Jérôme Ferrari.
Actes Sud, 202 pages, 19€.
Matthieu et Libero, deux amis d'enfance, décident après des études de philosophie à Paris de retourner au pays pour y reprendre un bar. Ils espèrent ainsi s'inscrire dans la vraie vie, celle d'un petit village de Corse, loin de l'univers mondain et superficiel de la capitale. La chance semble leur sourire. Leur affaire marche bien et ils semblent heureux. Mais nul n'échappe à ses démons intérieurs. Malgré leurs efforts, les deux jeunes garçons tout comme les différents personnages qui les entourent seront emportés dans une inéluctable chute. Il n'y a aucun échappatoire : ni pour Marcel, le grand-père de Matthieu, parti dans les colonies, ni pour les jeunes générations comme Virginie sur le corps de qui tous les hommes passent sans qu'elle semble s'en émouvoir ou encore ces serveuses qui peinent à trouver leur place dans le monde, ni pour tous ces habitants oubliés de la Corse profonde qui noient leurs blessures dans l'alcool.
Dans Le sermon sur la chute de Rome qui vient d'être récompensé par le prix Goncourt, Jérome Ferrari distille avec brio son sens de la tragédie. Il construit de main de maître un roman sombre et développe sa vision pessimiste de la condition humaine : "Ce que l'homme fait, l'homme le détruit." A lire, tout comme son très beau roman, Où j'ai laissé mon âme, publié chez Actes Sud en 2010.
Le sermon sur la chute de Rome / Littérature française