Patrick Deville
Seuil, 219 pages, 18 €
Yersenia pestis. Un nom un peu barbare qui désigne le bacille de la peste découvert à Hong Kong en 1894 alors qu'une terrible épidémie dévaste la ville. Yersenia pestis. Derrière cette appelation latine scientifique se cache, en fait, un homme passionnant et passionné, Alexandre Yersin, héros de la médecine mais oublié de l'histoire. Cet homme, Patrick Deville nous propose de le découvrir mais pas à la manière d'un biographe. Comme il nous avait entraîné sur les pas de Brazza dans son magnifique Equatoria (Seuil, 2009) ou à la découverte du Cambodge dans Kampuchea (Points. Seuil, 2012), c'est en mêlant récit de voyage, lettres, instants de vie, que Patrick Deville brosse par petites touches les multiples facettes de ce chercheur pas comme les autres.
Né en Suisse, c'est pourtant en France que Yersin étudie la médecine et rencontre une petite bande de scientifiques qui s'est regroupée autour de la figure de Pasteur. Particulièrement doué, Yersin n'est pourtant pas fait pour les laboratoires. Ce qu'il veut, c'est découvrir le monde, voyager, expérimenter, satisfaire sa curiosité insatiable. Et c'est au Vietnam qu'il va découvrir son coin de paradis et y implanter un petit royaume personnel. Toujours à la recherche de nouveaux projets, il reste cependant disponible pour ses anciens camarades et répondra donc à l'appel des pasteuriens lorsque la peste ravage Hong Kong. Il s'y rend, y fait une des découvertes majeures de la médecine, puis s'en retourne dans son paradis de Nha Trang cultiver ses hévéas. Une vraie réussite.