50 euros.
"Le Père", nommé uniquement comme ça par son fils qui s'est toujours senti négligé par celui-ci. "Le Père" impose à son fils, contre rémunération, d'écrire un roman, sous peine de se voir couper les vivres. Dans le but avoué de contrarier son géniteur, ce fils dilettante décide dans son "roman" de révéler à son père l'histoire de sa propre mère : Rosa, dont il ne sait rien, Rosa, adolescente farouchement fasciste, amoureuse du Duce, juïve échappant à la discrimination, résistante , déportée, ...
Une belle et forte saga familiale, qui nous transporte de l'Italie fasciste à la Belgique d'aujourd'hui, qui nous parle de filiation, d'amour, et des incohérences de l'histoire. Palpitant et émouvant.
La librairie est heureuse de vous proposer le coffret Bach, de ville en ville!
Cette compilation de 5 CD, conçue par le musicologue et musicien Jérôme Lejeune, présente les 5 villes qui ont joué un rôle dans la carrière de Bach. Musiq'3 et le label Outhere se sont associés et le voyage musical est au rendez-vous!
Le prix de vente est de 35€90. Pour plus d'informations cliquez ici
Jennifer Haigh, trad. de l'anglais
Gallmeister, 435 pages, 24.20€
Bakerton, Pennsylvanie, est une ville qui se meurt. Depuis la fermeture des mines de charbon, à la fin des années 80, la petite localité se vide peu à peu des ses habitants, ses commerces ferment les uns après les autres, il n'y a plus aucun avenir. Il ne reste que la terre à cultiver et de rares emplois comme ceux, précaires et difficiles, qu'offre la prison d'Etat. Lorsque des démarcheurs d'un grand groupe industriel commencent à frapper aux portes des propriétaires terriens, ces derniers pensent avoir enfin trouvé une solution à leurs problèmes d'argent : l'exploitation du gaz de schiste. Tout semble si simple et les contrats si alléchants ! Il suffit d'un simple puits au milieu des champs pour voir jaillir des millions de dollars. Mais, évidemment, au pays de l'argent, rien n'est jamais simple. La présence d'un industrie pétrolière au coeur de cette région réputée pour son agriculture ne plaît pas à tout le monde. Très vite les esprits s'échauffent, la déception s'intalle, la colère aussi. Les puits sont énormes et bruyants, les forets rasées, les terres devastées, l'eau contaminée. Ce qui devait permettre à Bakerton de revivre ne fait que précipiter sa ruine. Un roman puissant qui traite d'une question fondamentale de notre époque : comment concilier la réussite économique et le respect de l'environement ?
Geoffrey Le Guilcher
Goutte d’or, 2017, 12€
En 1906 paraît aux États-Unis le roman La Jungle, d’Upton Sinclair, qui lève le voile sur l’horreur des conditions de travail dans les abattoirs de Chicago. Exploitation de la classe ouvrière, hygiène déplorable… le roman fait scandale au point que Théodore Roosevelt diligente une enquête qui aboutira à l’adoption de la Loi sur l'inspection des viandes ainsi que la Loi sur la qualité des aliments. Plus d’un siècle a passé depuis.
Aujourd’hui, les vidéos des associations de lutte pour le bien-être animal font la lumière sur les terribles conditions d’abattage du milliard de bêtes tuées chaque année en France. Mais qu’en est-il des ouvriers ? Les techniques ont évolué, les recommandations en terme d’hygiène alimentaire sont devenues plus pressantes, la protection des salariés s’est améliorée. Vraiment ? C’est ce qu’a voulu vérifier Geoffrey Le Guilcher, journaliste indépendant.
Ce récit est celui des 40 jours d’infiltration qu’il a effectué en Bretagne, au sein de l’abattoir « Mercure », nom d’emprunt qui lui a été inspiré « car il y fait chaud, on s’y bousille la santé et c’est une petite planète ». Il dévoile le quotidien des travailleurs de cette usine qui génère près d’un milliard d’euros de chiffres d’affaire et abat à la journée « 600 bœufs et 8.500 porcs aussitôt transformés en carcasses puis, dans la semaine, en barquettes ».
«Le malheureux n’était plus qu’un rouage de la machine qu’il servait et qui exigeait qu’il lui sacrifiât toutes ses facultés ». Cette phrase de « La Jungle » résonne tout au long de la lecture. Car l’usine d’abattage n’a en réalité jamais réussi à se passer de la force humaine. Au contraire, elle l’a contrainte à se conformer à la machine. Le constat est affligeant : cadence infernale, travail harassant et santé qui en pâtit. La Steak Machine broie ses ouvriers comme elle broie les bêtes.
Les légitimes préoccupations liées à la souffrance animale se résument finalement à cette équation insoluble : « Les consommateurs de viande peuvent-ils raisonnablement demander à quelqu’un d’égorger 400 animaux par jour et d’être en même temps éveillé à la souffrance animale » ?