Eric Reinhart
Stock, 522 pages, 25.25 €
David est maître d'oeuvre sur le chantier de la plus haute tour de France. Victoria est directrice des ressources humaines d'une multinationale basée à Londres. Ils se rencontrent et vont vivre une passion amoureuse qu'on sait dès le début destructrice. Il s'agit pour l'un et pour l'autre d'adultère, d'une liaison fortement érotique mais aussi épistolaire : Victoria tient un journal intime dont elle envoie des extraits à David par mail sous l'intitulé "compte-rendu de réunion". Elle est une figure de l'ultralibéralisme : elle gagne énormément d'argent, passe sa vie entre deux avions, prend l'Eurostar pour passer une heure de temps avec David dans un hôtel parisien. Elle n'a aucun scrupule à tromper totalement les syndicats de la multinationale en disant blanc un jour et noir le lendemain, laissant aisément de côté les conséquences humaines des décisions prises d'en haut. David, lui, est plutôt un idéaliste de gauche, rongé par les remords. Fasciné, irrémédiablement attiré, David succombe à son désir et aux fantasmes les plus fous de Victoria, mais jamais l'âme en paix. Roman d'aujourd'hui, Le système Victoria est subtilement construit, de retours en arrière en bonds en avant. Puissant roman d'amour, résolument érotique, il est aussi éminemment politique, Eric Reinhardt y défendant, au final, la position du faible.